Les homélies du père Emmanuel Albuquerque
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Homélie du 25 décembre : Noël
Naître au ciel
« C’est par lui que tout est venu à l’existence ». Ce bébé dans la crèche est notre Créateur !
En contemplant la splendeur de la création, de nombreux hommes se sont dit : il existe un Dieu qui a fait tout cela. Et devant une telle beauté, le désir naît en l’homme de rencontrer l’auteur d’un tel cadeau. Qui a fait cela pour moi ? Qui m’offre cette vie que je goûte maintenant, et ces amis, cette famille qui m’entourent, et ces montagnes enneigées ? J’aimerai rencontrer un jour celui qui m’a donné tout cela.
Eh bien, à Noël, cette rencontre a lieu. Aujourd’hui naît dans le monde, le Créateur du monde lui-même ! Toute la vie que nous voyons dans ce monde vient de cet enfant qui est la Vie. Toute la lumière que nous percevons dans ce monde vient de cet enfant qui est la Lumière. Celui qui nous a créés vient pour nous recréer, et nous sauver.
Nous regardons l’enfant dans cet endroit si pauvre, si pauvre. Nous nous redisons : « Ça alors, c’est lui qui nous a créés ! ». Et nous voyons la gloire de Dieu ! C’est-à-dire « le poids de la grandeur de Dieu », en quelque sorte.
Les mots nous manquent, mais je crois que notre cœur saisit bien la gloire de Dieu dans cette crèche ! Il est l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier : il explose complètement tous nos repères. C’est vraiment Dieu celui-là.
Vous voyez : Jésus vient habiter parmi nous, car « Il désire une grande intimité » (pape François, Ma crèche) avec nous, lui aussi !
Savourons sa présence, ouvrons-lui nos cœurs en lui disant ce qui va ce qui ne va pas. Que l’on ne puisse pas dire qu’il est venu chez les siens et que nous ne l’avons pas accueillis !
Noël est le cadeau de la présence de Dieu à nos côtés, pour toujours.
Que vient-il faire sur terre ? L’évangile nous donne un indice de plus : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ».
Il est descendu sur la terre pour que nous puissions monter au ciel.
Nous sommes arrivés sur cette terre par notre naissance, c’est ainsi que notre histoire a commencé. C’est aussi par une naissance que nous allons au ciel. Jésus qui était au ciel est né sur la terre pour que nous, nous puissions naître au ciel.
Jésus qui est le Fils de Dieu, vient comme un homme pauvre, pour que les hommes et les femmes qui se reconnaissent pauvres entrent dans la crèche et avec lui, naissent au ciel comme des fils et des filles de Dieu !
La crèche est un ascenseur, si vous voulez.
Nous l’entendions à la fin de cet évangile : « Dieu, personne ne l’a jamais vu : le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître ». C’est le plaisir de Jésus et sa mission que de nous révéler que Dieu est notre Père, pour que nous puissions reprendre souffle en si bonne compagnie. Car Dieu est un bon Père, exactement celui dont nous avons besoin. Et c’est le plaisir de Jésus que de nous donner sa Mère. La meilleure qui soit. Car il sait que nous avons besoin d’une bonne Mère pour être aidés sur la route, consolés, relevés, rassurés. Et enfin, c’est aussi son plaisir de devenir notre grand frère pour nous montrer le chemin du ciel.
A Noël, Dieu nous donne une famille au ciel. Et il vient sauver notre famille de la terre. Et nous savons tous combien nos familles ont besoin d’être sauvées, car parfois nous n’y croyons plus, les relations deviennent trop compliquées.
En contemplant cette crèche, je me disais : Jésus n’a pas peur d’aimer. Il faut être sacrément courageux pour prendre de tels risques. Il descend sur terre, mais il est tellement vulnérable, il s’en remet à Marie, à Joseph, et à ceux qui croiseront leurs routes. Il prend le risque d’être rejeté, mais il sait que d’autres l’accueilleront, comme les bergers. Quel courage pour venir jusqu’à nous et oser nous aimer comme ça, sans soldats pour le protéger. Oser aimer est la plus grande des aventures.
Eh bien, je crois que l’un des grands secrets de Jésus tient justement à ses parents. Il a un Père sûr, et nous le voyons souvent en conversation avec son Père dans la prière. Et il a une mère Immaculée, sans péchés, grâce à qui il se sait parfaitement aimé. Sa personne a été construite sur des bases solides.
Nos bases à nous sont fragiles : mais grâce à Noël, nous pouvons l’imiter.
Concrètement, je vous suggère quelques pistes :
1. Savourons la présence de Jésus : j’ai remarqué qu’il y a des personnes qui regrettent d’être seules à Noël, et certaines autres qui sont en famille mais qui préféreraient être seules, et d’autres encore. Luttons contre cette idée que nous sommes seuls !
Dieu est descendu du ciel pour que nous passions Noël ensemble ! Et toute notre vie !
2. Vivons avec Dieu pour Père et Marie pour Mère. Ce n’est pas un hasard si le Notre Père et le Je vous salue Marie sont les deux plus grandes prières des catholiques. Il est si doux d’être en leur compagnie. Quand les choses ne vont pas, et quand les choses vont : parlons-leur de nos vies, comme on le fait avec de bons parents.
