Homélies

7ème dimanche du Temps Ordinaire - 1 Samuel 26, 2.7-9.12-13.22-23 ; Psaume 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13 ; 1 Corinthiens 15, 45-49 ; Luc 6, 27-38

HOMELIE

Face à la personne qui te dérange, à celle qui vient constamment te demander un service, au pauvre à qui il faut donner sans espoir de retour, au mal-aimé qui réclame une amitié qu’il ne saura pas rendre, face à celle qui ne t’aime pas et t’exprime de la méchanceté, et surtout face à la personne qui est devenue un ennemi, comment réagir en chrétien ? Comment sauver le vivre-ensemble et en même temps grandir dans l’estime mutuel ? Jésus te demande d’aimer, de ne pas juger, de pardonner… Peut-être que nous pouvons penser qu’il exagère et manque de réalisme !

Non, le Christ aborde toutes ces questions, en connaissant très bien ce qu’est notre nature humaine, mais en rappelant en même temps que nous sommes des enfants de Dieu. Saint Paul dit à ce sujet que nous sommes héritiers du 1er Adam, mais aussi du Christ qu’il considère comme le dernier Adam. En nous, il y a la chair et l’esprit, l’être charnel et l’être spirituel. Du coup, face à celui qui te dérange ou qui te fait mal, le premier Adam qui est en toi, l’être charnel, faible et fragile, aura tendance à réagir, à vouloir se protéger, à se replier sur soi, à se mettre en colère, à s’éloigner ou à exclure, jusqu’à vouloir se venger. Le résultat de tout cela est un spectacle de tout temps où nous voyons combien notre monde connaît des séparations, des divisions, des vengeances, ou en tout cas la tendance à se faire justice.

Mais en ce premier Adam, dans notre être humain, Jésus sait que Dieu a insufflé son haleine, et qu’à cet effet nous sommes capables de sagesse divine et d’humanité, qu’on soit chrétiens ou pas ! C’est pourquoi, Jésus commence par reprendre à son compte ce qu’on a appelé la « règle d’or », qui se trouvait dans les cultures profanes de l’époque et dans l’Ancien Testament. Cette règle dit ceci : « Tu ne feras pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent » (voir Tobie 4,15). A la place de cet énoncé traditionnel qui est négatif, Jésus remplace une formulation positive, plus dynamique et active : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ».

Et Jésus va plus loin dans l’idéal qu’il propose : en plus de la règle d’or qui doit vibrer normalement en toute personne habitée d’humanité, la personne qui a la foi doit savoir qu’elle est née de Dieu et que, comme le chante le psaume, « le Seigneur est tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ». C’est pourquoi, à ceux qui sont nés de Dieu, Jésus va dire : « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux ». Lui-même Jésus montre l’exemple. Il est « venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1,11), mais il n’a cessé de leur faire du bien : la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu est annoncée, ceux qui ont faim sont nourris, les malades guéris, les pécheurs pardonnés et réhabilités ; il va jusqu’à donner sa vie. Et sur la croix, pour ce peuple sans reconnaissance et pour ses bourreaux, il dit : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,34).

Voilà, chers amis, le chemin sur lequel Jésus nous met, lui-même se mettant devant parce qu’il sait que c’est un chemin exigeant. Alors il nous dit : avec moi, aimez vos ennemis, priez pour eux au moins, ne les maudissez pas, prêtez sans intérêt, donnez sans attendre en retour, ne jugez pas, pardonnez.

Certes ce qu’il demande est très difficile, mais nécessaire. Parce que le chrétien est justement quelqu’un qui, avec Jésus, doit être capable de dépassement : le dépassement par rapport à ce que la société trouve normal, ce qui est donc devenu la norme mais qui est parfois loin l’amour ; et le dépassement de soi qui appelle le chrétien à toujours répondre au mal par le bien. Cela est nécessaire si nous voulons bâtir un monde habitable, et si nous voulons être des témoins du Christ, de sa bonté et de cette miséricorde du Père qui nous pardonne et qui veille sur nous par pure bonté.

Ce que demande Jésus est difficile mais possible. Des exemples le montrent. David refuse de se venger sur Saül, alors que l’occasion se présente (1ère lecture). Vous diriez peut-être que David, c’est trop loin de nous ! Mais, plus proche de nous, on peut citer le cas de Jean-Paul II face à celui qui, en mai 1981, a tenté de l’assassiner : atteint par trois balles, blessé au ventre, au coude droit et à l’index de la main gauche, le pape a frôlé la mort et ne se rétablira qu’après plusieurs mois. Mais il a accordé son pardon à cet homme, et il est allé lui rendre visite en prison. Vous connaissez certainement d’autres cas : des exemples de notre temps, des pardons, des gens séparés qui se réconcilient, des personnes éloignées qui se rapprochent, des peuples qui se sont fait la guerre qui travaillent ensemble pour la paix et la promotion de l’homme (l’Allemagne et la France par exemple).

Pour les personnes que nous ne pouvons pas encore approcher, commençons déjà par prier pour elles. C’est déjà un pas vers la réconciliation en Dieu. En tout cas, frères et sœurs, la persévérance dans la bienveillance, la réconciliation, le pardon, c’est difficile, mais c’est nécessaire pour être en paix avec Dieu, avec les autres et avec soi-même. C’est possible avec la force de la prière et l’attachement au Christ. Alors demande-toi : de quelle manière tu vas laisser le Christ grandir en toi pour que, au-delà du donnant-donnant, tu laisses la place à la gratuité, et pour oser faire le premier pas quand une réconciliation est nécessaire.

Et, à l’occasion, bénissons Dieu pour tous les signes et gestes de bienveillance, de réconciliation et de paix dans nos familles, dans nos communautés et dans le monde.

Père Sébastien

6ème dimanche du Temps Ordinaire - Jr 17,5-8 ; 1 Co 15,12.16-20 ; Lc 6,17.20-26

Homelie

En ce dimanche de la santé, nous prions pour les malades et pour tout le monde qui les accompagne et les soigne. Partant des béatitudes qui sont lues dans l’évangile du jour, le thème de ce dimanche de la santé est : « Heureux ». Non pas qu’on est heureux d’être malade, mais la personne souffrante est appelée, avec tous ceux qui l’accompagnent, à découvrir et à partager le bonheur de savoir que le Sauveur est proche et agissant.

Quand Jésus prononce les béatitudes, il vient de descendre de la montagne : il descend du monde divin pour rejoindre ses disciples sur la plaine. Il se fait proche de nous dans ce monde où, ayant pris la condition humaine, il a connu les joies et les peines de l’humanité. Avec lui, que la souffrance n’a pas épargné, le chemin du bonheur n’est jamais abstrait ; c’est chemin incarné. Si bien que les béatitudes qu’il enseigne sont pétries d’humanité, une humanité blessée et insatisfaite, une humanité touchée par la pauvreté, la faim, les larmes, le rejet. Une humanité marquée par les fausses richesses, les plaisirs artificiels, les fausses gloires.

Si pour beaucoup, le bonheur est une question de chance, pour les Ecritures c’est une question de choix. Les béatitudes sont le chemin du Serviteur, le chemin que propose le Fils de Dieu et sur lequel avancent ceux qu’il ose déclarer heureux : les pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent, ou sont persécutés. Manifestement Jésus provoque lorsqu’il renverse les valeurs que nous considérons normalement comme souhaitables. En effet, qui dans ce monde souhaite être pauvre, avoir faim, pleurer, être insulté ? Personne ! Mais celui qui est clairvoyant sait que l’homme ne peut pas tout maîtriser dans la vie et que par conséquent, à lui seul, il ne peut pas se sauver. Malheur donc à celui qui croit être si fort, si riche, si puissant qu’il peut avoir le salut ! C’est pourquoi le prophète Jérémie invite ses auditeurs à mettre leur notre confiance en Dieu parce qu’il veut le bonheur de ses enfants. Et l’on pourrait résumer les béatitudes ainsi : heureux les insatisfaits qui, conscients de leurs manques, espèrent être comblés par Dieu.

Oui, en attendant la félicité éternelle où nous pourrons connaître la plénitude et la perfection, il faut accepter qu’il y a du vide dans notre vie. Il faut le reconnaître, non pas pour s’arrêter à ce vide, mais surtout pour comprendre ce qu’il permet. Autrement dit, les béatitudes semblent dire : heureux celles et ceux qui ne sont pas comblés au point de ne plus rien attendre, de ne plus espérer. Heureux ceux qui ne prétendent pas connaître Dieu par cœur et qui acceptent de se laisser surprendre par les signes qu’il met dans leur vie. Heureux ceux qui, reconnaissant en eux ce qu’il y a de malade et d’imparfait, peuvent voir en Jésus Celui qui guérit et apporte la vie au corps et à l’âme. Heureux sont-ils parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas se sauver eux-mêmes. Heureux sont-ils parce qu’ils trouvent leur consolation dans la présence du l’Envoyé de Dieu. Et heureux sont-ils parce qu’ils savent qu’il y a tous les jours de petits bonheurs, de petites victoires dont ils peuvent s’émerveiller !

Saint Paul insiste sur la foi en Jésus ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. « Le premier », parce que nous le suivons. En grec ressusciter c’est se lever, se mettre debout et avancer. Le Christ nous invite à ressusciter, à nous relever, à revivre. Il n'est pas venu pour nous épargner nos souffrances. Il est venu pour que, habités par son amour et l'amour infini du Père, nous retrouvions dans la confiance la force de traverser les difficultés et les embûches que nous rencontrons sur nos chemins, avec l'Espérance de ce qui nous attend en récompense.

En tout cas, grâce à la foi les personnes malades et handicapées se reconnaissent dans ce message d’espérance. A Lourdes, Marie nous permet d’entrevoir le monde de la résurrection dont parle saint Paul. Ce que Dieu a fait pour elle à l’Assomption, il veut aussi le réaliser pour nous : nous élever et nous relever.

Finalement, le secret du bonheur, c’est sans doute, d’abord, de pouvoir se réjouir des petits bonheurs quotidiens, des petites victoires de chaque jour ; et c’est aussi de savoir déplacer le curseur de ce qui est essentiel et ne l’est pas. Pour nous chrétiens, l’essentiel c’est sans doute d’avoir fait l’expérience personnelle qu’en Jésus, quoi qu’il arrive, Dieu vient nous rejoindre et prend place dans nos vies.

Que cette foi habite en nous et nous aide à vivre dans l’Espérance et dans la gratitude.

Père Sébastien

5ème dimanche du Temps Ordinaire - Is 6, 1-2a.3-8 ; 1 Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11

HOMELIE


Ce dimanche les lectures parlent de la vocation d’Isaïe, de Pierre et ses compagnons,
et de saint Paul. Et nous pourrions nous demander si nous accueillons les appels du Seigneur à
sa mission et comment nous y répondons.
Comme un témoignage, Isaïe raconte sa vocation. Il est croyant, laïc, aristocrate et
conseiller au palais royal de Jérusalem, mais il va devenir prophète. C’est lors d’un temps de
prière au Temple qu’il a une vision extraordinaire où il voit la grandeur du Dieu 3 fois saint, c’est-àdire
parfaitement saint. Or dans la mentalité de l’époque, on ne peut voir Dieu sans risquer de
mourir, parce que l’homme est pécheur. Isaïe est donc effrayé, se reconnaissant pécheur, mais
tout de suite Dieu lui-même le purifie, et sans tarder il lui fait savoir qu’il désire se faire connaître,
qu’il a besoin de messager. Isaïe va répondre : « Me voici, envoie-moi ». Quelle disponibilité !
Saint Paul de son côté souligne l’importance de la Bonne Nouvelle du Christ mort et
ressuscité pour nous sauver. Il est heureux d’être devenu apôtre, mais il reconnaît qu’il n’en était
pas digne, puisqu’il a persécuté les chrétiens lorsque le Christ l’a saisi sur le chemin de Damas.
Pour lui, cette rencontre qui l’a totalement changé et toute l’oeuvre qui a suivi, c’est par pure
grâce : « Ce que suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce en moi n’a pas été stérile ».
L’évangile raconte la vocation de Pierre : lui et ses compagnons reviennent de la
pêche où ils ont passé une nuit sans rien prendre. Mais Jésus dit à Simon : « Avance au large et
jetez vos filets pour la pêche ». Sur la parole du Christ, il accepte de remettre la barque à l’eau.
Nous connaissons la suite : la pêche dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Simon doit
même demander à ses compagnons de venir l’aider sinon cette pêche extraordinaire aurait été
perdue.
Que retenir de ces 3 récits de vocation ?
1. Quand Dieu appelle, ce n’est pas en premier lieu pour nous confier du travail. Non,
il appelle d’abord et avant tout à une rencontre personnelle avec lui et une communion à sa
sainteté. Les apôtres, il en fait ses compagnons et ses amis, avant de les envoyer plus trad.
L’appel à la sainteté adressé à tout chrétien, c’est l’appel à recevoir la vie de Dieu, appel à laisser
emplir le temple de notre âme de sa présence et le filet de notre coeur de l’abondance de son
amour. Cette grâce ne peut rester stérile, ni pour nous-mêmes ni pour les autres !
2. D’où l’appel à aller partager la vie reçue de la communion avec Dieu. Aujourd’hui,
c’est nous qu’il appelle, et de différentes manières : qui enverrai-je ? Avancez au large. Jetez le
filet, jetez la perche pour ramener dans la barque du Christ, non plus des poissons, dit-il, mais ces
personnes qui cherchent à sortir la tête de l’eau : les petits, les enfants et les jeunes en recherche,
et les couples qui se forment ou qui connaissent de bons et mauvais temps, les malades, les
personnes âgées, et celles en recherche de travail, les familles en deuil, nos communautés qu’il
faut construire tous les jours.
3. L’appel de Dieu s’adresse à tous : de l’aristocrate (Isaïe) aux paysans (Pierre et ses
amis) vivant de leur pêche en passant par les intellectuels (Paul) dans leurs divers fonctions et
états de vie : ouvriers, enseignants, fonctionnaires, etc. A chacune et chacun de nous résonnera
toujours la question : Qui enverrai-je ? Quel est ta réaction ?
4. Les raisons pour refuser l’appel sont nombreuses et variées : trop jeune, trop vieux,
trop occupé, je ne comprends pas, c’est trop me demander, c’est trop loin de mon notre train-train
quotidien, je ne suis pas assez digne, etc. Nous avons des réticences parce que nous prenons
souvent pour excuses nos propres limites et notre propre faiblesse. Pourtant à toute messe nous
disons : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai
guéri ». Cela signifie que, quand Dieu nous appelle, il nous demande de lui faire confiance. En
communiant avec lui, il nous guérit, il nous transforme. Et puis la mission qu’il nous confie
s’effectue en Eglise ; on n’est jamais seul dans la barque, et depuis Pierre et ses amis le travail se
fait en équipe. En outre, tout se fait sous le regard du Christ : « Sois sans crainte », dit-il à Pierre.
Au lieu de la crainte, nous sommes appelés à la joie : « Si le Père vous appelle, tressaillez de joie
car vos noms sont inscrits pour toujours dans les cieux, car vos noms sont inscrits dans le coeur
de Dieu » ; mais aussi parce que sa grâce en nous n’est pas stérile. Elle produit des fruits pour
notre vie, nos familles, son Eglise et le monde.

