Synthèse proposée par odile Langevin

Encyclique « Fratelli Tutti - Sur la fraternité et l’amitié sociale » du Pape François

 « Fratelli Tutti » est la troisième encyclique du Pape François rendue publique le 04 octobre 2020. La pointe du texte est la suivante : vivre la fraternité selon les préceptes de l’Evangile. Cette « encyclique sociale » apparaît comme le bilan du pontificat mettant en avant tous les thèmes de prédilection du pape François : paix, dialogue interreligieux et social, défense de la Création et accueil des migrants, importance du pardon et formes politiques de la charité.

Le monde va mal !

A la lecture du premier chapitre, nous sommes dérangés par l’analyse sans concession du pape François : rêves brisés (unité européenne), recul de la coopération internationale, replis nationalistes, obsession de la compétitivité, exclusion des faibles, creusement des inégalités, désintérêt pour le bien commun, menaces sur l’environnement et la biodiversité, gaspillage des ressources non renouvelables … François condamne les conséquences d’une mondialisation purement axé sur le profit, technocratique et néolibérale. De plus, le sentiment d’appartenance à une même humanité s’affaisse.

La Doctrine Sociale de l’Eglise comme boussole !

Le pape François s’élève contre tout défaitisme ! Il propose divers chemins ancrés dans la Doctrine Sociale de l’Eglise : dignité inaliénable de toute personne, défense du bien commun, solidarité, charité, destination universelle des biens, attention préférentielle aux plus pauvres, participation, subsidiarité …

Le bon samaritain comme icône de la fraternité !

Au chapitre deux, le pape François offre une magnifique méditation de la parabole du Bon Samaritain, tirée de l’Evangile de Luc. A partir de celle-ci, on réalise que chacun peut donner du temps, son temps, pour devenir proche de celui qui souffre. Ce don de soi est largement développé dans le chapitre trois par une réflexion sur l’amour qui invite à cultiver notre relation aux autres en dehors de notre groupe d’appartenance. La solidarité pourra ainsi pleinement se déployer dans l’accueil, la protection, la promotion et l’intégration des personnes migrantes (chap. 4).

L’amitié sociale et la charité au cœur du politique !

Comment pourrait-il avoir une véritable fraternité sans une réhabilitation du politique qui doit réguler et maîtriser la vie économique qui engendre de nombreuses inégalités (chap. 5). Pour ce faire, et dans un contexte de mondialisation, la maturation d’institutions internationales devient indispensable, selon François, afin d’assurer le bien commun mondial. Enfin, comment progresser dans la fraternité sans un dialogue persévérant et courageux qui « aide discrètement le monde à mieux vivre … » (§ 198). Sur ce chemin du dialogue, la vérité et le pardon (chap. 7) ont toute leur place, à condition de ne pas assimiler le pardon à l’oubli qui ne prépare aucunement un avenir fraternel.

Dialogue des religions !

Le chapitre 8 conclut cette encyclique en affirmant que les religions sont au service de la fraternité dans le monde, tout en précisant que « la violence ne trouve pas de fondement dans les convictions religieuses fondamentales, mais dans leurs déformations » (§ 282).

« Fratelli tutti » est donc une encyclique dense et riche dont la pensée est alimentée par de nombreuses réflexions et expériences personnelles du pape. Celle-ci doit être lue comme un complément à l’encyclique « Laudato Si ». La question écologique n’est pas directement abordée mais complétée par un regard sur les phénomènes sociaux actuels.

Ce document se conclut par une invitation à regarder le bienheureux Charles de Foucauld qui voulait être le « frère universel ». Et le pape de conclure : « Que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous ! »

Texte intégral disponible sur : https://eglise.catholique.fr/vatican/encycliques/lencyclique-fratelli-tutti/#1601637409740-19010dd3-515d

Commentaire dans « La Vie » N°3919 du 8 au 14 octobre 2020.

Synthèse de la soirée « Réparons l’Eglise »

Voici sous forme de lien le conducteur de la soirée et la lettre du Pape François du 20 août 2018

Présence de 25 personnes à l’Eglise saint François d’Assise.

Objectif : Permettre une prise de parole par rapport aux révélations d’abus dans l’Eglise en s’appuyant sur la lettre du pape François du 20 août 2018.

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Co, 12, 26).

-Les évènements de ces derniers mois.