3. Aimons les premiers. Ne sortons pas les griffes pendant les repas de famille. Osons rester vulnérables sans nous protéger par mille barrières, qui laissent entendre aux autres que nous n’avons pas besoin d’eux. Et prenons quelques risques : dire une bonne parole, proposer un jeu, oser une réconciliation, etc. Nous ne voulons pas aimer à moitié !
Nous n’avons pas de prise sur ce que nos proches nous diront, ou ce qu’ils feront. Mais pour nous, puisque nous avons goûter à l’amour de Dieu, osons l’aventure de risquer de les aimer en premier.
Marc Burtschell
Homélie du 21 décembre 2024
Des personnes extraordinaires
L’approche de Noël nous plonge de manière particulière dans la grande beauté de l’histoire du salut. Connaissez-vous beaucoup d’histoire qui s’étendent sur aussi longtemps et avec une telle magie, comment dire ? La première lecture par exemple témoigne de la promesse faite par Dieu par son prophète Michée. C’était quand ? Michée est mort en 687 av. J.C. Les juifs sont les garants que les textes que nous possédons n’ont pas été trafiqués. Et je vous rappelle l’annonce étonnante que contient ce texte : annonce d’un chef qui naîtra du clan de Juda. Jésus naît dans la lignée de Joseph du clan de Juda. Et que précise ce texte à propos de ce chef : « Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. » Intéressant : à l’époque, il y avait de quoi se demander ce que cela pouvait bien signifier. Mais nous qui connaissons Jésus qui est Dieu, nous réalisons que cette phrase s’applique admirablement : car Jésus était même avant toute origine, le plus ancien que l’on puisse imaginer, hors du temps, « l’alpha et l’oméga ».
Nous voilà donc plongés dans une histoire extraordinaire commencé il y a bien longtemps avec Abraham, avec Adam et Eve. Dans l’évangile, nous voici à une nouvelle étape de l’histoire avec la rencontre de ces deux femmes au destin extraordinaire : Marie et Elisabeth. Regardez comme Dieu conduit toute chose : Marie qui ne dit rien du secret qu’elle porte, Marie qui a de quoi se demander si elle n’a pas rêvé avoir vu un ange, tant l’annonce est grandiose, voilà que Dieu lui donne une cousine qui comprend par son fils qu’elle porte le messie. Et voilà que les deux femmes sont dans la joie l’une pour l’autre, se soutiennent l’une l’autre, s’encourage l’une l’autre. Voilà comment Dieu agit : il tient le monde dans sa main, et ceux qui se laissent conduire en font l’expérience. En temps et en heure, l’Esprit Saint trace sa route.
Ces vies extraordinaires font envie non ? Moi, oui. Et c’est là que j’ai réalisé, en fait nous avons nous aussi une vie extraordinaire avec Dieu ! Cette histoire est la nôtre : il n’y en a pas plusieurs.
Nous pourrions penser, peut-être, mais enfin Marie c’est tout de même Marie, et puis Elisabeth ce n’est pas n’importe qui non plus, alors que moi… Oui. Et en même temps, à y regarder de près, Marie n’est pas la figure principale, c’est Jésus : elle est seulement sa mère. Elisabeth n’est pas vraiment au centre, c’est Jean-Baptiste qui est plus au centre, et encore Jean-Baptiste n’est rien en comparaison du Christ.
Qui a la vedette alors ? Le Christ. Mais nous sommes tous articulés par rapport à ce dessein de Dieu, nous sommes tous pris dans des liens : il y a le prophète, la mère du prophète, la mère du Messie et si l’on élargit Joseph, le père adoptif, et puis tel apôtre, telle disciple.
Dieu s’intéresse à chacun de nous. Pour nous-mêmes et dans les liens que nous avons avec les autres. Elisabeth est Elisabeth avant d’être « la mère de ». Et puis il y a tous ces liens, et il est un peu inutile de chercher qui a la première place, car la première place est prise (et c’est même plutôt une dernière place).
Que ferait le prophète sans sa mère ? Sans la mère, pas de prophète : essayez donc après ça de dire qui est le plus important !
Ainsi, afin que le salut parvienne à beaucoup autour de nous, nous avons à la fois une responsabilité personnelle et communautaire. Chacun doit prendre sa part. Mais il ne doit pas le faire seul : le salut dépend aussi des liens que nous aurons su tissés entre nous. C’est l’expérience de ceux qui étaient réunis ensemble pour le synode, ils ont pris conscience d’une manière nouvelle de cette très belle vérité, et ils ont écrit : « En vivant le processus synodal, nous avons pris conscience que le salut à recevoir et à proclamer passe par les relations. » (Synode sur la synodalité)
En étant disponible à l’Esprit de Dieu, peut-être que nous ne ferons que dire : « Oh viens, je t’invite à une fête chez nous les chrétiens », et la personne se retrouve à la messe de Noël, et c’est le début d’un cheminement de foi. (C’est ce qui est arrivée à quelqu’un invité de cette façon à la veillée pascale).
Si Marie ne s’était pas mise en route, Elisabeth n’aurait rien su. Mais regardez aujourd’hui, malgré tous les grands saints qui nous précèdent, si nous ne portons pas le Christ à notre voisin, cette histoire sera vaine ! Pour notre voisin, au cœur de nos familles, notre importance est plus grande encore que celle des grands saints de l’Église.