Père Sébastien

4ème dimanche du Temps Ordinaire - Jr 1, 4-5.17-19 ; 1 Co 12, 31 – 13, 13 ; Lc 4, 21-30

HOMELIE

Les personnes qui chassent Jésus, au point de vouloir l’éliminer, sont habituées d’écouter
les Ecritures et les commentaires des rabbins. Ils croient avoir une foi qu’on ne peut mettre en doute.
Mais s’il nous manque l’amour, en quel dieu croyons-nous ? Un dieu quelconque ou le Dieu de Jésus ?
Pour les auditeurs de la synagogue de Nazareth, Jésus passe pour un prétentieux :
comment peut-il dire qu’il est celui qui accomplit cette parole d’Isaïe 61,1-2 qui concerne le Messie
attendu ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Il a grandi au milieu d’eux, il a vécu dans le village jusqu’à
ses 30 ans. Ce jeune homme, ils le connaissent trop bien ! Du moins le croient-ils, car peut-on
connaître pleinement une personne humaine ? Sur chacune et chacun, il y a toujours, pour une part,
un mystère qui nous dépasse.
Nous aussi, nous pouvons tomber dans cette erreur de croire que nous connaissons trop
bien Jésus. Jésus, je le connais ! J’ai été au KT, j’ai lu les évangiles, j’ai reçu baptême, 1ère communion,
mariage religieux, etc. Et après !!! Oui, beaucoup ont tissé une relation avec ce Jésus, mais beaucoup
d’autres non ! Nous sommes parfois, comme ces habitants de Nazareth, très versatiles devant nos
frères, comme devant Jésus : « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui
sortaient de sa bouche ». Et quelques minutes plus tard : « A ces mots, dans la synagogue, tous
devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville ». Voyez la légèreté du coeur de
l’homme, passant de l’admiration à la haine en si peu de temps. A l’enthousiasme du début, suit le
doute, et du doute à la contestation le pas est vite franchi. Tout cela parce que Jésus n’a pas agi selon
leur volonté ou leurs attentes de miracles. C’est souvent cela qui se vit dans nos relations intéressées.
Tôt ou tard, la vérité vient au grand jour, et nous restons dans la déception, l’amertume, la colère.
Les gens de Nazareth sont furieux. Parce que, après tout ce qu’ils ont appris sur les miracles
que Jésus opère chez les autres (jalousie !), ils s’attendent à ce qu’il en fasse autant ou même plus
dans son village. Hélas, rien ne vient ! Ici je relève pour nous trois faits dans la réaction de Jésus.
- 1) D’abord il ne se laisse pas enfermer dans les murs de son village et de leurs besoins. Il rappelle à
son auditoire que les prophète Elie et Elisée ont agi pour des étrangers. La grâce de Dieu touche la
veuve de Sarepta et le Syrien Naaman plutôt que le peuple d’Israël. Dieu est libre, on ne peut pas
l’enfermer. Dieu « aime sans frontières ».
- 2) Et puis, lorsque Jésus dit qu’aucun prophète n’est bien accueilli dans son propre pays, il signifie
qu’il se place dans la lignée des prophètes, mandatés pour le révéler. Certes Jésus fait des miracles ; il
révèle la puissance de Dieu par sa parole et ses actes, mais c’est d’abord et avant tout une puissance
d’amour. Parce que « Dieu est amour » (1 Jn 4,8). L’amour, c’est la voie supérieure pour aller vers Dieu,
l’amour ne passera jamais, et reste l’essentiel. Saint Paul va le souligner auprès d’une communauté
qui engagée dans l’exaltation des charismes extraordinaires. Clairement, il dit : « J’aurais beau parler
toutes les langues des hommes et des anges… J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des
mystères et toute la connaissance de Dieu, avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes,
distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela
ne me sert à rien ». Mais il y a amour et amour ! De quel amour parle saint Paul ?
- 3) En réponse, le 3ème élément dans la réaction de Jésus, c’est la dernière phrase de l’évangile qui est
riche de sens : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ». Face à la violence qui
s’exprime, le Christ ne s’emporte pas. Devant l’incompréhension des gens et leur méchanceté, le
Christ n’entretient pas de rancune. Il supporte tout, il endure tout, comme l’écrit Saint Paul. Son coeur
n’est pas replié sur lui-même, comme les gens de la synagogue. Il va son chemin.
Devant cela, nous pouvons faire notre bilan de santé spirituelle en méditant l’hymne à la
charité. « L’amour prend patience », où en est ma patience, envers moi-même, envers les autres, et
même envers Dieu que je prie ? « L’amour rend service ». Où en est mon niveau d’attention, de bonté,
de disponibilité ? « L’amour ne jalouse pas, ne se vante pas, ne s’enfle pas d’orgueil ». Où en est mon
humilité, ma gratuité ? L’amour ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais trouve sa joie dans ce qui
est vrai. Où en est ma recherche de la vérité, de la justice, de la droiture ? L’amour ne s’emporte pas,
n’est pas rancune, il endure tout... Où est-ce que j’en suis, moi ?
Frères et soeurs, comme Jérémie, avant même de nous former dans le sein maternel, Dieu
nous a choisis pour être ses prophètes, pour le révéler, témoigner de son amour. Vivre un amour vrai
n’est pas facile. Nous devons toujours avoir le regard sur l’exemple de Jésus et savoir que Dieu nous
accompagne. Lui qui nous a appelés sera comme pour Jérémie le garant de l’accomplissement de
notre vocation : « Car je suis avec toi », dit-il au prophète et à nous tous qu’il envoie témoigner de son
amour.
Remercions Dieu pour tous les gestes d’amour qui sont vécus ; demandons-lui de nous en
rendre toujours compte afin de demeurer dans la joie et l’action de grâce. Et prions pour que la
bénédiction de Dieu descende sur toutes les initiatives par lesquelles la bonne nouvelle de son amour
se répand dans le monde.

Père Sébastien

Ne 8, 2-4a.5-6.8-10 ; 1 Co 12, 12-14.27 ; Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

HOMELIE

En pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous célébrons le Dimanche de la
Parole de Dieu. C’est celle-ci qui donne aux croyants la lumière de la vie et la grâce d’être rassemblés
jusqu’à devenir, dira Saint Paul, des membres d’un même corps (2ème lecture). La liturgie de ce
dimanche nous donne deux beaux témoignages de la Parole qui rassemble, l’un dans l’AT et l’autre dans
le NT.
En 539 av. J.-C., après 50 ans d’exil à Babylone, les Israélites rentrent au pays sous la conduite
de deux hommes, le prêtre et scribe Esdras, et le gouverneur Néhémie. Puisqu’à la déportation,
Jérusalem avait été détruite, ils ont à refaire pratiquement tout : le pays, la ville, le Temple, le culte, la
vie de la communauté. Ils vont commencer par se parler. Une grande rencontre est donc organisée, et
c’est à cette grande assemblée que se rapporte la 1ère lecture. Les orientations à indiquer au peuple, ils
vont les tirer dans les Ecritures Saintes. Alors le prêtre et scribe Esdras fait la lecture devant tout le
peuple, il explique, tout le monde écoute et accueille avec ferveur ce qui est partagé. Tout le monde
s’engage à observer cette Parole et à la prendre comme règle de conduite pour l’aventure de la vie
nouvelle à entreprendre.
Dans l’évangile, c’est à la synagogue de Nazareth que les croyants sont rassemblés, autour de
la Parole de Dieu encore, et avec Jésus. A celui-ci on donne le livre, il lit le début du chapitre 61 du livre
d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a
envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux
aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de
bienfaits accordée par le Seigneur ». Et Jésus indique que cette Parole, qui est une Bonne Nouvelle, elle
s’accomplit dans l’aujourd’hui de son peuple.
Cette Parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit pour nous également. Oui, comme le vieux
Syméon, habités par l’Esprit de Dieu, nous pouvons dire : « Aujourd’hui mes yeux ont vu le salut de
Dieu » ; le Christ se donne comme Lumière, et beaucoup d’hommes et de femmes sont libérés de leurs
enfermements, de toute sorte d’aveuglement et de servitude. De beaux témoignages sont souvent
partagés par des personnes qui reconnaissent et chantent l’action de Dieu dans leurs vies personnelles.
Avec eux, nous louons Dieu.
Aujourd’hui s’accomplit cette Parole, celle qui rassemble, comme jadis autour d’Esdras et
Néhémie, et dans la synagogue de Nazareth ; elle continue à rassembler des multitudes. Cette semaine
il y a de milliers de rassemblements oecuméniques. Ici, ce vendredi soir, nous avons eu un beau temps
de prière au temple de Geymonds avec nos frères évangéliques et protestants, autour de la Parole de
Dieu. Chaque dimanche, cette Parole rassemble des milliers de personnes dans les églises, les temples
et même en plein air. Nous disons merci au Seigneur, et nous prions pour que nous puissions aller
jusqu’à nous sentir comme des membres d’un même corps.
Aujourd’hui s’accomplit cette Parole, parce qu’avec Jésus beaucoup de chrétiens se rendent
compte que l’Esprit de Dieu repose sur eux et que cet Esprit les pousse à avoir les yeux fixés sur lui,
comme les gens de Nazareth, pour aller eux aussi annoncer la bonne nouvelle. Et l’on voit des parents
chrétiens, des catéchistes, des membres des différentes équipes des paroisses, des scouts, des
aumôniers, etc. assumer cette parole par laquelle se concrétise la création d’un ciel nouveau et une
terre nouvelle. N’hésitons pas, frères et soeurs, à continuer de nous nourrir de cette Parole chaque
jour : elle fait partie de ce pain quotidien que nous demandons dans le Notre Père. N’hésitons pas non
plus de prendre notre part à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Esdras et Néhémie ont pris leur part
devant Israël, Jésus devant les gens de Nazareth et d’autres, saint Luc aussi rassemble tout ce qu’il a
appris sur la vie et l’oeuvre de Jésus afin de le transmettre à tous les « Théophile » c’est-à-dire les amis
de Dieu. Et toi, quelle part prends-tu à l’annonce de cette parole de Dieu, auprès de ceux que Dieu t’a
donné dans ta famille ou près de toi ? « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile », devrait
reconnaître le chrétien à la suite de saint Paul (1 Co 9,16). Car, rappelez-vous ce beau chant : « Ah,
qu’ils sont beaux sur la montagne les pas de ceux qui portent la bonne nouvelle, qui annoncent le salut
et la paix (cf. Is 52,7).
Rendons grâce à Dieu pour la Parole qui est annoncée, partagée, et accueillie comme lumière
dans la vie des hommes et femmes de ce monde.

Père Sébastien

2ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C : Is 62, 1-5 ; 1 Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

HOMELIE

Les miracles que Saint Jean rapporte dans son évangile, il les présente toujours comme des signes qui révèlent l’identité et la mission du Messie. Le premier de ces signes est celui de Cana, que Jean le considère comme une sorte de préface annonçant le sens de tout ce qui va suivre, et que semble bien résumer ce beau chant d’Eglise : « Tu es là au cœur de nos vies, et c’est toi qui nous fait vivre, tu es là au cœur de nos vies, bien vivant ô Jésus-Christ ».

Dans le signe de Cana, une première chose à noter est que Jésus l’accomplit lors d’un mariage, une fête d’alliance. Le but du miracle c’est de sauver la fête qui n’a plus de vin, sauver l’alliance qui est en train de mourir. Son échec serait fatal parce que, dans la foi biblique, éloignés de Dieu et son amour, les hommes échouent dans leur vie personnelle, dans leurs couples, dans la communauté, etc. D’après la Bible, c’est dans un paradis que Dieu a mis les premiers hommes ; leur bonheur est devenu fragile à partir du moment où ils ont coupé les liens avec Lui. Celui-ci est allé à la recherche de l’homme perdu : « Adam, où es-tu » (Gn 3,9) ? Dans la suite, au long des siècles, Il a envoyé Moïse, des prophètes, des rois, des prêtres de l’ancienne alliance, pour essayer de sauver l’alliance avec lui.

Le miracle de Cana symbolise un tournant : le passage de l'Ancienne à la Nouvelle Alliance par le signe de l'eau changée en vin. En effet, si les époux des noces de Cana demeurent anonymes, il est clair que Jésus vient joue le rôle de l’Epoux, tandis que le groupe des disciples avec Marie prend le rôle de l’Epouse. Le signe de Cana exprime l’Alliance entre Dieu et l’Homme, le mariage de Dieu avec l'humanité incarnée dans le Christ. Avec Jésus le vin coule à flot ; et un bon vin qui est le symbole de cette joie de l'Amour, de se savoir aimé. Ce bon vin annonce par ailleurs le sang que Jésus va verser pour sceller l'Alliance éternelle pour nous, lorsque son Heure viendra. Ce vin annonce les noces de l’Agneau où Jésus lui-même s’offre pour donner la vie en abondance (cf. Jn 10,10).

Les invités au repas des noces de l’Agneau, les participants à cette alliance nouvelle, c’est nous. Cette dernière nous transforme. Par elle, « l’eau » propre ou sale de nos vies, ce qui fait donc le lot de notre quotidien, peut devenir ce vin qui donne la joie ; à la place de ce qui était ancien et incapable de donner la vie et la joie, le Christ dépose sa grâce et ses dons. De sorte que nos désirs épurés, nos aspirations assainies, nos ambitions purifiées, nos projets habités par Jésus, tout cela fait que ce que nous sommes corresponde à sa volonté de vie, d’amour et du salut de notre monde et de nos vies. Ainsi, celui qui vit de cette communion d’alliance avec Jésus se rend compte qu’en sa vie s’accomplit la parole d’Isaïe : « On ne te dira plus ‘’délaissée’’. Tu seras appelée ‘’ma préférence’’. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ».

Le récit de Cana nous invite donc à entrer dans le bonheur de l'Alliance. Mais, il faut savoir que ce bonheur ne nous est pas donné subitement ; il ne vient pas en un jour ("Mon heure n'est pas encore venue" dit Jésus). Il faut demeurer avec Jésus, être nourri par lui, l’écouter, en faisant confiance et en suivant son chemin : « Faites tout ce qu'il vous dira ». C'est peu à peu que l'eau de notre cœur se transformera en vin ; c'est peu à peu que nous découvrirons la joie, le bonheur de vivre avec Dieu

Retenons aussi que, pour sauver la fête et faire la joie de Dieu, Jésus tient à faire participer les disciples au prodige. Marie nous apprend les attitudes à adopter : plutôt que de rester là à regarder ou à s’attarder à des jugements, elle a un regard attentif autour d’elle, elle fait sien le problème qui se pose, elle se tourne vers Jésus pour lui parler. La réponse à sa prière n’est sans doute pas ce qu’elle attend, mais elle a confiance et c’est pourquoi elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-les ». Jésus aurait pu faire apparaître directement le vin dans les jarres sans recourir aux serviteurs, mais il veut compter sur la collaboration humaine. Il veut nous montrer la joie de Dieu de nous voir être au service des autres, de nous rendre semblables au Fils de Dieu, qui « n'est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mc 10,45). Et nous sommes rendus capables de cela, puisque d’après la 2ème lecture, dans l’alliance avec Dieu, il nous comble de multiples dons. Reste à voir comment s’en servir dans l’obéissance de ce que Jésus dit, dans le respect de nos différences et l’harmonie de nos charismes divers, en sachant que c’est l’unique et même Esprit qui distribue ces dons. D’où les efforts de synodalité et la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Le vin abondant des jarres de Cana est donc le signe du désir du Christ de nous donner la vie, et la vie en abondance. Demandons-lui d’ouvrir nos yeux afin que nous puissions contempler ses merveilles dans la réalité de notre vie quotidienne et que nous sachions, par notre vie, être témoins de ses prodiges dans le monde. Qu’il nous envoie son Esprit et ses dons pour que nous puissions toujours mieux l’accueillir et le donner aux autres.

