À l'occasion de la célébration de réconciliation, prévue le mardi 15 décembre dans l'église de Chasse sur rhône à 18H30, nous partageons le texte ci-dessous, réflexion personnelle d'un membre de notre communauté,
Dialogue avec mon Dieu
Nous sommes venus à cette célébration de la Réconciliation. Rien ne nous y obligeait. Si nous sommes présents, c'est que nous nous reconnaissons pécheurs. Mais, en même temps, l'envie nous pousse à faire cet effort pour être au plus près de toi, mon Dieu : une envie du fond des tripes, qui ne se discute pas.
Nous sommes là. Et les autres, où sont-ils ? Nous voici, petit peuple de croyants fragiles, rassemblés dans cette église. Autour de nous, dans nos communes, beaucoup de gens sont occupés à d'autres choses, sans doute indifférents à nos liturgies. Mais ce sont des personnes que nous essayons de côtoyer et d'aimer : elles sont aussi Ton peuple.
Chaque jour, nous pensons faire de notre mieux : être attentionnés aux autres ; et rester en lien avec Toi. Peut-on faire mieux ? Est-ce que moi, je peux faire mieux ?
Les événements et l'actualité nous désespèrent. L'épidémie nous menace. Certains disent même que c'est Toi qui l'a envoyée. Et nous ne répondons rien. Comme si Tu pouvais nous faire du mal, Toi qui as guéri tant de gens pendant ta vie sur terre !
Le terrorisme frappe également : des innocents sont assassinés. Mais le responsable, ce n'est pas Toi, c'est bien la folie des hommes. Tu n'as jamais rien permis de tel, rien autorisé. Il suffit de relire les évangiles, d'écouter Tes enseignements et de Te regarder vivre. Tu as refusé la violence alors que Tu as été humilié ; et Tu as proclamé devant les foules : « Heureux les doux et les artisans de paix ! ». Défendons-nous devant nos proches Tes Béatitudes ?
Les injustices sont également nombreuses sur notre terre. Et l'état de notre planète n'est pas fameux. Mais les humains doivent-ils Te rendre responsable de leurs propres crimes ? Notre premier péché n'est-il pas de laisser s'installer cette sournoise pensée ?
Tu nous as créés libres. Tu nous as voulus libres. Cette liberté et cette créativité que Tu nous as donnée, nous l'utilisons souvent pour faire de bonnes choses. Mais nous nous en servons parfois pour de mauvaises causes : les guerres, le fanatisme, le dérèglement climatique, la destruction de la bio-diversité, l'inégale répartition des richesses dans le monde.
Contre tous ces maux, Tu ne nous invites pas à nous lamenter. Tu nous appelles à agir. Il ne sert à rien de t'implorer si nous n'apportons pas notre pierre à Ton édifice de beauté, de bonté et de solidarité. Tu nous as laissé Ton absence, mais ce n'est pas pour dilapider Ton héritage.
Pendant ce temps de méditation intérieure, Tu me proposes aussi de faire fonctionner les petites cellules grises de mon cerveau, Tu me convies à un exercice de discernement. Tu me demandes : « Quand tu relis ta vie, quelle sont tes faiblesses, quels sont tes manques ? Gratte un peu et tu découvriras tes péchés ! »
Oui, mon Dieu, j'ai des manques et des faiblesses. Et plus j'essaye de m'améliorer, plus je Te sens exigeant. C'est normal, me diras-tu. Tu me titilles là où ça fait mal : dans mon petit orgueil personnel ; dans mes satisfactions assumées ; dans mes désirs ou mes phantasmes inavouables.
Dans mes relations avec les autres, Tu veux d'abord me sensibiliser à mes échecs : les paroles de bienveillance que je n'ai pas prononcées ; les mots un peu acides balancés à la va-vite ; les sentences péremptoires assénées parfois. De temps en temps, ma langue méprise l'autre sans que je m'en rende compte ; et bien plus que des actes malveillants que je répugne à commettre. Bien sûr, j'aspire au bien mais l'enfer est peuplé de mes bonnes intentions, de mes gestes malheureux, de mes moments d'oubli et de mes petites lâchetés.
Autour de moi, avec moi, se trouvent de nombreuses personnes, proches ou moins proches. Je fais relecture de mes pensées, de mes paroles, de mes gestes ou de mes absences envers les autres. Que me disent-elles de moi, de ma relation à Dieu ?
« Comme un vase d'argile, ton amour nous façonne ». Mais la cuisson est-elle suffisante ? Suis-je assez résistant ? L'âge, parfois la vieillesse, peuvent me servir d'excuses. A quoi bon ! Ne puis-je pas laisser l'ouvrage à d'autres ? Me résigner au doux abandon, au refus des contraintes, au refuge du découragement ? Après tout, j'ai fait ma part, j'ai droit au repos !