Ou plus exactement, il arrive un moment où il est peut-être inutile de vouloir savoir qui dans ce jeu collectif a été plus ou moins important, car tous ont compté. Tous, nous compris !
Je ne sais pas si vous connaissez ce grand classique de Noël, le film La vie est belle de Franck Capra (pas celui qui se passe dans un camp de concentration). C’est l’histoire d’un homme, Georges Bailey, qui s’apprête à se suicider en se jetant dans la rivière. Mais son ange gardien reçoit la permission de Dieu de descendre sur la terre pour le sauver. Et son ange gardien a l’idée de se jeter à l’eau comme quelqu’un qui serait en train de se noyer. Car il se doute que son protégé se jettera à l’eau pour le sauver. Effectivement Georges le sauve, mais il reste déprimé et dit quelque chose comme « il aurait mieux valu que je n’existe pas ». Ce qui donne une idée à son ange gardien : que son protégé puisse voir le monde comme s’il n’avait jamais existé. Ainsi Georges se promène dans la ville : il voit que sa femme est devenue une célibataire triste, que les personnes qu’il a aidé par son travail juste n’ont pas été aidé et vivent dans la misère car son concurrent malhonnête a profité d’eux, etc.
Je vous propose cet exercice : regardons nos vies, prises dans ce dessein de Dieu, à son service. Et demandons-nous : cette année si je n’avais pas été là, qu’est-ce qui aurait manqué ? Qu’est-ce qui n’aurait pas eu lieu ? Posons-nous la même question avec l’une ou l’autre personne très proche de nous.
Et réjouissons-nous de ce que chacun apporte, car c’est au service de tous. Comme Marie et Elisabeth se réjouissent l’une pour l’autre de ce que Dieu fait par elles, pour le monde.
Marc Burtschell
Homélie du 14 décembre 2024
Soyez dans la joie !
Nous sommes aujourd’hui le dimanche de Gaudete, c’est pourquoi je suis en rose : c’est le dimanche de la joie ! Gaudete signifie : « réjouissez-vous », ces mots de la deuxième lecture.
Je ne sais si je me trompe, mais je crois que souvent nous courrons le risque que ça ne change rien pour nous. Nous risquons de penser : « Je sais que je devrai être joyeux parce que Dieu est ma joie, etc. Mais je ne suis pas joyeux, qu’est-ce que j’y peux ? Inutile de me mettre la pression ! »
Alors j’aimerai vous montrer que non, nous pouvons bel et bien devenir plus joyeux. Si Dieu nous donne le commandement d’être « toujours dans la joie du Seigneur », c’est que la joie est un choix et que ce choix est possible.
En préambule, remarquons que dans la Bible, quelque passage nous montre que la joie n’est pas toujours bien vue dans la religion. Les pharisiens s’offusquent devant la louange de la foule pour Jésus, ils voudraient que Jésus les fasse taire, mais il répond « Si eux se taisent, les pierres crieront ! » Lc19,40
Dans la parabole du fils prodigue, c’est semblable : lorsque le fils cadet revient, le père organise la fête, avec le veau gras, la musique et les danses.
Vous réalisez ? Ce père est une image du Père des Cieux ! Dieu aime la fête ! Mais le fils aîné est en colère. Alors le Père est obligé de le reprendre en lui expliquant « qu’il fallait bien faire la fête et nous réjouir » pour le retour de son frère.
Il faut se réjouir, nous avons des raisons de nous réjouir ! Encore plus à l’approche de Noël.
Est-ce que notre paroisse est réputée pour ses fêtes ? Est-ce que pendant les chants à l’Église, nous pouvons facilement taper des mains, danser ? Hum, franchement, nous savons que non. Nous passons des bons moments je ne dis pas. Mais si on veut faire la fête, on va ailleurs. On n’ose pas exprimer vraiment notre joie, une exultation profonde, qui est pourtant souvent exprimée dans la Bible.
Quelque part, nous croyons qu’il faut être sérieux. Ça fait bien d’être sérieux ! Eh bien non, encore un domaine où les enfants ont vraiment à nous apprendre. L’une de mes nièces n’avait pas encore 10 ans, elle écrivait déjà qu’il faut chanter pour aller bien quand ça va mal. Bien vu !
J’avais envie de commencer par cette introduction avant d’aller plus loin.
Comment donc devenir joyeux si nous le sommes pas ? Je reviens à la question.
« La joie est une émotion. Nos émotions sont dictées par les pensées que nous entretenons à l’intérieur de nous, conscientes ou inconscientes. » (David Théry)
Lorsqu’il y a la tristesse c’est que nous ne faisons pas vraiment confiance à Jésus qui nous demande dans cette deuxième lecture : « Ne soyez inquiets de rien » (Ph4,6).
Si par exemple, je fais une tête d’enterrement en préparant les fêtes de Noël, en m’inquiétant des repas, des cadeaux, des relations avec les gens que je vais revoir. J’ai beau dire : j’ai confiance en Dieu. Non, c’est faux. La tête que nous faisons, l’absence de sourire, trahit que nous ne faisons pas confiance.