Père Sébastien

 

Is 40, 1-5.9-11 ; Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16.21-22

HOMELIE

Frères et soeurs, Jésus reçoit un baptême que nous fêtons pourquoi ?

1) Tout d’abord c’est l’événement qui inaugure sa vie publique, et il aide à comprendre qui est-il ce
Jésus et quelle est sa mission. Il a environ 30 ans. Avec son baptême, Jésus est publiquement
proclamé comme étant le Messie attendu. En effet, depuis des siècles les prophètes avaient annoncé
un consolateur, un sauveur, un libérateur. L’attente devenue longue, marquée par le doute,
l’inquiétude, le désespoir même, reçoit un soutien fort, celui de Jean surnommé le Baptiste : il
organise un rite de baptême dans le Jourdain, destiné à préparer la venue du messie, un bain
symbolique que reçoivent les personnes qui acceptent la pénitence, la purification et la conversion.
C’est là que le jeune homme de Nazareth vient dans l’anonymat. Lorsqu’il reçoit le baptême, le ciel
s’ouvre, et une voix se fait entendre : « Toi, tu es mon fils, en toi je trouve ma joie ». L’Esprit descend
sur lui sous l’aspect d’une colombe. Le baptême de Jésus nous révèle que Jésus est le Fils de Dieu, le
Messie ; il révèle en même temps le mystère de la sainte Trinité présent là où hommes et femmes
attendent le salut et espèrent dans la foi.
2) Le baptême de Jésus, nous le fêtons aussi parce que, si Jésus qui est sans péché vient à ce rite de
pénitence, c’est uniquement pour marquer sa solidarité envers l’humanité et les pécheurs en quête
de vie nouvelle. Jésus plonge dans la vie des humains, et de manière forte. Le lieu de son baptême
l’explique : c’est là, vers la Mer Morte, le point le plus bas du monde. Comme pour signifier que Jésus
rejoint l’humanité jusqu’au plus bas de l’abîme du péché ou de tout mal dont souffre l’être humain. Le
baptême de Jésus nous montre le double mouvement effectué par Jésus : il est descendu dans les
eaux et il en est remonté. Ce double mouvement récapitule toute la vie et la mission de Jésus : il est
descendu du ciel, il est né pour être à la rencontre de l’humanité éprouvée et pécheresse, puis il est
mort, enseveli, descendu au séjour des morts, et dans la suite il est ressuscité et il est monté aux
cieux.
3) Avec le baptême de Jésus, nous fêtons le baptême nouveau en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, le
baptême chrétien, notre baptême. Paul parle d’une grâce, c’est-à-dire d’un cadeau divin manifesté à
tous les hommes : le fait que Jésus s’est donné pour nous partager la vie divine. Comme Jésus, le
baptisé entre dans ce mystère de Jésus, mystère d’abaissement humble et de renouveau : tu es
baptisé ? Alors tu dois descendre dans l’eau avec Jésus, tu dois renaître de l’eau et de l’Esprit, te
convertir et commencer une vie nouvelle sous l’action de l’Esprit du Christ. Comme pour Jésus, le ciel
s’ouvre pour chaque baptisé ; et la voix du Père retentit en tout temps : « Toi tu es mon enfant ». Il
ajoute : « En toi je trouve ma joie ». Quel bonheur de savoir que Dieu dit cela de nous ? Etre baptisé
c’est une grâce. Mais c’est aussi une mission : est-ce que nous faisons la joie de Dieu ? Ne l’attristonsnous
pas par nos manques de foi et d’amour ? Pour travailler à la joie de Dieu, il nous faut simplement
d’abord reconnaître que Dieu nous aime, et ensuite l’aimer en retour nous aussi. Il nous faut accueillir
l’Esprit-Saint qui nous donne de vivre de son amour. C’est lui le consolateur qui nous aide aussi à
consoler.
N’oublions pas de prier pour les baptisés qui ne reconnaissent plus Dieu, qui ne s’ouvrent
plus à Jésus. Demandons à Dieu de nous faire vivre de son Esprit-Saint, qu’il aide nos catéchumènes
et tous les baptisés de se savoir aimés par Dieu et de vivre en enfants du même Père céleste.

Père Sébastien

L'Épiphanie du Seigneur Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

HOMELIE

Les mages sont venus de loin pour adorer l’enfant Jésus. L’évangéliste Matthieu y voit la
réalisation de ces textes prophétiques d’Isaïe et des Psaumes annonçant qu’un jour tous les peuples
seront réunis devant le roi des Juifs à Jérusalem. La tradition est allée jusqu’à donner des noms à ces
mages : Melchior, Gaspar et Balthazar. Ils n’étaient peut-être pas trois, mais en tout cas on a voulu
signifier que le Messie est manifesté à tous les continents connus à l’époque et que ces sages anciens
sont des modèles pour nous, par leur cheminement de foi et les gestes qu'ils posent.
Ce sont des gens qui s’adonnaient à la science des étoiles, lisaient les présages dans la carte du
ciel ; des hommes scientifiques et religieux qui mettent leur savoir au service de leurs sociétés
respectives. Des personnes qui n’hésitent pas à s’engager dans une longue marche. Celle-ci part de leurs
questions et des préoccupations de chez eux. Ils ont la science qui les aide ; et cette dernière leur ouvre
constamment à des hypothèses, à des pistes, des voies à explorer, si bien qu’à la naissance de Jésus à
Bethléem, ils ont envie de découvrir ce Jésus ; et ils vont entreprendre un grand voyage, guidés par les
astres qu’ils explorent.
Arrivés à Jérusalem, ils disent que le nouveau-né est celui qui a fait lever pour eux son étoile.
Une manière d’affirmer que le Christ Jésus est une lumière, et qu’à travers l’histoire il fait lever ses
étoiles. Rendons grâce à Dieu pour les signes, les faits, les personnes qui ont éclairé et continuent
d’illuminer notre vie.
Mais pour trouver l’enfant Jésus, l’étoile semble ne pas suffire aux mages. Ils vont interroger
Hérode, qui va vers les scribes et ceux-ci trouvent les renseignements nécessaires dans les Écritures
saintes d’Israël. Oui, si Jésus nous attire, son Esprit nous fait lever, mais c’est pour nous mettre en
chemin avec d’autres, c’est pour nous confier à la communauté qui vit de la parole de Dieu. On n’est pas
chrétien tout seul, on n’est chrétien que dans la communion avec Jésus, et avec son Corps qu’est l’Eglise.
C’est éclairé par l’Eglise, son enseignement et les vrais témoins de Dieu que je saurai discerner, et
reconnaître les personnes ou les choix qui me détournent de Jésus, et qui nécessitent que je prenne moi
aussi un autre chemin.
Enfin, que le Messie se manifeste par une étoile, les mages ont dû en être émerveillés, et ce
mode de révélation, proche de leur science, leur convenait bien. Mais voilà que ce même Messie se
manifeste à eux sous une forme moins évidente : ils trouvent un enfant sur la paille. Or, voilà que ces
hommes de sciences qui cherchaient Celui qui est au-dessus de tout, le Seigneur des seigneurs, ils ne se
laissent pas décourager par ce qu'ils voient. Au contraire, devant le bébé, ils ont une attitude
d’adoration : ils s'agenouillent et ils reconnaissent Celui que le monde attendait. Ils sont touchés par
Dieu qui se fait tout petit, si proche de notre fragilité, qui est Seigneur par son Amour. Ils lui donnent
alors leurs présents très précieux et d’une profonde signification symbolique proclame quel Messie est
Jésus pour eux : l'or désigne Jésus comme « roi des Juifs » ; l'encens représente le divin et identifie
le nourrisson comme Fils de Dieu ; la myrrhe annonce que Jésus va mourir pour sauver les hommes. Par
leurs offrandes, ils soutiennent le Messie et lui confient toute leur vie. Si bien qu’ils repartiront par un
autre chemin, c’est-à-dire qu’ils auront été changés. Ils deviendront les étoiles de l’Amour qu’ils ont
découvert, de sa simplicité, de sa proximité, de son humilité.
A nous aussi Jésus se manifeste de multiples manières. Soyons attentifs. Son étoile est là. Que
la lumière de son amour nous émerveille et habite tout ce que nous sommes pour que nous puissions en
être de vrais témoins. A Jésus faisons l’offrande de nos vies, du plus précieux de ce que nous sommes, et
de tous nos voeux. Et lui nous conduira vers la vraie vie.

Père Sébastien

Is 52, 7-10 ; He 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18

HOMELIE

Voilà Noël qui intervient, comme l’année dernière, au coeur d’une pandémie qui vient
perturber la fête, mais qui nous ramène peut-être à l’essentiel. En effet, tout en respectant les
consignes nécessaires, nous sommes venus clamer haut et fort qu’un enfant nous est né, Jésus notre
Sauveur. Cette nuit, nous avons pu reprendre le chant des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des
cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Nous croyons donc que face au contexte sanitaire
difficile et aux restrictions que nous avons à observer, face aux crises de notre monde et à tout ce qui
nous éprouve, le Christ est là, il vient nous apporter sa paix. Nous ne devons pas choisir de sombrer
dans le découragement, car fêter Noël c’est célébrer l’espérance de vie nouvelle et de paix que nous
apporte le Fils de Dieu.
Aux bergers de Bethléem, les anges disent : « Ne craignez pas, il vous est né un Sauveur ». Et
Isaïe de renchérir aujourd’hui : « Eclatez en cris de joie ». Pourquoi ? Parce que dans ce monde où
nous avons à vivre, en cherchant la lumière nécessaire pour discerner, choisir, aimer, bâtir nos
familles, nos communautés, pour aller vers le bonheur, Dieu ne nous laisse pas seul. La Parole du Père
naît parmi nous, lumière dans le monde. Certes, l’enfant de la crèche ne dit rien, mais il nous apporte
un message d’un contenu et d’une force extraordinaire. Pour percevoir cette Parole, il faut faire
silence, ouvrir les yeux sur la crèche et tendre l’oreille intérieur, parce que selon l’épître aux
Hébreux celui qui est né est, « rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être ».
Jean affirme que personne n’a jamais vu Dieu, sinon le Fils unique. Lui seul a pu nous le faire
connaître. Telle est sa mission première.
Or voilà que dès sa venue dans le monde, tout Dieu qu’il est, il vient naître dans la précarité ; il
choisit la simplicité et la modestie extrême. Il plonge dans notre humanité misérable. Il choisit, par
amour pour nous, d’immerger là où l’humanité peine à vivre, dans l’obscurité, le froid et l’incertitude.
C’est dire que Dieu nous rejoint dans notre fragilité. Et dès sa naissance donc, Jésus annonce les
attitudes qu’il va prendre quand il deviendra adulte, lui qui ira à la rencontre de tous, des blessés de
la vie particulièrement, pour soutenir leur foi, leur espérance et leur donner son amour.
Témoin de Dieu qui a planté sa demeure parmi nous. Sa naissance ouvre déjà à un monde de
rencontres avec Dieu qui se révèle dans la simplicité et la proximité solidaire vis-à-vis de l’homme.
Rencontre entre ciel et terre, entre la Parole créatrice et l’humanité en quête de vie, rencontre des
messagers de Dieu avec ceux qui vivent parfois avec beaucoup de peine et qui cherchent le sens de ce
qu’ils voient, rencontres entre les gens du terroir et les étrangers, rencontre entre des gens venus du
nord (la Galilée) et ceux du sud (la Judée). Noël doit nous donner la soif d’aller à la rencontre.
Toute sa mission sera d’appeler au salut et de faire des humains les témoins de sa lumière.
Saint Jean souligne que Jésus est la vraie lumière. Il note ce Jésus « est venu chez les siens, et ceux-ci
ne l’ont pas reçu. Mais à ceux qui l’ont reçu il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ».
Aujourd’hui encore, Noël semble plus être une fête populaire de fin d’année qui, chez beaucoup de
gens, a perdu tout lien avec Jésus. Nous chrétiens, nous avons un plus et pas le moindre : nous fêtons
parce que nous accueillons en nous la vie de Jésus, son amour et la joie que provoque sa présence. Il
est le grand Cadeau de Dieu à nous, et qui nous aide à faire de nos vies un cadeau à l’humanité.
Pensons alors à la crèche de notre coeur, et prions donc Dieu pour que, par-delà tous les plaisirs de la
fête, cette joie-là, la joie des bergers reçue des anges, cette joie belle, unique et inaltérable, soit
donnée à tout homme.
Nous recevons aujourd’hui la mission assumée par Jean Baptiste. L’évangile dit qu’il est venu
comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient en lui. Soyons donc dans
la joie, une joie partagée. Le contexte sanitaire peut emmener au repli sur soi, mais nous demandons
à l’enfant Jésus de nous donner toute l’inventivité de son Esprit-Saint pour créer et multiplier les
gestes adaptés, de fraternité et de solidarité en famille, entre amis et autour de nous.
Viens Seigneur Jésus habiter nos coeurs et notre monde ! Et donne-nous ta paix et ta joie

Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

HOMELIE
 

Voilà Noël qui intervient, comme l’année dernière, au cœur d’une pandémie qui vient perturber la fête, mais qui nous ramène peut-être à l’essentiel. En effet, tout en respectant les consignes nécessaires, nous sommes venus clamer haut et fort qu’un enfant nous est né, Jésus notre Sauveur ; nous osons reprendre le chant des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Nous croyons donc que, face au contexte sanitaire difficile et aux restrictions que nous avons à observer, face aux crises de notre monde et à tout ce qui nous éprouve, le Christ est là, il vient nous apporter sa paix. Nous ne devons pas choisir de sombrer dans le découragement, car fêter Noël c’est célébrer l’espérance de vie nouvelle et de paix que nous apporte le Fils de Dieu.

Jésus est né justement dans un contexte qui pouvait conduire au découragement. Car depuis longtemps on attendait l’accomplissement de la parole d’Isaïe qui depuis des siècles avait dit : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… ». Isaïe annonçait alors la naissance d’un enfant par qui viendrait la justice, le salut et la paix. Or il a fallu des siècles de patience dans la foi. Puis, pour qu’advienne la joie de cette naissance aux bergers de Bethléem, il a fallu la longue marche de Marie enceinte accompagnée de son époux. Il a fallu que Joseph et Marie subissent le refus des aubergistes jusqu’à aller dormir à la belle étoile, dans l’obscurité d’une grotte froide. Ils ont tenu bon et finalement est venue aux bergers cette grande joie qui nous est donnée. Nous avons des motifs nombreux à être dans la joie.