Mais, Toi mon Dieu, Tu as allumé une petite flamme au fond de mon cœur. Et Tu ne veux pas qu'elle s'éteigne, qu'elle disparaisse. Tu me secoues, tu me dis : « Ne m'abandonne pas ! Tes faiblesses, je les connais, ton âge aussi ! Mais ta vie intérieure m'est précieuse, ton sourire également ! Continue ! Ne t'arrête pas devant les difficultés ! C'est par toi que je vis, et c'est avec toi ! L'apôtre Paul témoignait de sa foi avec une écharde intérieure qui le faisait souffrir. Cela ne l'a pas empêché d'accomplir un job incroyable. A ta petite échelle, ne peux-tu faire de même ? »
Dans mon cœur, il y a des failles, des petites ou des grosses. Souvent je ressasse des pensées néfastes. Dans ma nuit, je combats mes démons intérieurs. Viendras-tu à mon aide, Seigneur ? Le mal est aussi en moi, c'est un combat permanent. Donne moi la force d'identifier ce mal et de m'en libérer avec Toi.
Je sais que je recommencerai. Je sais que mes faiblesses reviendront. Tu n'as pas besoin, mon Dieu, de me donner des leçons d'humilité. Je connais trop bien mes défauts et les ratés de ma vie.
Mais je sais aussi que tu m'aimes. Tu as tissé avec moi des liens imparfaits : imparfaits à cause de moi, bien sûr. Tu m'as envoyé, au fil des années, de nombreux signes de cet amour que Tu me portes. Les ai-je vus, un peu, beaucoup, passionnément ? Notre relation est un mystère sans cesse renouvelé. Tu me parles mais est-ce que je t'écoute ? Comment est ma prière ? Rabâchage ou bien profonde ? Vite évacuée ou intensément vécue ?
Je prends un temps pour réfléchir à ma vie intérieure ; à mes combats intimes. Où en suis-je de mon dialogue avec Dieu ? Quel temps je lui consacre et avec quelle intensité ?
En fait, mon Dieu, Tu me donnes de la joie à grandes brassées, ainsi que des signes d'espérance ; et bien que je ne veuille pas toujours le reconnaître. Nous sommes dans la nuit, au propre comme au figuré. Mais mes prières et mon repentir ne sont pas inutiles : ils me réconcilient avec Toi, avec la vie. Evidemment, cela ne suffit pas. Le discernement est nécessaire afin de poursuivre mon chemin sur cette terre, avec les autres, pour les autres.
Hier
Le sacrement de réconciliation a eu d'autres appellations dans le passé. Il fut plus connu, d'abord, comme « sacrement de Pénitence ». Ces mots mettaient l'accent sur la réparation de la faute commise. Ils font penser, aussi, aux processions de pénitents qui ont toujours lieu lors de certaines fêtes, en particulier dans les régions méditerranéennes (Corse, Espagne,...).
Le terme « Confession » peut aussi revenir en mémoire. On insistait plus, alors, sur la relecture de nos vies (les « Confessions » de Saint Augustin) et sur la rencontre avec un prêtre dans le secret du confessionnal d'une église. Au XIXème siècle, le Curé d'Ars symbolisa cette pratique pénitentielle.
Aujourd'hui
Le terme de « Réconciliation » est désormais privilégié. Car il souligne la réalité profonde de ce sacrement et son objectif : se réconcilier avec soi-même, avec les autres et avec Dieu.
- Avec soi-même. Par un travail nécessaire de relecture de notre vie, de ses manques, de ses faiblesses et de ses fautes, nous pouvons discerner ce que nous pouvons améliorer : pour ne pas recommencer, non plus, les mêmes erreurs.
- Avec les autres. Bien souvent, des conflits de tous ordres nous opposent à des personnes de notre entourage : dans notre famille, notre travail, nos loisirs, notre voisinage, etc...Nous souhaitons en parler avec un médiateur formé pour recueillir notre parole, nos questionnements, nos doutes, nos inquiétudes ou angoisses parfois.
- Avec Dieu. Car cette reconnaissance de nos fautes, de nos conflits, bref de notre situation de pécheur, s'accompagne également de l'accueil du pardon que Dieu nous donne. Cet accueil du pardon que nous demandons à Dieu et qu'Il nous accorde, témoigne de tout le sens de ce sacrement de réconciliation. Et le prêtre, proche de nous pour recueillir nos fautes, est aussi l'intermédiaire nécessaire pour délivrer ce pardon donné par Dieu.
Dans la pratique
Le prêtre de notre paroisse, le père Justin AKA, est disponible pour rencontrer toutes celles et tous ceux qui le souhaitent. Il réside à la cure de Chasse (tél : 06 63 68 28 44).
Des célébrations de réconciliation sont aussi proposées en soirée, dans notre paroisse Sainte-Blandine des Deux Vallées, deux fois dans l'année : l'une pendant la période de l'Avent (avant Noël) ; l'autre pendant le Carême (avant Pâques). Lors de ces célébrations, un temps collectif de préparation est prévu pour les personnes présentes. Puis un temps individuel de rencontre avec un prêtre est organisé.
La joie de la réconciliation
La démarche de réconciliation qui est proposée, périodiquement, à chacun d'entre nous, s'inscrit dans un parcours de joie et de foi. Nous ne pouvons ignorer nos faiblesses humaines : nous les acceptons comme telles. Mais nous savons aussi qu'elles sont peu de choses par rapport à l'l'immensité de l'amour et du pardon dont Dieu nous témoigne. De quoi nous mettre en joie !