Comment entrer dans la joie ? En choisissant de faire confiance aux promesses de Dieu « au point que nos émotions anticipent l’accomplissement de ses promesses. Tant que nos émotions ne sont pas alignées avec ce que nous prétendons croire avec notre tête, c’est que notre cœur ne le croit pas encore. »
« Si donc vous voulez être plus joyeux, vous devez décider de penser ce que Dieu pense. Vous ne savez pas ce que Dieu pense sur un sujet ? Lisez la Bible et posez la question au Saint-Esprit ? »
C’est la première étape.
La deuxième étape c’est de faire ce que Dieu dit. Or, dans la Bible, Dieu dit : « chante et danse pour ton Dieu », frappe des mains, joue sur les instruments, sur la lyre et la cithare.
Quand nos corps se mettent à le faire, notre âme est aidée à entrer dans la joie elle aussi.
La louange change les perspectives. Elle nous aide à voir les épreuves comme des opportunités, ou comme l’occasion pour Dieu de montrer sa puissance.
Cette expression d’une confiance absolue en Dieu aide à lutter contre le stress et l’inquiétude. Elle attire les bénédictions de Dieu sur nous.
Nous pourrions peut-être penser : si je ne suis pas dans la joie, je ne vais pas louer Dieu en chantant. Mais si pourtant, c’est exactement ce qu’il faut faire ! Vous restez maître de vous-mêmes en refusant de vous laisser dicter votre état intérieur par les circonstances de votre vie.
Vous mettez de la musique chrétienne de louange, ou bien vous chantez, vous jouez d’un instrument, vous dansez, et petit à petit vous allez entrer dans la joie.
Dans les années 80, un livre avait eu un très grand succès : La puissance de la louange, de Merlin Carothers. Elle exprimait le choix de louer en toutes circonstances et même de louer pour les épreuves et de comment les situations changeaient parfois presque miraculeusement. Sentez-vous le renversement de situation complet en vous ? « Oh, j’ai peur, ça ne marchera jamais, etc. » à « Mais avec Dieu je n’ai peur de rien ! Seigneur, je compte sur toi dans ces rencontres, et je te remercie ». Le démon rôde autour de la première personne, mais il a compris qu’il n’a plus qu’à fuir face à la deuxième.
Je me souviens dans un film chrétien, un passage qui m’avait marqué (et qui semblait bizarre à certains) : une femme inquiète pour la situation de son couple se met à parler à voix haute dans son salon pour dire son refus de rester dans la tristesse, elle commandait au démon de partir et à la tristesse avec, et elle redisait avec force le fait que Dieu est le maître de sa vie, de sa maison et que la joie règne sur sa maison. Même en film, on sentait toute l’atmosphère changer.
Cela nous appartient ! C’est la foi qui est mise en œuvre, et qui nous donne la joie. Demandons à Dieu cette grâce là. Remercions-le d’être le Dieu de la joie !
(Homélie inspirée du livre de David Théry, « Joie surnaturelle, Dieu rit et vous ? »)
Marc Burtschell
Homélie du 30 novembre 2024
Dieu fait toutes choses nouvelles
L’image qui me vient en entendant cet évangile est une image qui vient de tous ces films qui ont un thème si proche : une image d’apocalypse où le mal règne, où les méchants agissent au grand jour car ils se croient les maîtres indétrônables, et ils en profitent pour de multiples exactions. Et vient soudain le héros de l’histoire qui vient pour sauver le monde, dans une grande lumière. Alors les rapaces s’envolent, les méchants tremblent et fuient lâchement, loin dans les cavernes pour essayer se mettre à l’abri de celui qui les surpasse infiniment en puissance et en noblesse.
C’est ainsi que notre histoire se terminera, et que le paradis commencera. Vivement !
Chaque messe, c’est ce que nous disons : vivement ! « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » « Viens Seigneur Jésus ! ».
Dieu fait toutes choses nouvelles !
Quel rapport entre ces temps de l’apocalypse et le temps de l’Avent qui commence aujourd’hui ? Comme le peuple de l’Ancien Testament, nous attendons nous aussi que Dieu intervienne dans l’histoire, notre salut dépend de lui ! A Noël, c’est la première venue que le peuple hébreu attendait. Nous attendons désormais le retour du messie, avec la fin du mal. (Et chose surprenante, nous attendons ce retour en commun avec les musulmans. Eux aussi attendent le retour de Jésus, même si pour eux, ce n’est qu’un prophète.)
Mais dans l’un et l’autre cas, c’est une question semblable qui est posée : crois-tu que Dieu va faire du nouveau ? Crois-tu qu’il est en train de le faire ?
Ou bien, ne crois-tu rien et n’attends plus rien, car les ténèbres ont rempli ton âme ? En effet, ce texte nous met en garde contre la puissance des ténèbres : nous avons donc besoin de nous entraîner.
Cela se joue dans le futur : quelle est notre espérance ? Est-ce le bien qui vient ?
Mais cela s’ancre dans le présent, avec cette question toute simple : attendons-nous du bien pour aujourd’hui, pour ce soir ?
Vous savez certaines personnes se lèvent en se demandant : « quelle va être la tuile que je vais me prendre aujourd’hui ? ». Eh bien, personnellement, ça me fait beaucoup de bien de commencer mes journées en disant : « Je crois et je proclame que Dieu m’offre la vie, la vie en abondance ! ». Ça me positionne autrement.