Le premier motif de joie pour Marie, Joseph et nous, c’est déjà la naissance d’un enfant. Un enfant attendu et qui vient au monde, c’est toujours un motif de grande joie. Un enfant, c’est un visage nouveau, tout frais, innocent et pur, le visage que Dieu veut donner à nos vies et à notre monde. Avec un nouveau-né, c’est forcément des projets à mettre en place, un avenir qui s’ouvre, un renouveau de la vie. Noël, c’est une naissance, une vie nouvelle qui commence pour nous sur les perspectives que Dieu lui-même ouvre par Jésus. C’est donc dans la joie et avec reconnaissance que nous accueillons la vie nouvelle par Jésus. Et nous demandons cette grâce pour tous les nôtres et pour le monde.

Si la naissance d’un enfant est un signe de vie nouvelle, le 2ème motif de joie et d’espérance est que cet enfant est « le Sauveur », disent les anges aux bergers : il est le Christ, le Fils de Dieu. Or tout Dieu qu’il est, il vient naître dans la précarité ; il choisit la simplicité et la modestie extrême. Il plonge dans notre humanité misérable. Il choisit, par amour pour nous, d’immerger là où l’humanité peine à vivre, dans l’obscurité, le froid et l’incertitude. C’est dire que Dieu nous rejoint dans notre fragilité. Et dès sa naissance donc, Jésus annonce les attitudes qu’il va prendre quand il deviendra adulte, lui qui ira à la rencontre de tous, des blessés de la vie particulièrement, pour soutenir leur foi, leur espérance et leur donner son amour. Nous ne sommes plus seuls, car celui qui est né est Emmanuel, ce qui veut dire « Dieu avec nous ». C’est en cela qu’il nous sauve. Voilà ce qui doit nourrir notre confiance et notre espérance. D’où l’appel des anges : « Ne craignez pas ».

Le 3ème motif de joie et d’espérance, c’est le fait que cet enfant est le Prince de la paix. Il s’enfouit dans notre humanité pour y répandre le souffle puissant de l’Amour et de la joie de Dieu. Si bien que sa présence ouvre déjà à un monde de rencontres dans la vérité et la simplicité, un monde solidaire. Rencontres entre les gens du terroir et les étrangers, rencontre entre des gens venus du nord (la Galilée) et ceux du sud (la Judée), rencontre des messagers de Dieu avec ceux qui ignorent et sont pourtant en quête du sens de ce qu’ils voient. Noël doit nous donner la soif d’aller à la rencontre…

Je noterai enfin un 4ème motif de joie : le fait que l’enfant Jésus qui vient dans le monde, est confié à Marie, Joseph et les bergers. Et à nous dans la suite. Oui l’histoire de l’enfant qui naît nous donne de la joie, mais elle appelle aussi à notre responsabilité, car il faut l’accueillir. Jésus n’a pas choisi d’aller naître chez les puissants de Jérusalem, ou chez ceux qui n’auraient pas voulu que leur confort soit bousculé. Il est allé naître chez des bergers, des personnes simples, travaillant d’arrache-pied pour gagner dignement leur vie, tout en restant attentifs à la vie, tout en restant humains, ouverts et solidaires. Beaucoup de gens célèbrent Noël juste comme une grande fête de retrouvailles, de cadeaux et de repas de familles. Nous chrétiens, nous avons un plus, et pas le moindre : nous fêtons parce que nous accueillons en nous la vie de Jésus, son amour et la joie que provoque sa présence. Il est le grand Cadeau de Dieu à nous, et qui nous aide à faire de nos vies un cadeau à l’humanité. Pensons alors à la crèche de notre cœur, et prions donc Dieu pour que, par-delà tous les plaisirs de la fête, cette joie-là, la joie des bergers reçue des anges, cette joie belle, unique et inaltérable, soit donnée à tout homme.

Aujourd’hui vous est né un Sauveur. Soyons donc dans la joie, une joie partagée. Le contexte sanitaire peut emmener au repli sur soi, mais nous demandons à l’enfant Jésus de nous donner toute l’inventivité de son Esprit-Saint pour créer et multiplier les gestes adaptés, de fraternité et de solidarité, en famille, entre amis et autour de nous.

Viens Seigneur Jésus habiter nos cœurs et notre monde ! Et donne-nous ta paix et ta joie.

 

Père Sébastien

Mi 5, 1-4a ; He 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45

HOMELIE

L’évangile de la Visitation de Marie à Elisabeth montre que là où nous reconnaissons Dieu qui
est présent dans nos vies, il nourrit nos liens ; et nos rencontres deviennent plus riches et joyeuses.
Regardons d’abord vers Marie. Après l’Annonciation par l’ange Gabriel, à peine a-t-elle accueilli
en elle la Parole du Père qui prend corps en sa chair qu’elle se met en route. A peine a-t-elle reçu
« l’ombre de l’Esprit » qu’elle est poussée par le Souffle divin comme les Apôtres à la Pentecôte. Elle part
apporter de l’aide à sa cousine et la joie de la bonne nouvelle qu’elle porte en elle. La présence du Christ
en elle la met en route. Elle devient la première en chemin dans l’annonce du Sauveur qui vient.
Et l’évangéliste dit que Marie va avec empressement. C’est parce que celui qu’elle porte est
attendu. A juste titre, Michée vient ici rappeler que le Sauveur va ne naître non pas à Jérusalem, ville des
puissants, de beaucoup d’injustices et d’indifférence malgré la présence du Temple avec ses nombreux
sacrifices. Le Messie va naître à Bethléem, une petite ville dont le nom veut dire « Maison du pain »,
devenant une annonce claire du Christ qui se présentera comme pain vivant descendu du ciel pour nourrir
les hommes, les rassasier de justice, consolider la joie et donner la paix véritable qui ne viennent que de
Dieu. Quiconque reçoit cette promesse divine et en devient témoin comme Marie après l’annonciation, ne
retient rien pour soi, mais sans tarder, sort de ses commodités pour aller à la rencontre des autres.
Il y a urgence pour aujourd’hui encore parce que le monde est en attente : les couples espérant
de revivre dans une joie qui les unit de nouveau ; les personnes comme Elisabeth, âgées, seules,
éprouvées ; celles qui sont dans une attente de considération, assoiffées d’être entourées… Toutes ces
situations qui appellent une présence, une chaleur humaine, une parole, etc. Elles sont nombreuses et
lourdes les distances entre groupes, peuples et entre personnes parfois d’une même famille qui ne se
visitent plus, qui ne s’entendent pas, qui ont de nombreux prétextes pour se tenir au loin. Dieu vient
effacer ces distances, combattre ces indifférences. Nous n’avons pas à nous contenter de rites et de
liturgies. Peut-être dirions-nous comme le Christ : « Je n’ai ni sacrifice ni holocauste à donner, mais tu m’as
formé un corps. Alors je dis : me voici Seigneur je viens faire ta volonté ».
2ème chose à retenir : si cette rencontre d’Elisabeth et Marie est réussie, c’est parce qu’il y a
chez ces deux cousines l’émerveillement devant l’inattendu que Dieu réalise et qui attire l’une vers l’autre.
L’inattendu de Dieu chez Elisabeth devenue enceinte alors qu’elle était stérile, tout comme chez Marie
enceinte alors qu’elle est vierge. Et chacune reconnaît dans l’autre la présence et la merveille de Dieu.
Elisabeth crie : « Tu es bénie et le fruit de tes entrailles et béni ». Elle reconnaît avoir une grâce que d’être
visité par la mère du Seigneur. De son côté Marie va chanter le Magnificat reconnaissant la bonté de Dieu
qui donne du fruit dans le corps et la vie d’Elisabeth et de tous les humbles. Elisabeth ajoute : « Heureuse
celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». La foi ! Croire
en l’accomplissement de la Parole de Dieu.
Chers frères et soeurs, n’est-ce pas que Dieu continue son oeuvre dans la vie des hommes ? Il
continue à déposer dans le coeur de l’homme les fruits de sa Parole et de son Esprit. Or nous avons parfois
nos idées fixes sur tel ou tel individu, mais est-ce que nous savons ce que Dieu réalise discrètement au
plus secret des coeurs ? Non ! Pourtant on peut dire que depuis que Jésus a pris place dans le sein d’une
femme, il a établi sa demeure en l’homme. Il établit sa présence au coeur de nos vies. Jésus dit : « Si
quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera et nous ferons chez lui notre demeure ». Et selon Paul, nous
sommes le Temple du Saint Esprit. « Tu es là au coeur de nos vies et c’est toi qui nous fait vivre, Seigneur
Jésus ».
Notre incapacité à discerner la présence de Dieu chez l’autre, de voir les grains de son amour
dans les mots et les gestes de l’autre, notre incapacité à nous émerveiller, à reconnaître la présence de
Dieu qui agit, cette incapacité peut nous fait manquer la beauté des rencontres que Dieu nous donne.
Laissons la parole de Dieu prendre chair dans nos vies et demandons-lui de lui nous donner la
grâce de discerner ce qu’il réalise dans le coeur des hommes. Les fêtes viennent, l’occasion nous est donné
de vivre l’expérience de la Visitation, de la solidarité, avec émerveillement et en louant Dieu qui nous
enrichit de son amour.

Père Sébastien

So 3, 14-18a ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18

HOMELIE

A l approche de Noël, nous sommes au dimanche de Gaudete, dimanche de la joie. Sophonie le prophète et l’apôtre Paul multiplient les expressions de cet appel : ne crains pas, réjouis-toi, trésaille d’allégresse, ne crains pas, soyez toujours dans la joie. Nous sommes invités à redécouvrir la joie chrétienne.

La 1ère chose à noter est que le Seigneur veut nous donner sa joie. Non pas que nos joies humaines ne comptent pas aux yeux de Dieu, mais elles sont souvent si éphémères et superficielles, que nous avons besoin de ce qui les fonde, les purifie et qui permet de nous conduire au vrai bonheur. Dans nos lectures, la joie est toujours liée à la venue du Seigneur. P ex dans la 1ère lecture : « Pousse Sion des cris de joie, le Seigneur est en toi ». Et Saint Paul qui dit : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ». C’est parce que le Seigneur est là que nous sommes dans la joie.

Mais plus que ça, la joie chrétienne est une joie divine. Sophonie dit : « Dieu aura en toi sa joie ». Autrement dit, la joie qui est au cœur de la trinité se déborde jusque dans notre âme. La joie chrétienne, c’est vivre notre petite vie, et dedans éprouver la même joie que Dieu.

Comment y parvenir ? Que devons-nous faire ? Cette demande inquiète des foules est aussi la nôtre. Et vous avez entendu la réponse de Jean-Baptiste.

Jean Baptiste répond à ceux qui viennent se faire baptiser, un baptême de conversion. Il leur répond par le fameux devoir d’état : que les soldats assurent la sécurité, mais sans agir avec violence ; que les publicains collectent les impôts mais rien que les impôts ; que chacun soit attentif à celui qui est dans le besoin ; que tous agissent selon le devoir de justice, d’honnêteté et de solidarité. Il nous appelle à aimer la simplicité, à nous contenter du nécessaire afin que nos cœurs ne soient pas saturés par les joies éphémères.

Notre âme doit être le bon terreau pour recevoir le don de Dieu, le don de sa joie. Il vient donner une saveur divine, une saveur d’éternité à nos joies humaines. Nous devons apprendre à vivre du nécessaire pour laisser de la place à Dieu, pour que lui-même vienne déverser sa joie : « Moi je vous baptise avec de l’eau, mais vient celui qui est plus fort que moi. Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint ». C’est cet Esprit qui illumine nos vies, qui purifie nos cœurs, qui brûle en nous ce qui est inutile, qui préserve en nous le bon grain appelé à nous nourrir et à nourrir le monde par nous. C’est l’Esprit que nous donne la joie intérieure mais aussi l’élan nécessaire répandre cette joie reçue du Seigneur. Pour le Pape François la joie du Seigneur, la joie de l’évangile est « ce dynamisme intérieur qui nous pousse à agir, à nous tourner vers autrui, à aimer et partager, avec enthousiasme, …. C’est la joie de Zachée qui, recevant Jésus dans sa maison, passe de la prédation au partage ».

En citant les collecteurs d’impôts, les soldats, Luc prend un échantillon pour parler de tous les états de vie familiale et professionnelle. Il montre qu’une vraie conversion doit se traduire par des actes visibles dans la vie sociale ou professionnelle : partager, accomplir son devoir d’état avec droiture et justice, ne pas « profiter » de sa situation, ne pas céder à la violence quelle qu’elle soit.

A l’approche de Noël, accueillons l’invitation à vivre toujours dans la joie. Laissons donc l’Esprit-Saint reçu au baptême et dans la prière travailler en nous. Qu’il nous donne de vivre dans la joie du Seigneur. Qu’il nous donne aussi l’élan nécessaire qui nous aide à répandre cette joie.

Père Sébastien

2ème Dimanche de l'Avent — Année C : Ba 5, 1-9 ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3, 1-6

HOMELIE

Dimanche dernier, pour commencer l’Avent, le Christ nous a rassuré qu’il viendrait de nouveau et qu’il vient. Il nous a ainsi recommandé de veiller, de rester éveillés par la prière, pour guetter ses venues dans notre vie. En ce second dimanche de l’Avent, c’est la figure de Jean Baptiste qui nous est proposée comme modèle de la personne qui attend la venue du Messie. Cet homme fait l’expérience du désert. Là, dans le silence et la prière, il accueille la parole de Dieu, précisément celle où le prophète invite Jérusalem de quitter sa robe de tristesse. Oui Dieu a décidé, il va agir, il vient. Il va aplanir le chemin pour ramener les exilés et les captifs vers leur terre, vers la liberté et la joie.

Au désert, Jean Baptiste va s’approprier ce message et le reformuler pour son époque et pour nous. Il va dire : oui si vous préparez le chemin du Seigneur, si vous rendez droits ses sentiers, alors tout homme verra le salut de Dieu. Chez lui, ce n’est plus Dieu qui aplanit le chemin, mais c’est nous qui sommes appelés à lui aplanir le chemin, à combler les ravins, à abaisser montagnes et collines, à rendre droit les sentiers.

Mais quel est ce chemin à préparer ?

1) C’est d’abord celui par lequel Dieu vient au cœur de ta vie. C’est là qu’il vient faire alliance avec toi. C’est le lieu de toute relation et de toute décision.

2) Mais il y a aussi à préparer le chemin de Dieu qui veut bien venir vers tes tiens, ta famille, tes collègues de travail, tes amis et ta communauté, notre Eglise, ta commune avec ce qu’elle a comme jeunes et moins jeunes.

3) Il y a aussi à préparer le chemin sur lequel Dieu conduit son peuple de l’exil, c’est-à-dire d’une « vie loin du Dieu de la vie, d’une vie terne, vers le salut. Ici nous rejoignons la préoccupation du synode sur la synodalité, visant à voir comment le saint Esprit nous permet de faire un chemin ensemble dans l’harmonie et la communion, pour aller vers la vie éternelle. Et finalement il y a aussi à préparer le chemin du Seigneur qui me mène à l’autre, qui nous constitue des frères.

