Les homélies du temps ordinaire
2ème dimanche du Temps Ordinaire
La fidélité du Seigneur
Au début de ce Temps de l’Église (« Temps ordinaire » après l’Épiphanie), nous méditons un épisode bien connu de l’Évangile selon saint Jean, celui des noces de Cana. Nous savons l’importance de ce passage, surtout en ce qui concerne le rôle de la Vierge Marie : c’est elle qui vient trouver Jésus, qui Lui apporte les difficultés des hommes, c’est elle qui prie pour eux. Et c’est encore elle qui nous invite à écouter son Fils : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Marie est la priante, celle qui intercède et nous montre le chemin vers Dieu. Elle exerce pleinement sur nous son rôle de Mère, en nous conduisant vers le Père, en nous montrant l’exemple de la foi et de la confiance.
Cet épisode se déroule au cours d’un mariage, ce qui n’est pas dû au hasard. Dans cet Évangile, Marie n’est pas seulement la Mère : elle est aussi l’Épouse, par sa confiance, par son Espérance et son amour. D’ailleurs, on peut noter que dans ce récit de mariage, l’épouse n’est pas présente… saint Jean veut nous dire quelque chose par cette absence ! L’Épouse, c’est donc Marie, qui représente la fidélité et l’engagement face à Dieu. Quant au marié de ces noces, il n’est pas très présent non plus ; on voit bien que Jésus a le premier rôle, Lui qui redonne la joie aux invités par l’abondance du « bon vin ». Jésus est l’Époux de l’Église ; Il la comble de ses bienfaits et lui donne la vraie joie.
Ce récit des noces de Cana est donc une histoire de fidélité mutuelle entre Dieu et les hommes. L’humanité est représentée par Marie, fidèle à la prière incessante, qui garde une confiance inaltérable ; et le Christ est fidèle à son Alliance, à son engagement envers le peuple qu’Il a épousé (comme nous le voyons déjà dans la première lecture : « Le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra “L’Épousée” »). La fidélité de Dieu envers l’homme, et la fidélité (parfois fluctuante…) des hommes pour Dieu, ce dialogue incessant : tout cela rend possible l’abondance des dons de Dieu et la joie des hommes : « Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ! ».
Dans la deuxième lecture de ce dimanche, saint Paul parle justement aux Corinthiens des dons de Dieu. Il leur montre à quel point le Seigneur veut combler avec abondance les cœurs des croyants. Depuis que l’Esprit saint a été donné à l’Église le jour de la Pentecôte, ce même Esprit ne cesse d’être envoyé aux enfants de Dieu. Et Paul insiste sur la variété des dons de l’Esprit, tout en affirmant que tous les dons faits aux hommes viennent « du même Dieu qui agit en tous, en vue du bien ». Parce que nous recevons l’Esprit saint, nous demeurons dans la fidélité au Seigneur ; ce n’est pas en nous-mêmes que nous trouvons la force et la fidélité, mais dans les dons de la Grâce de Dieu. Et le plus extraordinaire, c’est justement que chacun reçoit un don spécial pour rester fidèle dans la particularité de sa vocation. Nous pouvons admirer tous les Saints, car chacun a reçu un don particulier. La charité de saint Martin envers le pauvre qu’il rencontre, n’est pas exactement la charité de sainte Mère Teresa envers les délaissés de Calcutta ; et pourtant, c’est le même Esprit qui rend chacun fidèle à sa vocation. Les dons de l’Esprit que j’ai reçus lorsque j’étais enfant ne sont pas ceux dont j’ai besoin aujourd’hui pour rester fidèle au Seigneur ; ni ceux dont j’aurai besoin lorsque arriveront l’âge et la maladie… Mais c’est toujours le même Esprit et le même Amour.
Dieu reste fidèle en toutes circonstances, comme un époux à son épouse. Lui, Il ne change pas ! Mais Il nous donne ce dont nous avons besoin pour persévérer dans la fidélité tout au long de nos vies. Nous avons reçu l’Esprit saint, le Seigneur s’est engagé envers nous, Il nous a « épousés », et son Amour ne cessera jamais.
Cette relation entre Dieu et l’humanité demeure à tout moment, puisque c’est un engagement éternel. Sans cesse, le Seigneur nous redit ce qu’Il disait par la bouche du prophète Isaïe [première lecture] : « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ». Il est heureux de voir notre foi, et Il nous donne le « bon vin » de sa joie !
Nous sommes donc certains de ses dons ; et nous, notre manière de vivre doit être une réponse digne de l’engagement de Dieu. Sommes-nous fidèles dans nos vies, dans nos engagements ? Dans un monde mouvant, où tout est sans cesse remis en question, est-ce que nous gardons la constance, la persévérance, qui sont des signes d’amour ? Gardons l’exemple de Marie, qui a toujours été fidèle dans les épreuves : elle nous redit aujourd’hui : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». En restant fidèles à l’Évangile, à la volonté du Seigneur et à nos promesses, nous répondons à l’engagement de Jésus, l’Époux fidèle ; et comme l’Épouse, nous faisons la « joie de notre Dieu » !