Je me lève et je me souviens que comme nous le dit la Bible : « Ses tendresses ne s’épuisent pas ; elles se renouvellent chaque matin » (Lm3,22). Si la Bible le dit, c’est que c’est vrai.
Nous sommes tentés de voir ce qui va mal, et de voir le mal qui progresse. Mais souvenons-nous : « un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ». Apprenons à voir les signes de la présence de Dieu : son Royaume grandit sans cesse, comme le levain dans la pâte, discrètement, mais réellement.
Voici donc la double proposition que je vous fais pour ce temps d’Avent : apprenons à voir Dieu à l’œuvre, et à attendre son action qui ne saurait tarder.
Pour la première :
Prenez un carnet de gratitude : un simple carnet sur lequel chaque soir, vous écrivez toutes les belles choses que Dieu vous a données de vivre. C’est pour nous entraîner à voir. Cette disposition d’action de grâce change notre manière de vivre, certaines études le prouvent si vous avez besoin des scientifiques pour vous convaincre !
C’est une attitude profondément chrétienne, puisque le sens du mot eucharistie, signifie rendre grâce, donc gratitude. (Parcours Gratitude à l’adresse suivante : https://lpmiracledelagratitude.kinsta.cloud/)
La deuxième piste que je vous propose : attendez les bonnes choses que Dieu va faire.
Sur ce même carnet, vous écrivez vos intentions de prière précises, et avec foi « vous vous attendez à Dieu » (comme disent les protestants).
Un exemple récent : j’étais en retraite la semaine dernière. Et l’homme qui s’occupe de l’accueil des hôtes nous dit que le mauvais temps est prévu pour le lendemain. Alors dans ma prière, je demande à Dieu le beau temps quand même. Je lui dis : « pendant la nuit, d’accord, mais pas pendant la journée s’il te plaît ! ». Et au réveil, il pleuvait légèrement. Mais pendant que j’étais à l’Abbaye pour le premier office du jour, je me disais : « il fait encore nuit, donc la pluie a encore le temps de s’arrêter ». Et effectivement, en sortant, grand ciel bleu jusqu’à la fin de la journée : alors j’ai eu un grand sourire et j’ai remercié Dieu.
Vous vous dites : il a eu de la chance. Très bien, vous n’êtes peut-être pas convaincu. Vous savez quoi, vous avez besoin d’en faire l’expérience vous-mêmes ! Eh bien je vous en prie, c’est ma proposition. Faites des demandes précises à Dieu, au lieu de laisser le temps passer sans avoir eu une demande pour que Dieu intervienne.
Marc Burtschell
Homélie du 24 novembre 2024
En fait c'est vrai !
Avec cette fête du Christ-Roi, nous sommes tournés vers la fin des temps. C’est notre espérance.
Nous voyons bien qu’aujourd’hui, notre société va de plus en plus mal. Beaucoup, chrétiens ou non, pensent que cela est le résultat d’une perte de sens. Quel sens à la vie que nous menons ? Pourquoi nous levons-nous le matin ? L’individualisme de notre société détruit. Dans les entreprises, beaucoup d’employés veulent un travail qui fasse sens et pas seulement ‘le plus d’argent possible’.
Nous chrétiens, nous savons où nous allons, voilà le sens de nos journées : nos regards sont tournés vers le Christ Roi. Il est parti pour être couronné et revenir, et nous attendons son retour, et nous désirons son règne, et nous préparons sa venue.
En vous disant tout cela, je ne peux m’empêcher encore une fois de penser que vous trouvez peut-être tout cela « mignon », déconnecté de votre vie ordinaire. Je le dis car je sens bien pour moi-même aussi, comment j’ai du mal à croire tout à fait à ce que nous disons. Ma tête le sait, mais bien malgré moi, je ne vis pas encore tout à fait comme si c’était vrai.
Pourtant, c’est une erreur : il y a un jour, où effectivement Jésus va revenir et où nous comprendrons que tout cela était bien concret. Aussi concret que le jour de Noël, que le peuple de l’Ancien Testament attendait et qui est venu un jour.
C’est pourquoi je vais aujourd’hui vous parler de Carlo Acutis dont je viens de lire la biographie écrite par sa mère. J’ai été frappé par la capacité de Carlo de prendre au sérieux l’évangile, de vivre en fonction de cette fin de l’histoire qui nous est annoncée.
Et en le voyant, on sent ceci : il croyait vraiment à cette histoire. En fait, c’est vrai !
Carlo a pris au sérieux la foi, il a cherché à en vivre profondément. Il y avait de quoi pronostiquer qu’il allait devenir très austère à en faire autant : très coincé, et qu’il allait craquer. Car quel jeune va à la messe tous les jours sans finir par « péter un plomb » ?
Mais la surprise est que c’est le contraire qui s’est passé. Il y a une joie profonde en lui, une bonté, quelque chose qui rayonne et qui force l’admiration de ceux qui l’entourent. Et aujourd’hui, après sa mort, on constate que d’innombrables jeunes et moins jeunes dans le monde sont encouragés.