Qu’est-ce qui empêche donc le Seigneur de venir en nous, de passer par moi ? Qu’est-ce qui fait obstacle à la grâce de Dieu ? Ces obstacles signifiés par le prophète, Jean Baptiste en fait le rappel : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ». Saint Paul veut que notre Avent soit un temps de discernement. Nous verrons alors que les ravins, les fossés, les ruptures, il y en a entre Dieu et nous. Des ravins, des fossés, des montagnes et des collines, il y en a entre personnes, dans les couples, dans les groupes, et dans le monde entre peuples. Nous sommes invités à voir et à combler les ravins de nos égoïsmes, de nos indifférences, de nos divisions. Il faut abaisser les montages de notre orgueil et les collines de notre injustice. Il nous faut rendre plus droites et pures nos pensées et nos regards.

Tout cela nécessite un travail de conversion ; la miséricorde de Dieu est à l’œuvre, elle attend que nous puissions reconnaître nos faiblesses afin d’aller vers démarche de pénitence et de conversion. Sa miséricorde s’étend d’âge en âge, et elle nous accompagne pour nous faire progresser sur le chemin de l’amour. Saint Paul écrit en effet : « J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement ». Avec la grâce de Dieu, l’Evangile du Christ fait bien son petit bonhomme de chemin ; il y a beaucoup de gestes d’attention, de bienveillance, de solidarité à admirer, surtout avec la covid 19.

Convertissons notre regard et notre cœur en accueillant donc les signes d’amour que Dieu nous donne inlassablement. Et finalement, sûrs de son amour et forts de notre foi, quittons notre robe de tristesse en mettant notre confiance et notre espérance dans le Christ qui vient.

 

Père Sébastien

Isaïe 25,6-10a ; Psaume 22 ; Thessaloniciens 3,12-4,2 ; Luc 21,25-28.34-36

HOMELIE

Nous voici au 1er dimanche de l’avent. L’avent, du latin adventus, signifie l’avènement ou la venue d’un roi par exemple, ce qui exige une bonne préparation de la part de ceux qui l’accueillent. Pour nous chrétiens, le roi qui vient est tout particulier, c’est l’enfant jésus ; et la préparation dont il est question dans l’avent est spirituelle. L’avent est donc une période d’attente, d’espérance et de conversion.

Avec l’avent, ce que nous préparons, c’est donc moins le côté matériel de la fête de noël, que l’accueil joyeux du christ qui vient en nous et parmi nous, la venue du messie que les prophètes avaient annoncé comme celui qui sauve et qui, dans nos jours sombres comme au temps de jérémie, apporte sa lumière, sa justice, son amour et sa joie. C’est cela qui fait de l’avent un temps d’espérance.

Il est vrai que le christ est déjà venu il y a 2000 ans dans l’humilité de la mangeoire, pour être l’un de nous. Il est aussi vrai que, d’après l’évangile, jésus reviendra à la fin des temps. Mais comme il est pour nous le bon berger (ps 22 ; jn 10), nous n’hésitons pas de dire à chaque messe : « nous attendons ta venue dans la gloire ». Car avant qu’il ne revienne à la fin des temps, nous sommes là entre les deux venues, sans sa présence palpable, avec nos soucis auxquels les lectures de ce dimanche font allusion. L’évangile évoque des bouleversements du monde et la peur qu’ils provoquent. Le covid en est une parfaite illustration : nous avons l’impression d’avancer dans un long tunnel ! On attend d’en sortir pour voir la lumière. De son côté jérémie annonce le germe de justice, comme pour pointer du doigt notre monde où la justice reste l’objet d’une quête permanente, et un monde qui est souvent non ajusté à dieu. Devant ces épreuves et tout ce que nous bouscule, le chrétien n’a pas à désespérer, ni à être défaitiste. Lorsque vous verrez ces situations difficiles, explique jésus, « redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Jésus vient dans l’aujourd’hui de nos vies.

L’attitude qu’il nous recommande pour ce temps de l’avent consiste à veiller et à rester éveillé. En effet, dans son attente du christ, un des dangers qui guette le chrétien, c’est de s’endormir, non pas d’un sommeil physiologique, mais d’un sommeil spirituel, moral : je mets en veille ma foi, mon espérance, ma charité, mon désir de jésus, de sa parole ; j’entre dans une forme de vie humaine et spirituelle qui s’appelle : l’habitude, la routine, la paresse, le découragement, l’ennui. Je m’installe alors dans ce qui nous attire, ce qui est facile : repos, divertissement, manger, boire, réseaux sociaux, grignoter, etc. Le risque c’est de nous laisser enivrer par tout cela et de ne pas voir jésus quand il vient.

Il nous dit alors « restez éveillés et priez ». Car une âme qui veille, une âme qui est en état de vigilance saura toujours ajuster sa vie au regard de dieu. Veiller car, pour venir demeurer en nous et dans nos maisons, c’est tous les jours que jésus frappe à notre porte. Il vient lorsque nous prions, lorsque nous écoutons sa parole, il vient dans les sacrements et surtout l’eucharistie, il vient aussi par ses témoins et tout homme.

Il nous faut donc veiller aussi sur l’autre, car jésus vient aussi par le prochain. Rappelez-vous la scène du jugement dernier : « ce que tu as fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». L’avent nous responsabilise donc : il s’agit de s’ouvrir à l’autre, voir en lui le visage du christ, veiller sur ceux qui nous entourent, en particulier celles et ceux qui vivent un temps difficile. Ne laissons pas passer ce jésus qui vient incognito, ne ratons aucune occasion de le reconnaître dans l’autre et de l’accueillir. Ainsi, à ceux qui attendent la venue du christ, saint paul formule ce souhait : « que le seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant ».

Finalement, chers amis, le temps de l’avent devra être un temps de conversion, de joie partagée et d’espérance. Restons éveillés pour guetter les multiples signes du christ qui vient dans nos vies pour nous transformer et nous transfigurer. Que l’esprit-saint nous accompagne.

Père Sébastien

Daniel 7,13-14 ; Psaume 92 ; Apocalypse 1,5-8 ; Jean 18,33b-37

HOMELIE

C’est aujourd’hui la fête du Christ Roi. Mais de quelle royauté s’agit-il ? Pour répondre à cette question, l’évangile de ce dimanche rapporte un dialogue passionnant et éclairant entre Pilate et Jésus. Pilate s’interroge sur la nature de la royauté de Jésus, mais cette nature lui échappe, car comme dit Jésus : « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Pilate ne comprend pas, et cette incompréhension fera de lui une sorte de prophète, puisqu’il va ordonner que soit écrit sur la croix ce qu’il considère comme l’identité de Jésus : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs », le fameux INRI que nous voyons souvent sur nos crucifix.

Pourtant Jésus lui avait dit clairement : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité ». La vérité dont Jésus parle est celle de sa mission qui consiste à faire connaître au monde le vrai Dieu et à montrer que Dieu est Amour, celui que chante Marie dans le Magnificat, qui est miséricorde et dont l’Amour s’étend d’âge en âge.

Jésus se reconnaît être le fils de l’homme annoncé par Daniel ; il est donc le Messie, fils de David, fils de Dieu et plein d’humanité. Pour expliquer sa royauté, il déclarera : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Son attention se porte sur les plus humbles et les plus petits, à qui dira : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (Mt 11,28-30).

Voilà pourquoi, tout en assumant le titre de roi, Jésus montre des réserves par rapport à l’imaginaire de l’époque sur la royauté terrestre. Il est Roi, non pour assujettir, mais pour libérer. Sa royauté, il ne l’a pas exercée par la force, ni par la recherche d’un pouvoir absolu, de richesse ou des honneurs, mais en étant serviteur de tous, en prenant soin des plus pauvres et des plus faibles, en exerçant la justice avec miséricorde. Retenons de cela 3 grandes implications :

1) Nous sommes invités à porter un regard renouvelé sur notre foi, pour savoir que la relation entre Dieu et nous n’est pas une relation d’un souverain avec des sujets ou entre un dominant avec des dominés ; c’est plutôt une relation d’amour : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis », dit-il à ses disciples (Jn 15,15). Il est un ami, d’un amour allant jusqu’au bout (Jn 13,1), jusqu’à la croix. Il est le bon berger (Jn 10). Pour goûter la beauté du règne du Christ et l’accepter, Jésus nous recommande d’écouter sa voix. Le règne de Dieu vient par l’écoute et l’accueil de sa parole.

2) Cette fête porte un aspect paradoxal et presque provocant qui doit nous interpeller. Le Christ est déjà roi, proclamons-nous ; or nous rencontrons tous les jours l'apparence du contraire ! La mort engloutit tous les jours des millions d'hommes, et la haine sévit sur des quantités de champs de bataille, petits ou grands. Mais, justement, en célébrant la fête du Christ-Roi, nous affirmons fermement notre foi et nous réveillons notre espérance et nos engagements pour de hâter la réalisation de ce règne.

3) C’est pourquoi la fête du Christ-Roi est notre fête, tous les baptisés, puisque par le baptême tous les chrétiens participent à la vie et à la mission du Christ prophète, prêtre et roi. Nous sommes rois, non pas les maîtres de l’univers, mais les témoins du vrai Dieu. La royauté qui nous a été partagée nous invite à l’humilité du service et de la vérité. Mais sommes-nous toujours dans cette ligne de la royauté du Christ, roi de l’univers ou ne pêchons-nous pas par orgueil ? Cette royauté nous invite à la vérité d’un amour qui se donne et s’offre pour le salut de tous. Et il y a à espérer, parce qu’il y a beaucoup de belles choses vécues, beaucoup d’amour partagé. Il faut voir et soigner toutes ces belles fleurs de la grâce.

Ainsi, pour terminer, à nous qui accueillons le règne du Christ, l’Apocalypse offre une magnifique conclusion de l’année liturgique qui s’achève. On dirait un souhait de saint Jean le disciple bien-aimé de Jésus, un souhait d’une nouvelle année de grâce : « A vous, la grâce et la paix, de la part de Celui qui est, qui était et qui vient … A lui qui nous aime…, qui a fait de nous un royaume…, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen ».

Père Sébastien

Daniel 12,1-3 ; Psaume 15 ; Hébreux 10,11-14.18 ; Marc 13,24-32

HOMELIE

Nous sommes à l’avant dernier dimanche de l’année liturgique ; bientôt une nouvelle va commencer, dès la fin de novembre et le début de décembre où l’on se prépare pour la nouvelle année civile. Même la nature témoigne du temps de la fin, avec les arbres qui perdent leurs feuilles. Mais après cela vient le plein redémarrage. Il faut donc lire les signes de temps et vivre dans l’espérance, en regardant vers Jésus qui vient. C’est ce que nous dit l’évangile de ce dimanche.

Nous vivons une époque qui connaît beaucoup de catastrophes naturelles et morales. Le Christ ne vient pas en rajouter, au contraire ! Certes, il annonce des signes terrifiants qui accompagneront sa venue : guerres, famine et catastrophes naturelles : « Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière et les puissances des cieux seront ébranlées » (vv. 24-25). Mais pour comprendre ce qu’il dit ici, il faut savoir qu’à l’époque, chez beaucoup de peuples, le soleil, la lune et les étoiles étaient des dieux et donc des idoles auxquels on rendait un culte. Avec Jésus, c’est fini. Fini les dominations qui font peur, qui écrasent, qui égarent, qui divisent. Jésus a vaincu le mal ; le ciel est comme nettoyé. Jésus annonce la fin d’un monde ancien et le commencement d’un monde nouveau, le monde où règne le Fils de l’homme qui se manifeste là où sont les témoins de sa venue. Dans l’Apocalypse, l’Apôtre Jean n’hésite pas d’annoncer qu’avec la venue du Christ se lèvera un monde nouveau où Dieu essuiera toute larme de nos yeux, où la mort ne sera plus, où il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur… (21,4). L’évangile apporte donc un message d’espoir, comme Daniel qui n’hésite pas de parler de résurrection. Le mal a beau nous entourer, il ne triomphera pas. C’est le bien, l’amour qui auront le dernier mot.

Quand cela arrive-t-il ? Nul ne le sait, dit Jésus qui ajoute cependant que ce sera avant que cette génération ne passe. Donc, en attendant son retour à la fin du monde, il vient, « dans la nuée », incognito, discrètement. Il est présent dans sa parole partagée, dans les sacrements et particulièrement l’Eucharistie ; il est présent par ses témoins qu’il envoie pour travailler à l’avènement d’un monde nouveau : Dieu fait lever l’archange Michel, et Jésus parle des anges de Dieu envoyés aux 4 coins du monde pour rassembler les élus. Jésus est à l’avant plan d’un combat spirituel qui sauve et qui est aussi le nôtre, nous ses « anges » d’aujourd’hui, ses envoyés et ses messagers.

C’est pourquoi le Pape François a voulu depuis 2017, après l’année sainte de la Miséricorde, que ce 33ème dimanche qui précède celui du Christ Roi de l’univers soit le dimanche des pauvres. Ce dimanche nous célébrons donc la 5ème Journée Mondiale des Pauvres.

Le thème choisi par le pape pour cette Journée Mondiale des Pauvres, est une phrase que Jésus adresse à ses disciples : « Des pauvres vous en aurez toujours avec vous ». Ces mots de Jésus attirent notre attention sur le fait que la pauvreté est de tout temps et partout ; elle peut être matérielle, mais elle est aussi bien plus grande que cela. Elle est multiforme, elle peut être matérielle, morale, spirituelle, etc. La remarque de Jésus veut dire aussi que la présence des pauvres parmi nous est constante certes, mais elle ne doit pas conduire à une habitude qui devienne indifférence. A cet effet, le Pape invite toute l’Église « à ne jamais perdre de vue l’occasion qui se présente de faire le bien ». Enfin, dans ce thème on peut voir aussi une invitation à voir ce qui manque terriblement à notre monde, à savoir le fait de ne pas reconnaître notre pauvreté. Or, rappelons-nous que Jésus fait l’éloge du pauvre de cœur : « Heureux les pauvres de cœur ». Heureux donc le cœur qui se reconnaît pauvre, qui se reconnaît dépendant de l’amour de Dieu, qui quémande cet amour, sachant que notre vraie richesse est cet amour de Dieu pour nous et en nous. Nous ne pouvons être proches des autres et les aimer que si nous recevons l’amour de Dieu ; et pour le recevoir il faut soi-même se reconnaître pauvre.

Ouvrons-nous à Jésus qui vient à notre rencontre pour habiter nos vies et écarter de nous tout ce qui est étranger à la vie divine. Soyons heureux d’être ses témoins afin que, par nous, vienne le monde nouveau où règnent l’amour et la paix de Dieu.

Père Sébastien

 

1 R 17,10-16 ; Ps 145 ; He 9,24-28 ; Mc 12,38-44

HOMELIE

La liturgie de ce jour nous enseigne sur l’esprit du vrai don ajusté à la volonté du Seigneur. Dans l’épitre aux Hébreux, l’auteur rappelle que, pour nous sauver, Jésus est allé jusqu’à s’offrir, en faisant don de lui-même. C’est pourquoi, ailleurs il dit à ses disciples qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15,13).

Les exemples à imiter ne manquent pas dans la Bible, ni dans la vie de l’Eglise et du monde. Dans l’évangile, Jésus admire la générosité de la veuve qui dépose deux pièces, sa seule richesse : « Elle donne tout ce qu’il avait pour vivre » ; elle donne sans compter. Dans la 1ère lecture, on voit la bonté de la veuve de Sarepta. Malgré son indigence extrême, alors qu’il ne lui reste que de quoi prendre un repas, elle et son fils avant une mort évidente, elle ose prendre le risque de partager à Elie. Dieu se fait pauvre et présent à travers le prophète. Grâce à sa confiance, cette pauvre veuve prend le risque de partager, et la bénédiction divine se réalise pour elle : l’huile et le pain ne leur manqueront plus tout au long de la sécheresse.