Les paroissiens ont  été bouleversés par les révélations faites sur l’Eglise ces derniers mois. Il s’agit de pédocriminalité, et non de pédophilie. Le plus choquant, c’est le silence de l’institution, l’omerta. Mais, la parole se libère, c’est une excellente chose ! Il y a un réel besoin de vérité. Il faut juger les criminels. L’institution ne doit plus les protéger. Les victimes doivent être la priorité. Ceux-ci attendent des actes forts de la part de l’Eglise. On est loin du compte !

Au niveau local, les paroissiens disent n’avoir rien vu des abus pratiqués par Raoul Bitadi. Certains se sentent coresponsables.  Il y a une véritable tentation d’enfermement  sur nous-mêmes, de cacher nos fautes. Par honte ? Cependant, nous avons à assumer publiquement et ouvertement la situation de péché dans laquelle nous sommes.

-L’institution-Eglise

Les évènements de ces derniers mois ont changé notre regard sur l’Eglise-Institution. Celle-ci est interrogée sur sa manière d’exercer le pouvoir et sur sa façon d’avoir géré les abus (déplacements de prêtres, etc.). On est tous confronté à la tentation du pouvoir, de l’argent (…), les clercs comme les autres. Points de questionnement : le secret de confession et le pardon (on pardonne et on efface tout ?). L’organisation pyramidale est en cause ! Il faut des contre-pouvoirs à celui des clercs. De fait, la collégialité est indispensable.

Au niveau diocésain, certaines décisions ne sont pas comprises comme la politique des prêtres à tout prix ! On va les chercher dans le monde entier (Pologne, Afrique, etc.) De plus, certaines formes de décision peuvent choquer quand les communautés chrétiennes ne sont pas consultées sur des décisions qui les engagent.

Au niveau local, on regrette le manque de dialogue et de concertation sur les décisions à prendre pour l’ensemble de la paroisse.

-Les prêtres

Des hommes d’abord, puis consacrés … Idéalisés ? Il faut revoir leur formation dans les séminaires avec une vision de l’Eglise différente, non-pyramidale. Il est souligné qu’une formation théologique ne fait pas tout. Elle demande à être complétée par une formation humaine (psychologie, etc.). La formation affective et sexuelle doit aussi être améliorée.

Qu’est-ce qui fait un homme équilibré ? Ce qui aide, ce sont les gens autour de lui. Importance de se confronter à la pensée, aux réactions des autres. Etre dans des relations de réciprocité. Importance d’être à l’écoute des prêtres et de dialoguer avec eux, sans les étouffer, afin qu’ils puissent exprimer leurs besoins.

-Le cléricalisme 

Nous sommes tous imprégnés de représentations cléricales et tous acteurs du cléricalisme ambiant !  Une prise de conscience de ce cléricalisme peut nous aider à en changer. De fait, nous (laïcs) avons besoin de développer dans notre Eglise un esprit critique et un esprit de responsabilité.

-Le sexisme

Autre problème majeur soulevé : la place des femmes dans l’Eglise. Des servantes ? Aucune égalité Homme-Femme ! En Isère, il y a de moins en moins de femmes en responsabilité !

-Appel à la conversion

Les institutions civiles (notamment les institutions judiciaires et de santé) ainsi que le monde extérieur nous aident à évoluer. L’Esprit passe aussi par le regard que le monde extérieur porte sur l’Eglise. C’est un appel fort pour notre temps à nous convertir. C’est l’affaire de chaque baptisé qui fait partie du Corps du Christ (« chacun pour sa part », 1 Co 12, 27). Nécessité de prendre en considération ceux qui souffrent (souffrances physiques et morales). Importance du service envers les pauvres et de l’écoute. Redonner du poids au « sensus fidei », le sens de la foi des fidèles.

En conclusion, cette crise nous appelle à retrouver le vrai sens de l’Eglise. Celle-ci doit accepter de diminuer pour grandir dans un esprit plus évangélique. Elle est avant tout le Corps du Christ, communauté fraternelle rassemblée par la fraction du pain. Aujourd’hui, on se réunit en cellules de base (B’ABBA, fraternités, réunions, etc.), à l’image de l’Eglise primitive. On se raccroche au Christ, à l’Evangile, au pape François et aux initiatives de fraternité de renouveau !

Propositions futures :

-Organiser d’autres soirées de réflexion sur la paroisse.

-Rencontrer l’évêque et lui présenter nos conclusions.

-Echanger avec d’autres paroisses ayant eu les mêmes débats sur l’Eglise

Odile Langevin