Je pense à la fille d’une amie qui se confesse maintenant une fois par semaine, comme Carlo. Et son père me dit qu’il la trouve excessive ! Pas sûr…
En le voyant, de nombreux jeunes se disent simplement : en fait c’est vrai ! En fait, Jésus est vraiment là à mes côtés, en fait, il se donne dans l’eucharistie à la messe, et si j’y vais ce sera mon « autoroute vers le ciel » comme disait Carlo.
Alors à quoi ressemblait sa vie ? Quel était son secret ?
Carlo était un jeune très étonnant, qui est mort à 15 ans, comme vous le savez déjà peut-être. Il est né en 1991. Il est vrai qu’il a un côté un peu extra-terrestre : quand on voit certains de ces textes, il est difficile de croire que c’est un jeune qui les a écrit.
Mais ceci étant dit, ce qui est frappe, est que sa vie est simple, équilibrée. Vraiment équilibrée pourrait-on dire.
Depuis qu’il a l’âge de 7 ans, il va à la messe tous les jours. Pas par « devoir ». Mais, car il avait compris que c’était la source de sa vie : et qu’en étant proche du Saint (Dieu), il allait devenir saint.
Il passe du temps devant le tabernacle à prier : il parle simplement à Dieu, et il l’écoute.
Il salue les gens, tout le monde. Les concierges sont surpris de voir un jeune s’arrêter prendre de leurs nouvelles.
Il vit simplement car il veut pouvoir donner aux pauvres. Il ne veut pas trop de paires de chaussures, pas être à la mode. Il s’arrête pour les pauvres, prend de leurs nouvelles. Beaucoup seront présents à son enterrement.
Il sait jouer avec ses amis, il a le sourire.
Il travaille sur lui-même : il se confesse chaque semaine et prend des résolutions pour s’améliorer dans l’amour de tous.
Il lit beaucoup, les vies de saints, ce que l’Église dit. Il est passionné quoi. Et il essaie de mettre en pratique.
Il confie tout à Dieu, ses demandes ordinaires. Il avait demandé à voir des dauphins, et c'est tout un banc qui les a suivi sur le bateau de son grand-père qui n'avait jamais vu ça de toute sa vie !
"Dieu écoute et il répond, mais vous devez y croire, vous devez avoir la foi, croire que ce dialogue est possible et qu'il est bien réel." 64
Concrètement, nous pouvons nous poser ces questions :
- aujourd’hui qu’est-ce qui fait le cœur de ma vie ?
- et si je mettais Dieu vraiment au cœur de ma vie, quel désir aurai-je de changement ?
Marc Burtschell
Homélie du 2 novembre 2024
Qui portera mon cercueil ?
Imaginez deux jumeaux dans le sein de leur mère. Ils discutent de la vie après, sans être sûrs que ça puisse être possible. Peut-il vraiment y avoir une vie différente de celle qu’ils ont toujours connu dans le sein de leur mère ? Ça paraît difficile à croire, ça ne fait pas très sérieux.
Et puis voici que l’accouchement approche et l’un des deux quitte le ventre de sa mère, laissant l’autre tout seul, inquiet pour son jumeau, inquiet pour lui.
Voici une image parmi d’autres pour illustrer la situation dans laquelle nous sommes. Nos défunts partent vers la vie véritable, c’est la dernière naissance. Ils y sont destinés depuis toujours. Nous pouvons les laisser aller avec confiance et nous disposer nous-mêmes à la Grande Rencontre, avec notre Dieu. Tout va bien.
Paradoxalement, une célébration comme celle de ce jour est l’occasion de lever la tête un peu au-dessus des tracas de la vie quotidienne. Les départs sont douloureux souvent, mais ils nous ramènent aux choses vraiment importantes. Au fait, allons-nous retrouver ceux que nous aimons ? Qu’est-ce que mes proches m’ont laissé de plus précieux : quels ont été les moments, les paroles vraiment importants vécus en leur compagnie ? Et moi que veux-je laisser de beau après moi ?
Et plus important encore :
Dieu existe-t-il ?
M’aime-t-il ?
Serait-ce lui qui m’attend avec plus d’impatience encore que tous les défunts ?
Je crois qu’il n’y a pas plus grandes questions.
Regardez avec quel amour l’homme qui a écrit le psaume dit sa soif de voir Dieu.
« J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté » (…) « C’est ta face Seigneur que je cherche, ne me cache pas ta face. »
Depuis notre création dans le sein de notre mère, nous vivons sous le regard aimant de Dieu : ce regard bienveillant nous accompagne, et nous attend. Nous, nos proches, tout le monde, nous sommes invités pour cette Grande Rencontre. Le choix de la réponse nous est laissé, avec un immense respect de notre liberté.
Quand au paradis, nous contemplerons Dieu, nous serons comblés par la beauté sans nom de celui que nous verrons, par l’amour indescriptible que nous découvrirons en Lui.
Quelles conséquences, pour nous aujourd’hui ?
1. Nos défunts sont en route vers cette rencontre, c’est notre espérance. Mais l’obstacle du péché dans leur vie fait qu’ils ont peut-être encore besoin de nos prières, s’ils sont encore au purgatoire, ce lieu de préparation avant la grande fête du paradis. Le purgatoire est le lieu où l’homme est purifié du mal dont il était complice.