Ces deux figures, la liturgie nous les donne en exemple de générosité, de don de soi. Elles nous montrent que la grandeur du don ne dépend pas de ce que tu donnes ou combien, mais de comment tu donnes. De ces récits, on voit que personne n’est si pauvre qu’il n’ait rien à donner, et personne n’est si riche qu’il n’ait rien à recevoir. Chacun a quelque chose à recevoir ou à donner. Le superflu et l’indigence, nous l’avons tous. Jésus ne nous demande pas de nous appauvrir, mais de savoir prendre de la peine et du risque pour la vie de l’autre.

Notre monde se meurt si nous devenons égoïstes et si nous ne savons plus donner. Car la vie est un don ; et si le don de soi devient absent de nos vies, tout meurt et finit à petit feu. Heureusement que nous savons encore nous dépenser pour d’autres, et que d’autres l’ont fait et le font encore pour nous. L’expérience de ces dernières, surtout dans le contexte de la Covid 19, devrait nous aider à comprendre l’importance du don allant jusqu’au don de soi. C’est pour cela qu’on a souvent applaudi les soignants pendant le confinement… Ils ont pris de risque. Car effectivement, donner comporte un risque, mais un risque fructueux pour celui qui donne et pour celui qui reçoit. Vous connaissez ce poème qui dit : « Il restera de toi ce que tu as donné. Ce que tu as donné, en d'autres fleurira. Celui qui perd sa vie un jour la trouvera » (Simone Veil).  

Mais pour réaliser ce don de soi à la manière de Jésus, il y a dans l’évangile un jeu de regards auquel il faut faire attention. Dans le Temple, Jésus est assis et il observe : il y a donc le regard de Dieu, attentif à nos vies, au riche et au pauvre. Puis, il prévient ses disciples contre la tentation de se donner en spectacle pour prier, partager ou servir. Ceux que Jésus traite d’hypocrites, leur attention va surtout sur ceux qui les voient. Ce qui les intéresse ce n’est pas tellement leur relation à Dieu ; c’est plutôt l’apparence, ce que les autres voient et l’honneur qu’ils espèrent en récolter. Est-ce que je n’agis pas sous la pression des regards des autres ? Suis-je dans telle activité familiale, d’Eglise ou de la vie associative, pour rencontrer Dieu, pour vraiment servir, ou pour entretenir une bonne image de moi-même ?

Est-ce que je donne priorité au regard de l’Invisible ? En effet, la veuve de l’évangile aurait pu se sentir mal à l’aise. Elle aurait pu se dire : que vont-ils penser de moi ? Mais, discrètement, elle a donné au Seigneur ce qu’elle avait ; quelque part, elle lui a donné sa vie. Parce qu’elle était sous le regard de Dieu, elle a compris que Dieu, Lui, regarde le cœur, l’intention, la qualité et non pas la quantité. Elle a eu la joie de donner, en sachant qu’elle était sous le regard de Dieu qui la connaît, qui l’aime et qui sait lui seul comment son geste est riche. Ce que le Seigneur nous invite à vivre, c’est d’être en accord avec sa volonté. Cette volonté qui n’est pas là pour nous écraser ni pour enlever notre liberté, mais qui est là pour nous donner une surabondance de vie et de joie. 

Remercions le Seigneur pour tous les témoins de la bonté de Dieu, et prions pour que la Providence les accompagne. Demandons au Christ de nous nous donner son esprit pour qu’à notre tour et pour toute notre vie nous abandonner avec confiance à sa bonté et sous son regard d’amour.

Père Sébastien

Toussaint 2021 : Apocalypse 7,2-4.9-14 ; Psaume 23 ; 1 Jean 1-3 ; Matthieu 5,1-12a.

HOMELIE

Dans l’Apocalypse, saint Jean donne le témoignage d’une vision qu’il a eue. Il a vu la foule immense de tous les saints en train de louer Dieu. Le même apôtre nous dit : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Ce que nous célébrons dans la Toussaint, c’est donc l’œuvre de l’amour infini de Dieu, de sa sainteté incarnée dans des femmes et des hommes de chair et de sang.

Des gens ordinaires, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs vertus et leurs péchés, ont reconnu Dieu et son amour. Ce sont des enfants de Dieu, qui « ont lavé leur robe dans le sang de l’agneau ». Cela signifie qu’ils ne sont pas nés saints ! Mais, ils se sont laissés transformer, jour après jour, par les paroles de Jésus et par la communion avec lui qui a versé son sang pour l’humanité. Ils ont essayé d’aimer toujours de mieux en mieux.

Ce sont donc des hommes et des femmes qui, à travers l’histoire, ont essayé de vivre en amis de Dieu. Des hommes et des femmes d’espérance et qui, en fin de compte, expérimentent les paroles de saint Jean qui dit : « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est ». Des gens qui se savent pauvres face à Dieu et qui sont heureux de s’abandonner à Lui ; des gens qui souffrent, qui sont consolées parce qu’ils se savent aimés par Dieu, et qui à leur tour consolent leurs frères. Des gens qui savent compatir et pardonner ; des personnes affamées et assoiffées de justice, des personnes qui ont le cœur pur et qui travaillent pour instaurer la paix en ce monde, mais aussi de gens pauvres et des persécutés à cause de leur foi. 

Ce sont tous ces gens heureux que nous célébrons aujourd’hui, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Ceux de nos familles et de nos communautés. Ceux que nous avons connus au long de notre propre existence et ceux qui ont vécu depuis le commencement des âges -- et que nous connaissons aussi d’une certaine façon.

Ce que nous célébrons c’est un bonheur qui est ouvert à nous aussi. Un bonheur que Jésus met à la disposition de tous, si on opte pour le règne de Dieu. Pour y accéder, il faut à la fois accueillir son Evangile et garder les deux pieds sur terre. Car Jésus nous élève tout en nous ramenant à la réalité de tous les jours, où nous découvrons que c’est de Dieu que nous tenons la vie ; il nous a aimés le premier, et c’est de lui que nous recevons la lumière qui conduit à la vie et au bonheur ; Jésus nous ramène à la réalité où il y a des pauvres à aider, des personnes tristes à consoler, des affamés à nourrir, des victimes de la violence à sauver, la paix à rétablir, même si tout cela peut nous conduire à être victimes d’incompréhension ou de persécution.  C’est en tout cela que se trouve le bonheur auquel nous appelle Jésus.

Beaucoup prennent ce chemin. Oui, il y a tant de sainteté cachée, vécue silencieusement, chez beaucoup d'hommes et de femmes qui n'en sont pas conscients ! Même sans le savoir, ils ont déjà pris place dans cette grande nuée de témoins qui, depuis Abraham et Marie, ont cru que « rien n'est impossible à Dieu » (Lc 1,37). Nous en remercions Dieu, et nous prions pour nous-mêmes et tous les hommes et femmes de notre temps. L’Eglise nous invite à vivre en communion avec ces saints, à prendre le chemin qu’ils ont suivi, celle de l’amitié profonde avec Dieu, celle de l’Evangile mis en pratique. En toutes circonstances, laissons-resplendir sur nos visages la douce lumière des saints, celle qu’ils puisent à la source du Christ, leur bonheur présent et à venir.

Père Sébastien

 

Deutéronome 6,2-6 ; Psaume 17 ; Hébreux 7,23-28 ; Marc 12,28b-34.

HOMELIE

Dieu promet à son peuple un pays où coulent le lait et le miel. Pour y accéder, y vivre en paix et
connaître le bonheur, il faut tenir à ses commandements dont l’essentiel est dans cette demande : « Tu
aimeras ». Soulignons deux messages-clés de ces textes : 1) L’amour vaut plus que tout ; 2) Aimer signifie
aussi écouter. Tu aimeras Dieu et le prochain. Aimer Dieu de tout son coeur, de toute sa force et de tout son esprit,
et aimer son prochain comme soi-même, voilà le plus grand commandement. C’est déjà ce que nous enseigne le signe de la croix. L’amour de Dieu et celui pour le prochain sont 2 volets indissociables, comme les deux barres de la croix. La barre verticale, c’est le lien entre ciel et terre, entre Dieu et moi. Le coeur à coeur avec Dieu, qui doit tenir debout, et qui doit traverser tout mon être. C’est la barre la plus longue, car par elle descend toutes les grâces divines ; par elle monte nos prières. La barre horizontale, indispensable pour la croix, ne tient que si elle est bien posée et fixée sur la barre verticale. Ce sont nos bras ouverts pour embrasser le monde, soutenus par notre relation de foi et d’amour avec Dieu.
Pour aimer Dieu, il nous faut regarder Jésus. Lui seul connaît ce Dieu que nous devons aimer et comment nous devons l’aimer. Il nous apprend que Dieu est notre Père qui nous aime. L’amour qu’il nous demande est une réponse à son amour. Ainsi Jésus sera toujours tourné vers son Père dans la prière, l’écoute, le dialogue, la communion, et une obéissance qui va jusqu’à la mort sur la croix et à la résurrection d’entre les morts. Et nous, tournons-nous vers Lui avec la même constance et la même confiance ? Est-ce que, comme Jésus, nous parlons à Dieu de nos besoins, de nos résolutions, de nos projets ? Sommes-nous heureux d’avoir avec Dieu des moments de dialogue, de communion, d’intenseamitié, dans la prière ? Ces moments où nous pouvons alors lui exprimer tout notre amour, l’adorer, chanter sa gloire, lui qui est présent dans l’univers entier, le louer au fond de notre coeur. Jésus nous enseigne aussi qu’on ne peut pas aimer le père sans aimer ses enfants. Donc, une autre manière d’aimer le Seigneur notre Dieu, c’est de se donner entièrement pour servir et sauver l’homme. Et là il nous donne un repère, à savoir l’amour qu’on a pour soi-même. Ici rappelez-vous la fameuse « règle d’or » de Jésus en Matthieu 7, verset 12 : « Faites pour les autres tout ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous, car c’est là tout l’enseignement de la Loi et des prophètes ». Et la formulation négative de la règle d’or s’énonce ainsi : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse ». Déjà dans l’ancien livre de Tobie on rencontre cette recommandation : « Ne fais à personne ce que tu n’aimerais pas subir » (Tb 14,15).
Pour Jésus, aimer Dieu veut dire aussi accomplir la volonté du Père, en mettant son esprit, son coeur, ses énergies, sa vie même, à la disposition de Dieu. L’Évangile nous montre Jésus toujours et totalement tourné vers le Père (cf. Jn 1,18), attentif à ne dire que ce qu’il avait entendu du Père, à n’accomplir que laseule volonté du Père. Dieu nous le demande à nous aussi. C’est pourquoi l’amour de Dieu nous demande de l’écouter. « Ecoute Israël », tel est le début de la prière juive de chaque jour. Cette exhortation nous concerne aussi : Ecoute ce que Dieu murmure à ton coeur, tous les jours. Ecoute dans le silence, le doux
murmure de la Parole. Cherche à déceler les traces et les orientations de l’amour de Dieu pour son peuple. Mais écoute aussi ce que le Seigneur te dit par ce qu’exprime et ce que vit ton frère ; ce qu’il laisse entendre par ses joies ou quand il souffre, pleure, ou quand il n’ose pas s’exprimer.
Finalement écouter Dieu, c’est aussi écouter l’autre. Comment pouvons-nous prétendre une personne qu’on ne sait pas écouter ? La démarche synodale que l’Eglise engage met l’accent là-dessus. En effet, comment cheminer ensemble si l’on ne sait pas s’écouter ? Savons-nous écouter ceux qui ont des opinions différentes ? est-ce qu’on n’a pas trop étouffé certaines voix dans l’Eglise, dans nos communautés ? Quel espace y a-t-il pour la voix des minorités ? Sommes-nous attentifs à ceux que l’on n’écoute pas assez ? Comment pouvons-nous construire une famille si l’on ne sait pas s’écouter les uns les
autres ?
« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu », dit Jésus à son interlocuteur qui sait bien répondre. Un bel encouragement à toutes nos attentions et nos actes d’amour vrai. « Tu n’es loin », veut dire qu’il y a encoreun pas à faire. Et ce pas qui est capital, c’est de passer de la connaissance théorique au vécu pratique.
Prions pour que l’Esprit qui nous est donné par Jésus nous aide à écouter et à mieux aimer Dieu et notre
prochain.

Père Sébastien

Jérémie 31,7-9 ; Psaume 125 ; Hébreux 5,1-6 ; Marc 10,46b-52

HOMELIE

Le récit de guérison de l’aveugle Bartimée, plein de détails, de mouvement et de revirements, est éclairant sur la détermination, l’importance de la confiance et de la compassion.

« Confiance, il t’appelle ». Voilà un beau message adressé finalement à nous tous. Mais, vous le savez, la confiance du croyant est souvent mise en mal par les épreuves, les déceptions, les incompréhensions avec les autres ou dans la foi en Dieu. A l’époque de Jérémie, c’est l’exil qui fait douter le peuple sur Dieu. On se demande comment lui Dieu, qui aime tant son peuple et qui est puissant, a laissé les Israélites être dispersés et se faire déporter ? L’exil est en effet une expérience difficile.

Est-ce que devant une épreuve il faut laisser tomber les bars et se laisser aller ? Non. Au contraire !

Jérémie en témoigne. Son peuple est en exil ; beaucoup de ses compatriotes ont des doutes. Mais le prophète est convaincu que Dieu n’oublie pas son peuple et qu’il agira parce qu’il est un Père. Les exilés reviendront, Dieu guérira leurs blessures et tout ce qui les fait souffrir. « Poussez des cris de joie », leur dit-il déjà dans l’espérance que Dieu interviendra.

Le psalmiste va dans le même sens, puisqu’à ses yeux l’expérience de l’exil a été douloureuse mais enrichissante. Le psalmiste a prié : « Ramène Seigneur nos captifs » ; puis en fin de compte, il chante : « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous ! Nous étions en fête. Il s’en va en pleurant ; il jette la semence ; il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes ! » L’épreuve est comme un temps de profonde méditation et de mûrissement de la foi. C’est le temps de vivre le mystère pascal de la mort et de la résurrection.

Et que dire de Bartimée ? Cet homme vit aussi une sorte d’exil : comme aveugle et comme mendiant, il est isolé. Il est toujours assis au bord du chemin pour mendier, il est « resté sur le bord de la route » au propre comme au figuré. Il est abandonné, il n’avance plus avec les autres.

Mais, mais… il a entendu parler de Jésus et il croit déjà que ce Jésus est le Fils de David, c’est-à-dire le Messie attendu. Quand il apprend que c’est Jésus de Nazareth qui passe, il se met à crier : « Fis de David, prends pitié de moi ». Il se sait malade, dans le besoin, et il espère. Bartimée est un aveugle décidé, déterminé. Il ne se laisse pas démonter : quand on veut l’empêcher, il crie plus fort. Devant Jésus, un dialogue s’engage : appel à la confiance ; il exprime sa demande, Jésus y répond : « Ta foi t’a sauvé ». L’intervention de Jésus ne se limite pas à ce qui a été demandé, la guérison physique ; elle ouvre plutôt au salut et à à la vie éternelle. Alors, Bartimée reçoit la lumière qui lui permet de ne plus rester sur le bord du chemin, mais de prendre désormais ce chemin à la suite du Christ avec d’autres disciples.