Nos prières sont une aide précieuse pour eux. Ainsi que l’offrande des choses qui nous pèsent, des souffrances. C’est le sens premier de notre célébration aujourd’hui. Après avoir fêté les saints, qui sont au ciel, nous n’oublions pas ceux qui sont encore en route. Nous sommes tous solidaires !
2. L’autre conséquence nous concerne.
Y a-t-il du temps dans nos vies pour nous préparer à cette Grande Rencontre avec Dieu ? Je pense que la plus grande joie ici bas est de commencer à connaître Dieu. Quel bonheur de le découvrir délicatement présent au cœur de nos vies. Il n’est pas étranger aux belles choses que nous vivons, bien au contraire. La Création si belle, c’est lui qui l’a faite. Ces personnes si riches que nous croisons, il n’est pas étranger aux rencontres que nous faisons.
3. Que veux-je laisser après moi ?
Une question puissante : qui portera mon cercueil ? C’est-à-dire quels sont les liens profonds que je tisse aujourd’hui ?
Prenons un instant de silence pour prier pour ceux que nous pleurons.
Et confions-nous à la prière des âmes du purgatoire pour que leurs prières nous accompagnent également dans notre vie ici bas.
Marc Burtschell
Homélie du 27 octobre 2024
Histoire paroissiale
Nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire de la consécration de cette église. C’est aujourd’hui une date commune pour toutes les églises dont on ne connaît pas le jour exact de l’anniversaire.
Je pensais trouver la date exacte en lisant un petit historique de notre paroisse. A défaut de l’avoir trouvé, j’ai pu mieux réaliser tout le travail accompli par nos prédécesseurs, en particulier l’Abbé Jacquet. Il passe un temps et une énergie considérable à structurer la paroisse naissante vers 1930, et à organiser toutes les souscriptions nécessaires.
D’abord installés dans une chapelle provisoire à la Maison Familiale, ils vendent pour acheter le terrain de la Brisolière, puis il faut construire l’école St Pierre, aménager des salles, aménager un presbytère provisoire, construire une grande salle des œuvres et de cinéma qui servira de chapelle provisoire en attendant notre église.
Le terrain sur lequel nous sommes est acheté en mars 1935, mais il faut attendre 30 ans avant que l’église soit construite. Entre temps, il y a la guerre qui bloque tout, et la paroisse qui fait le vœu de construire dès que la guerre sera terminée. Le vicaire est fait prisonnier. En 1941, l’abbé Jacquet rend compte à l’évêque de l’activité paroissiale, il est noté : « cependant les 5 messes du dimanche ont une assistance convenable ». Cinq messes : nous sommes à une autre époque !
En voyant tous les efforts déployés, nous voyons combien une église est importante pour réunir une communauté. C’est le seul but, permettre le rassemblement et la prière. C’est pourquoi l’église porte le nom de l’Église, car elle est le lieu où se rassemble l’Église. Réjouissons-nous donc du travail accompli par ceux qui nous précèdent, les prêtres et tous les personnes qui ont contribué, qui ont donné généreusement. Et comme nous le savons cette histoire s’est poursuivie tout récemment avec la remise aux normes grâce l’aide du diocèse, c’est-à-dire de chacun d’entre nous. Puisque le diocèse c’est nous.
La relecture de cette histoire est inspirante pour nous, elle nous montre l’engagement persévérant de paroissiens qui se donnent les moyens humains et financiers de se réunir et de prier. Elle nous encourage nous aussi : Dieu vaut la peine, la paroisse vaut la peine qu’on lui consacre du temps.
Remercions Dieu d’avoir un tel lieu !
En relisant cette histoire nous avons une illustration parlante des textes de ce jour. C’est nous qui sommes les pierres vivantes de l’Église. Avant de nous parler de bâtiment, les textes que nous avons entendu, nous rappellent que les vraies pierres c’est nous.
La première pierre, la pierre d’angle, c’est Jésus. St Pierre le patron de cette église et de notre paroisse est l’une des pierres importantes. L’historique nous rappelle d’ailleurs qu’ils ont employé des pierres dans la construction de l’église en rappelle de st Pierre. C’est tout de même drôle que Jésus soit allé jusqu’à lui changer son nom pour lui rappeler cette réalité. Et nous aussi sommes des pierres chacun à notre place.
Comment sommes-nous des pierres ? Par notre foi. Regardez Jésus : il ne peut compter sur Pierre que parce qu’il a la foi. St Pierre dit sa foi, alors Jésus peut lui dire l’homme qu’il est devenu grâce à sa foi.
Nous aussi, ne cherchons pas à être des pierres autrement qu’en commençant par croire.
Alors animés de notre foi, prenons place dans l’Église en nous donnant à Dieu.
C’est le don de notre argent, de notre temps, le don de nous-mêmes par tout cela.