Son manteau, il l’abandonne. C’est pourtant tout ce qu’il avait pour se protéger. Il s’abandonne totalement à Jésus, dans la confiance. La vie est faite de mutations, de changements. Parfois elle nous fera passer par des moments douloureux où nous avons à lâcher ce à quoi nous avons tenu. Dans tout cela, il nous faut avancer et accueillir la vie que Dieu donne. C’est là que cet aveugle guéri est une figure de vie chrétienne. Son nom Bar-timé qui veut dire en araméen « fils de la gloire », évoque en fait la destinée de tout homme qui est de quitter sa cécité spirituelle pour partager un jour la gloire de Dieu. Ce nom nous interroge donc : Ne sommes-nous pas aveugles, nous aussi ? Voyons-nous suffisamment ceux qui sont au bord du chemin ? L’aveugle Bartimée veut retrouver la vue ; et nous savons-nous voir et choisir l’Essentiel pour nous ? Et Jésus près de nous à travers l’autre, à travers ses témoins, le voyons-nous ? En plus, aujourd’hui nous sommes souvent aveuglés. Nous ne voyons plus le péché, le désespoir et l’égoïsme qui nous enferment et nous replient sur nous-même. Le mal tout comme la foi sont relativisés parfois à outrance. Demandons au Seigneur, comme Bartimée : « Seigneur, que je voie ».

Regardons ensuite la compassion de Jésus. L’épître aux Hébreux insiste là-dessus. Tiré parmi les hommes, Jésus est capable de comprendre nos faiblesses et d’intercéder pour nous. Dans l’évangile, contrairement aux gens qui l’accompagnent, on voit le Christ interpellé par les appels à l’aide de l’aveugle, et il interrompt sa marche vers Jérusalem. Sa compassion agit aussitôt sur la foule : « Appelez-le ». A la suite de cette parole de Jésus, la foule devient bienveillante envers le malade et l’encourage : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ! »  Comme quoi, on peut parfois vaincre l’indifférence des gens devant le malheur de quelqu’un, en manifestant nous-mêmes le désir d’aider. Jésus nous dit de transmettre son appel à la confiance à celles et ceux qui sont au bord du chemin, qui crie au secours, où ceux qu’on ne laisse pas s’exprimer. Jésus veut interpeller la foule et lui demande d’agir en son nom.

Dans le message du Pape François pour la journée mondiale des missions, on lit cette phrase : « Aujourd’hui, Jésus a besoin de cœurs capables de vivre leur vocation comme une véritable histoire d’amour, qui les fasse sortir aux périphéries du monde et devenir des messagers et des instruments de compassion. Et c’est un appel qu’il nous adresse à tous, même si ce n’est pas de la même manière… ».

Rendons grâce à Jésus, lui le Prêtre éternel qui se fait toujours proche de nous, qui nous manifeste sa compassion. Accueillons son appel à la confiance. Accueillons la lumière de sa bonté. Et prenons le soin de la partager à nos proches, en étant nous-mêmes les témoins de sa bienveillance.

Père Sébastien

 

Textes : Isaïe 53,10-11 ; Psaume 32 ; Hébreux 4,14-16 ; Marc 10,35-45

HOMELIE

Pour que cette année pastorale 2021-2022 que nous commençons nous apporte la joie de vivre ensemble dans notre paroisse, nous voilà appelés à l’action de grâce, à la conversion et à l’espérance.

Action de grâce parce que Dieu nous garde et nous fait don d’une année nouvelle à vivre en Eglise. Action de grâce et espérance parce que nous entrons dans une année dédiée à la famille, avec toutes nos prières pour que Dieu bénisse nos familles, qu’il en fasse des lieux d’amour réel et durable, de joie, de paix, de pardon et de réconciliation. Action de grâce parce que, pour réaliser ce projet, et pour faire de l’Eglise une grande famille, le Seigneur nous met sur le chemin de la synodalité, la grâce de pouvoir cheminer ensemble dans l’harmonie. Espérance parce que Dieu, dans sa bonté, nous fait entendre son appel à une conversion radicale face à l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Eglise, que révèle le rapport Sauvé.

L’appel à la conversion nous concerne tous. Et nous le décelons dans les lectures de ce dimanche qui, tout justement, orientent notre regard vers Dieu et son Serviteur. Et il semble que ces lectures aident très bien à revenir sur la thématique sur laquelle nous venons de partager ensemble toute la matinée : les 5 essentiels de la vie du chrétien et de l’Eglise. C’est quoi ? 1) Le cœur à cœur avec Dieu dans la prière ; 2) La bonne fraternité ; 3) Le service ; 4) Le ressourcement ou formation ; et 5) l’évangélisation.

Les fils de Zébédée demandent à Jésus d’occuper les premières places. Cette soif de grandeur dont font preuve les deux frères est tapie au fond de chacun, de chaque groupe et de chaque peuple. Leur demande et la réaction des autres apôtres révèlent que même chez ceux qui sont proches du Christ, il y a des ambitions, des querelles, des malentendus. Il a fallu beaucoup de temps aux compagnons de Jésus pour découvrir la réelle identité de leur Maître. C’est en se mettant à son écoute, par un dialogue franc avec lui qu’ils vont grandir dans la connaissance de Dieu et dans la découverte de son amour. Nous avons donc besoin de vivre ce cœur à cœur avec Jésus, et de nourrir notre vie spirituelle par tout ce que l’Eglise met à notre disposition. Le prophète Isaïe parle d’un Serviteur broyé par la souffrance. Dans un contexte de persécution, il reste tourné vers Dieu et il plaît au Seigneur. Un modèle pour nous.

Par la prière, Dieu vient habiter notre cœur et semer son amour en nous. En vivant la proximité avec Jésus au quotidien, les Apôtres apprendront à aimer comme le Maître et à constituer une communauté de disciples autour du Christ. Nous aussi, le Christ nous rassemble et l’Eglise nous rappelle l’importance de la famille. Nous devons laisser habiter Jésus dans nos familles pour qu’elles deviennent ensemble la Famille du Christ. Nous devons faire de notre paroisse une grande famille autour du Christ. Il nous faudra continuer à réfléchir pour voir comment mettre l’accent sur les différentes fraternités qui existent et celles qu’on peut promouvoir. Car, dit Jésus, « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra comme mes disciples ». A cet effet, nous ferons toujours nôtre cette prière du psalmiste : « Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi ».

A ses Apôtres dont les ambitions pour le pouvoir et les rivalités sont manifestes, Jésus apprend à ses disciples qu’il n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Il est le grand prêtre capable de compatir à nos faiblesses. Il va accepter d’être le Serviteur souffrant. Il nous appelle à servir en acceptant les sacrifices de temps, d’énergie, de quiétude, que l’amour exige. A ce niveau, il est important d’affirmer par l’engagement la force du service et de la gratuité. Chacun est appelé à être le serviteur qui plaît au Seigneur. Les disciples devront toujours se référer à Jésus, à son témoignage vie et à sa Parole.

Enfin, tous les Apôtres, y compris les fils de Zébédée, n’ont été appelés que pour être formés et envoyés en mission, pour aller annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Tel est aussi un des 5 essentiels de la vie chrétienne : l’évangélisation, ou la mission. Le chrétien est un témoin de Jésus. Je ne suis chrétien que si je vis ce témoignage. Mon groupe n’est chrétien que s’il proclame Jésus et sa Bonne Nouvelle. Et d’Isaïe nous retenons que « par lui (le serviteur), ce qui plaît au Seigneur réussira ». Ce qui plaît au Seigneur, c’est-à-dire sa volonté de Dieu, Isaïe le sait bien, comme déjà Moïse le savait avant lui, c’est de sauver l’humanité, de la libérer de toutes ses chaînes. Cette volonté de Dieu, c’est que l’humanité redécouvre la paix ; or cela peut se réaliser grâce aux serviteurs de Dieu.

Tenons donc fermement à tout ce qui nous fait vivre comme humains et comme chrétiens en Eglise. Les 5 essentiels que nous retrouvons à travers les textes de ce dimanche : tenons, comme les Apôtres, au cœur à cœur avec Jésus. Laissons-le nous nourrir de sa Parole et de sa vie divine. Laissons-le nous rassembler pour que nous formions une famille autour de lui. Et allons à la rencontre du monde en serviteurs et en proclamant les merveilles de l’amour de Dieu.

Père Sébastien

 

22ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B : Deutéronome 4,1-2.6-8 ; Ps 14 (15) ; Jacques 1,17-18.21b-22.27 ; Marc 7,1-8.14-15.21-23

HOMELIE

Quand nous écoutons cet évangile dans lequel Jésus s’en prend au ritualisme des pharisiens et des scribes, nous croyons que nous sommes personnellement loin de telles pratiques. Pourtant nous avons nos habitudes auxquelles nous ne renonçons à aucun prix, au niveau domestique ou professionnelle, et cela jusque dans la pratique religieuse ou liturgique. Des habitudes qui risquent de nous couper des autres, si on n’y prend garde ; car à vouloir appliquer des traditions souvent différentes d’une communauté à une autre, nous établissons des camps, et allons jusqu’à des exclusions. Et généralement, nous estimons que nous sommes du bon côté et nous prêchons pour notre chapelle. On en arrive à l’esprit de « clochers », voire à des divisions.

Les pharisiens du temps de Jésus valorisent tellement leur compréhension de la Loi et tous les préceptes qu’ils en dégagent, qu’ils en oublient la hiérarchie qui les organise : la Parole de Dieu qui est au-dessus de tout, et dont l’essentiel réside dans l’amour de Dieu et du prochain. Les rites de purification dont il est question dans l’évangile ne constituent pas l’essentiel, au regard de l’amour dû à Dieu et à son prochain.

Or, ces pharisiens choisissent d’exclure et même de condamner des personnes qu’ils considèrent comme impures, uniquement parce qu’elles ne s’appliquent pas au rituel des traditions, notamment à l’obligation de laver les mains avant de manger. Il est bien sûr important de laver ses mains pour des raisons d’hygiène. Mais si pour être saint, irréprochable et apte à faire le bien, il ne suffisait que de se laver les mains ou de prendre quelques bains rituels, avec tout le protocole que la lutte contre le covid 19 impose aujourd’hui, avec tout le gel hydroalcoolique que nous employons, tout le monde serait devenu pur et saint, et notre monde serait sauvé !

Certes, l’idéal des pharisiens était noble puisqu’ils voulaient combattre le mal. Mais est-ce que le mal n’est qu’extérieur à l’homme ? Suffit-il de soigner le paraître ? Non, dit Jésus pour qui le mal à combattre a son origine dans notre cœur. C’est le cœur de l’homme qu’il faut soigner, purifier, guérir, et changer. Car je peux avoir les mains propres mais le cœur sale. Je peux avoir le bain du baptême sans une adhésion réelle à Jésus. Je peux recevoir pieusement l’hostie consacrée sans avoir la même disponibilité d’accueil pour Jésus et pour les membres de son corps. C’est pourquoi Dieu se plaint de ces « bons pratiquants » qui en réalité sont loin de lui : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi… ». Face aux douze disciples, Jésus énumère douze vices à combattre, comme si chacun de ceux-ci reposait sur l’un des disciples et que personne d’entre nous ne peut se dire totalement épargnée. Voici la liste de ces vices : « Inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure ». Et Jésus d’ajouter : « Tout ce mal vient du dedans ».

Finalement, ce qu’il faut « laver » en premier, ce ne sont pas les mains ou les coupes ; c’est notre cœur et ce qu’il produit : nos pensées, nos paroles et nos actions. Comment laver ce cœur ? Par l’écoute et à l’accueil de la parole de Dieu. Moïse parle au peuple des commandements de Dieu en leur disant : « Ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuple ». Et il insiste : « Vous les garderez… tels que je vous les prescris ; vous les mettrez en pratique ». Saint Jacques va dans le même sens :« Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter ». Jésus va dire : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien ».

Trois attitudes à avoir face à la Parole : écouter, comprendre, et mettre en pratique sans rien enlever et sans rien ajouter. Pour la mettre en pratique, il faut donc l’écouter et bien la comprendre, dit Jésus. Nous ne le pouvons que grâce à l’enseignement de l’Église, au partage entre chrétiens, mais aussi par la prière où se vit le cœur à cœur avec Dieu. Ce cœur à cœur est essentiel ; c’est lui qui nous donne l’Esprit-Saint ; c’est lui qui va fonder de bonnes attitudes religieuses et nous conduire à des actes dignes de la foi en Dieu. Jésus veut donc une religion du cœur et non une religion de la Loi.

Et puisque notre foi est enracinée dans l’amour trinitaire, la religion du cœur que Jésus attend sera forcément une religion d’amour, l’amour qui jaillit du cœur à cœur avec Dieu. C’est pourquoi Jésus, et Saint Jacques à sa suite, soulignent que la religion pure et sans tache devant Dieu consiste à vivre, avec la grâce de Dieu, de tendresse et de compassion, d’amour et de vérité.

Remercions Dieu qui ne cesse de semer sa Parole dans nos cœurs afin de donner la vie à l’humanité. Prions pour que, pour toutes les personnes qui croient au Dieu unique et pour les chrétiens en particulier, cette Parole demeure lumière, source d’intelligence, de sagesse, de conversion, de vie nouvelle, d’amour vrai, de justice et de paix.

Père Sébastien

Apocalypse 11,19a ; 12,1-6a.10ab ; 1 Corinthiens 15,20-27a ; Luc 1,39-56

HOMELIE Assomption 2021

Nous honorons la Vierge Marie élevée au ciel, à la suite du Christ Ressuscité qui est monté vers le Père. Oui, c'est dans la foi en la résurrection que s'enracine le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie au Ciel : "Dans le Christ, tous recevront la vie, mais chacun à son rang" (1 Co 15,23). A la fin de sa vie, Marie entre dans la Vie éternelle de façon solennelle vu son rang de Mère de Dieu. Pour la foi chrétienne, la Vierge Marie est cette femme de l’Apocalypse, rayonnante, glorifiée dans tout son être, préservée de toute corruption et toute destruction. Elle est la première bénéficiaire du salut accompli par son Fils Jésus. En elle, le Christ confirme que la victoire sur le mal et la mort est une espérance qui nous concerne : pour tous ceux qui vivent en Jésus, la mort n’a pas le dernier mot, le mal n’est pas une fatalité.

A cet effet, Marie nous montre et nous ouvre le chemin. Elle représente l’Église et tous ses enfants qu’elle veut conduire avec elle dans le ciel, c’est-à-dire vers la vie bienheureuse de Dieu, vers la plénitude de l’amour. Il n’est donc pas étonnant que l’évangile d’aujourd’hui nous propose Marie comme modèle à imiter et comme refuge :

- Modèle de sainteté, parce qu’elle a mené une vie totalement ouverte à Dieu. Élisabeth qui est remplie de l’Esprit-Saint, va lui dire : « Tu es bénie entre toutes les femmes ». Oui, elle est celle qui a accueilli la Parole de Dieu en tout son être, jusque dans sa chair. Elle est heureuse, elle « qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Il n’y a aucun obstacle en elle et sa disponibilité a été féconde : le Verbe s’est fait homme et il a établi sa demeure parmi nous, et en premier lieu dans le sein de Marie.