Le don de notre argent est important. En nous souvenant du passé, soyons encouragés à donner nous aussi. Nous recevons tout gratuitement. Toutes ces messes, ces sacrements, ces temps de prière, de formation : tout est offert grâce à la générosité de ceux qui donnent. On pourrait parler du devoir de donner au denier de l’Église. Je préfère dire : devant tout ce que nous recevons gratuitement, n’avons-nous pas envie de donner gratuitement nous aussi ? L’amour appelle l’amour. Nous ne sommes pas obligés ! Des paroissiens ont donné pour notre église, il y a longtemps. Des donateurs ont donné au diocèse pour la rénovation l’an dernier. N’aurai-je pas envie moi aussi de donner à mon tour, pour m’insérer dans cette belle œuvre de transmission de la foi ? « Dieu aime celui qui donne avec joie » nous dit la Bible : si nous ne sommes pas prêts, alors ne donnons rien, ou bien donnons le peu que nous pouvons donner avec joie.
Concernant le don de notre temps, de notre personne, je pense que c’est la même logique qui doit nous animer. Il est inutile de venir servir l’Église par devoir. Ne le faisons pas. Si nous ne pouvons pas servir maintenant, Dieu s’arrangera, c’est lui qui pourvoit, nous comptons sur lui, tout va bien. Mais lorsque nous serons prêts, venons servir par amour : nous en serons profondément heureux.
St Pierre patron de notre paroisse apprends-nous à être des pierres vivantes nous aussi !
Marc Burtschell
Homélie du 19 octobre 2024
Dieu à notre service ? Hum...
Ça commence mal : « Maître, nous voudrions que tu fasses pour nous ce que nous te demanderons ».
Vous sentez ? Ils n’annoncent pas la couleur, ça sent mauvais, pourquoi ne pas exposer simplement leur demande ?
Ça ressemble à une prière. Pourtant, la chose curieuse est que nous verrions plutôt Jésus parler ainsi : « Jacques et Jean, je voudrais que vous fassiez ce que je vais vous demander... » « Oui, maître, quoi donc ? »
Alors Jésus ne répond ni oui ni non, mais il demande des précisions. Et les deux frères exposent sans gêne leur demande d’obtenir la gloire suprême après lui !
En fait, les deux frères, sans s’en rendre compte se prennent pour Dieu, et ils veulent mettre Jésus à leur service ! C’est le monde à l’envers. (Vous voyez comme l’évangile est crédible ? Il ne cache rien de la misère des apôtres...)
C’est une tentation commune : comme si nous étions en voiture, à la place du conducteur et que nous invitions Jésus sur la place du passager. « Viens Jésus, je t’emmène au travail, viens je t’emmène dans ma famille, accompagne moi pendant mes vacances ». « Seigneur, bénis mes projets, selon mon agenda ». C’est confortable. Vous imaginez, avoir Dieu à son service ! La belle vie. Alors un jour, Jésus se tourne vers nous et nous demande : « Quand vas-tu me laisser le volant ? ».
Il y a un trône dans notre vie, et nous sommes assis sur ce trône, avec cette fausse trinité : « moi, moi, moi ». Et Jésus nous invite à descendre de ce trône et à le laisser monter dessus, pour qu’il règne sur toute notre vie.
Alors il nous montre l’exemple du service. Nous pouvons nous mettre au service de Dieu, avec une grande joie, car nous sommes débarrassés de nous-mêmes. Et nous nous mettons au service de nos frères, car Dieu nous permet de les voir avec son regard et nous désirons leur bien.
Je ne connais pas toutes les religions, mais je sais que notre religion est très belle. Jésus, le Fils de Dieu lui-même nous montre l’exemple du service ! Dieu s’abaisse devant nous. Ce qui ne signifie pas qu’il fera toutes nos volontés pour autant.
Je pense à un film sur Mère Teresa. Il y a des protestations, des gens veulent les mettre dehors. Alors Mère Teresa fait visiter le lieu à l’un des responsables qui prend conscience de la misère dont ces femmes s’occupent. Et je crois que cet homme demande aux gens qui prendra leur place. Personne. Ces femmes se sont abaissés si bas, qu’elles ont gagné les cœurs et désarmé les adversaires. C’est cela la beauté de celui qui est au service : il trouve la paix, et il ne fait d’ombre à personne, il donne la paix.
Charles de Foucauld avait entendu de son directeur spirituel : « Le Christ a pris la dernière place et personne ne pourra jamais la lui ravir ». Alors Charles va vouloir prendre l’avant-dernière place. C’est une drôle de course chez les chrétiens ! « Laissez-moi être le dernier, comme Jésus ! ». Charles se mettre au service des gens du Maroc, humblement.
Alors la promesse de Jésus s’accomplit pour Mère Teresa, pour Charles et tant d’autres, car eux qui étaient les derniers, deviennent les premiers après leurs morts. On les élève sur les autels comme on dit.
Conclusion : vous voulez être premiers ? Prenez-vous y de la bonne manière ! Choisissez ici bas la dernière place. Et si nous ne pouvons pas le faire avec le sourire, alors c’est que nous nous trompons d’endroit. Le chemin que nous propose Jésus est un bon chemin !
Concrètement, nous pouvons nous demander :
Quand est-ce que j’essaie de mettre les autres à mon service, quand suis-je tenté de dominer sur eux, d’avoir le dernier mot, de me mettre en valeur ?
Quand ai-je goûté la joie de servir ?
Et je vous invite à imaginer et à faire la chose suivante : vous imaginez le trône qui représente le trône de votre vie et délibérément, vous descendez de votre trône et vous laissez Jésus monter, en lui abandonnant toute votre vie, pour le servir.
Marc Burtschell