- Modèle de rayonnement. L’évangile en donne une illustration : Marie s’est rendue avec empressement chez sa cousine Élisabeth. Oui, la Bonne Nouvelle se partage, et il y a urgence. Marie partage, avec une foi profonde, sa lecture des événements du peuple et de sa propre vie. Elle en dégage de belles réalités : les merveilles de Dieu, sa miséricorde, son attention aux petits, sa justice, et la fidélité à ses promesses pour toujours. Est-ce que nous prenons le temps de méditer sur les traces de Dieu dans notre vie, dans la vie de la famille, de la communauté, de la nation ? Est-ce que nous trouvons de la joie à partager le fruit de cette méditation ? Soyons des missionnaires de la Bonne Nouvelle, chacun à notre manière, là où nous sommes et avec ce que nous sommes. La femme de l'Apocalypse 12 est une dame combattante, intrépide, victorieuse. Elle est un symbole de l'espérance et du courage pour chacun de nous dans nos combats quotidiens.

- Marie est notre mère et notre refuge. Célébrer l'Assomption de Marie, c'est contempler la triomphatrice qui nous exhorte à ne pas baisser les bras, à ne jamais flancher et à garder la tête haute face aux épreuves. Célébrer l’Assomption de Marie, c’est savoir qu’elle près de Dieu et près de nous, et que nous pouvons toujours lui dire de prier pour nous pauvres pécheurs. Parce qu’elle est notre Mère. « Voici ta mère », dit Jésus au disciple Jean qui nous a tous représentés au pieds de la croix (lire Jean 19,25-27).

Célébrer l'Assomption de Marie, c'est l'accueillir dans nos vies comme l'a fait Élisabeth. Et la meilleure façon d'accueillir Marie chez nous consiste à faire d'elle notre repère et notre Mère en imitant ses vertus dont la foi, l'espérance, la charité, la serviabilité, l'humilité, etc. Est-ce que nous accueillons Marie comme notre Mère dans nos combats de tous les jours ? Est-ce que nous travaillons, à sa suite et à son exemple, pour que la foi nous rapproche chaque jour de Dieu et du prochain ? Aidons-nous les autres à s’élever et à espérer ?

Père Sébastien, (homélie au sommet du Moucherotte et messe à Lans)

Ap 11, 19..12, 10 / Ps44 / 1 Co 15, 20-27 / Lc 1, 39-56

HOMELIE

Tout vient du Christ, même Marie.

Le Christ est notre créateur et notre sauveur.

Créateur, il tient tout entre ses mains.La vie de Marie et la nôtre. Créateur, c’est de lui que nous recevons la vie et l’être.

Sauveur, il restaure tout par le souffle de son Esprit. Par sa croix et sa résurrection, nous sommes sauvés dans l’amour, fortifié, illuminés, consolés, guéris.

Grâce au « oui » de Marie.

Tout vient du Christ, même Marie.Mais tout passe par Marie, même le Christ.

Le dessein de Marie et celui de son Fils sont intimement liés. Dans les récits de l’enfance, chez Saint Matthieu, en quelques versets, nous entendons cinq fois « l’enfant et sa mère ». Quelle belle expression !

Marie, dans l’histoire de l’humanité, a une place singulière, unique. Même parmi les saints, Marie a une place toute singulière, unique.

En témoigne le nombre de fêtes qui lui sont dédiées tout au long de l’année : des solennités – Marie mère de Dieu (1er janvier), l’Assomption ou encore l’Immaculée Conception (8 décembre) – des fêtes – Visitation (31 mai), nativité de la Vierge (8 septembre) ou présentation au temple (21 novembre) – des mémoires – parmi lesquelles ND de Lourdes (11 février), ND du Mont Carmel (16 juillet), le couronnement de la Vierge 22 août), ND du Rosaire (7 octobre)…

Marie a une place toute singulière.

Tout en étant une créature, « comme nous ». C’est pour cela qu’elle nous est si proche et que nous aimons tant la prier.

Marie est modèle d’humanité. Elle nous apprend, jour après jour, à devenir ce que nous sommes appelés à être. Elle nous révèle la plénitude et la beauté de l’humanité restaurée, extraite du péché.

Alors ensemble, mettons-nous à l’école de Marie. Creusons en nous le désir de lui ressembler.

Marie, mère du « oui ».

Nous savons toutes les ambiguïtés ; toutes les hésitations de nos « oui »… Cette lutte incessante au fond de nous-même, entre ce que nous voulons bien donner et ce que nous reprenons lorsqu’il faut servir, s’offrir, se laisser conduire.

Il y a un écart entre le « oui » inconditionnel de Marie lorsqu’elle a accueilli le Verbe fait chair et notre pauvre oui, imparfait, à chaque eucharistie tandis que la Parole veut se faire chair en nous pour porter du fruit. Tant de résistances surgissent de notre cœur… : « aucun de nous ne le reçoit [le Christ dans l’Eucharistie] d’une manière qui réponde pleinement à son intention de se donner » (Urs von Balthasar).

Au début de la semaine, le père Olivier Maire, provincial des Montfortains, est mort tragiquement, tué par un homme fragile qu’il avait choisi d’accueillir.

Le père Olivier était un disciple de Saint Louis Marie Grignon de Montfort – d’où la congrégation des « montfortains ».

Saint Louis Marie a écrit une consécration à Marie. Une prière que le père Olivier a dit bien des fois – « je te choisis aujourd’hui, o Marie, en présence de toute la cour céleste, pour ma Mère et ma reine. Je te livre et consacre en toute soumission et amour mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions, passées, présentes et futur ; te laissant un entier et plein droit de disposer de ce qui m’appartient, selon ton bon plaisir, dans le temps et l’éternité… »

Sur les réseaux sociaux, certains se sont étonnés cette semaine de l’accueil réservé à Emmanuel, précisant qu’il y avait une limite à la charité. Non, il n’y a pas de limite à la charité. Le père Olivier n’a pas été naïf ; il s’était renseigné sur cet homme. En conscience, il avait pris le risque de l’accueillir. Pour tenter de briser la spirale du mal et l’inverser par la spirale de la miséricorde. C’est la folie d’un oui total, indéterminé.

Plusieurs évêques ont évoqué à travers son témoignage, le martyr de la charité. Le témoignage d’un « oui » qui a voulu aimer jusqu’au bout.

A l’école de Marie, le père Olivier a aimé jusqu’au bout. Par Marie apprenons à renouveler nos « oui » ; à les rendre plus entiers ; plus denses ; plus vrais.

Marie, mère du « oui ».Marie, aussi, mère de l’Espérance.

A qui correspond la femme de l’Apocalypse dont Saint Jean a eu une vision dans la première lecture : « Un signe grandiose apparu dans le ciel : une femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles » ?

Les saints, commentateurs de l’Ecriture – je pense en particulier à saint Bernard y ont souvent reconnu tout à la fois le visage de Marie et le visage de l’Eglise.

Visage de Marie, parce que par un acte de foi, nous contemplons le mystère de sa vocation. Le mystère de sa singularité. « Une femme ayant le soleil pour manteau ». Autrement dit, une femme totalement enveloppée de la lumière divine. Nous ne pouvons pas ne pas relier l’exultation de joie de Marie dans le Magnificat – « le puissant fit pour moi des merveilles » – au tout début du psaume 104 : « Béni le Seigneur ô mon âme, Seigneur mon Dieu tu es si grand. Revêtu de magnificence, tu as pour manteau la lumière ». Marie est « pleine de grâce », remplie de l’amour de Dieu.

Cette femme a aussi « la lune sous ses pieds ». Elle n’est pas atteinte par la corruption. Si le soleil est le symbole de Dieu – la lumière qui ne s’éteint jamais – la lune est symbole de la mortalité ; symbole du temps qui passe. La lune n’est pas elle-même sa propre source de lumière. La lune est tout à la fois l’astre du jour et de la nuit ; évocation de ce monde où la lumière et les ténèbres sont mêlées.

Notre fête de ce jour n’échappe pas à cette réalité du temps qui passe, charriant avec lui son lot de joies, mais aussi d’inquiétude, d’agitations

Nous venons d’évoquer la terrible épreuve que vivent les Montfortains – il y a aussi les nôtres, celles que nous sommes venus présenter à cet autel. Il y a encore celles du monde qui nous entoure ; les tensions qui traversent notre société ; crise sanitaire, crise migratoire, crise écologique et toutes leurs conséquences.

Dans sa destinée, Marie, tant d’épreuves ont émaillé sa vie –la fuite en Egypte ; la recherche de Jésus à 12 ans ; avec ce cri jailli de son cœur… – « vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! ».Jusqu’à la grande épreuve au pied de la croix où Marie se tient là, debout.

Marie nous aide à tenir debout nous aussi. Le peuple des baptisés, en ce moment même, en prière dans tous les sanctuaires du monde ; ici, et bien sûr nous pensons aussi à la grotte de Lourde, est attiré comme un aimant, par Marie pour lui présenter nos souffrances et lui demander d’intercéder.

Marie, mère de l’Espérance.Marie, enfin, mère de la promesse.

Ce qui fait la singularité de Marie, c’est qu’elle est pleinement associée à la victoire de son fils. Elle est indemne de toute ombre de mort ; totalement pleine de vie. Cela nous est raconté dans les deux grands mystères de son existence : en son tout début – elle est l’immaculée conception ; elle a été conçue sans être marquée par la blessure du péché originel. En sa fin, au jour de l’Assomption – c’est la fête de ce jour : elle accède auprès de Dieu en son corps et en son âme. Rien de corrompu en elle. Sa vie tout entière a été une victoire sur la mort, tout entière passée dans l’accueil et le service de Dieu. Comme elle le chante elle-même dans le Magnificat, Marie est « bienheureuse » parce qu’elle est devenue totalement corps et âme ; pour toujours « la demeure du Seigneur ».

Alors contemplant Marie qui partage « le triomphe du Christ et règne pour toujours avec lui », nous demandons nous aussi au Seigneur une grâce d’attention aux choses d’en haut.

Se mettre à l’école de Marie, c’est « n’opposer aucune résistance à l’invasion de Dieu » (père Jean Lafrance). C’est ainsi que Marie a été comblée de grâce. C’est ainsi que nous pourrons, nous aussi, être comblés de la même grâce. Voilà la promesse.

Nos corps sont des temples de l’Esprit Saint. En regardant Marie, nous creusons en nous le désir de laisser se déployer en nos corps les germes d’éternité, fécondés par le souffle de l’Esprit.

Par Marie, nous devenons pour ce monde témoins de l’éternité déjà commencée – ce qui a poids d’éternité.

Nous apprenons à être des saints.

Amen.

Père Sébastien de Groulard, prêtre en vacances (Homélie à Notre Dame des Neiges)

 

19ème dimanche du Temps Ordinaire —1 Rois 19,4-8 ; Ps 33 (34) ; Éphésiens 4,30 – 5,2 ; Jean 6,41-51

HOMELIE

Dimanche dernier nous avons entendu Jésus affirmer qu’il est le pain de la vie qui est descendu du ciel. Aujourd’hui il le rappelle, et nous sommes témoins de la réaction des auditeurs, là où les textes liturgiques montrent en même temps l’attitude que le Christ attend de nous.

De la part de ses auditeurs, c’est la contestation, l’incrédulité, le refus. Pour eux, Jésus n’est pas venu du ciel, puisqu’on connaît bien ses parents. Il n’est pas non plus le pain descendu du ciel ; ils connaissent plutôt la manne donnée par Dieu à l’époque de Moïse. Le refus des auditeurs de Jésus est donc catégorique, et on le retrouve encore aujourd’hui d’’une façon ou d’une autre. Mais Jésus ne se décourage pas de leur ouvrir l’intelligence, parce que pour lui, comme dit Saint Paul, ces hommes sont les enfants bien-aimés du Père. Il va répondre non par une argumentation, mais par une sorte de témoignage. Il affirme devant eux que la manne ne donne pas la vie éternelle ; leurs ancêtres l’ont mangée et ils sont morts. Mais à plusieurs reprises, Jésus parle de ceux que le Père lui a donnés ; il les regarde tous comme un cadeau du Père. Il dit combien leur vie est précieuse à ses yeux, combien il accepte de se donner pour eux, de mourir pour les ressusciter, c’est-à-dire pour les offrir comme lui et avec lui éternellement au Père. C’est donc lui qui nourrit les hommes de la vie divine, de la plénitude de vie ; c’est lui qui répond aux différentes faims légitimes de l’humanité : la faim de la vie, de l’amour, de la joie, du pardon, de la justice, de la paix, de l’éternité.

Eh bien, cette nourriture nous en avons grandement besoin, et Dieu vient nous la donner comme à Élie. L’expérience de ce dernier, racontée dans la 1ère lecture, est une vraie parabole de notre vie de chrétien. Témoin du vrai Dieu, Élie est prophète ; il dérange ceux qui croient aux idoles. Il faut retenir que son vrai nom Eliyyah signifie « Mon Dieu, c’est Yah » (première syllabe du nom de Dieu), et il résume bien sa vie, laquelle fut un combat incessant contre l’idolâtrie. Pourchassé par la reine Jézabel, il fuit au désert ; épuisé, il est au bord du désespoir, il en vient à souhaiter la mort.

Oui, peut-être sommes-nous parfois écrasés par des soucis et tentés de baisser les bras. Peut-être que, comme Élie, tu peux te prendre pour un lâche pour avoir évité les lieux où tu devais témoigner ; tu vois que tu es nul et tu te laisses étouffer par la culpabilité. Peut-être que tu es fatigué d’une situation difficile qui dure ou qui apparaît sans issue. C’est en ces diverses situations que Dieu te dit, comme à Élie : « Lève-toi ! et mange ». Redresse-toi, ou réveille-toi, ne te laisse pas écraser par la passivité, le découragement ou l'échec. « Lève-toi ! » au sens très fort que Jésus lui donne dans l'évangile : « Ressuscite dans la Vie que donne l'Espérance ». Le Seigneur ajoute : « Mange, autrement le chemin sera trop long pour toi », comme pour dire « mange ma Parole comme mes Prophètes ».

Et là, remarquons que c’est un ange de Dieu qui vient relever et nourrir Élie. L’ange est une représentation de Dieu lui-même. Aujourd’hui, les « anges du Seigneur », ses envoyés, c’est nous, les croyants, les chrétiens, l’Église. Dieu nous a créés pour rendre visible son image en ce monde. Comme Jésus, nous avons à produire un témoignage de vie qui attire les personnes à la table du Seigneur; un témoignage qui vient redire à notre monde : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 33). Notre manière d’être doit être invitation qui dirait : « Venez et voyez ». A nous de montrer que nous avons toutes les faims de la vraie vie et que par Jésus nous sommes bien nourris. Le Christ nous charge de donner ce témoignage qui attire les hommes à sa table.

Et comment montrer que nous sommes bien nourris ? Saint Paul nous le dit. Il nous faut accueillir l’Esprit-Saint qui, en agissant, éloigne de nous toute espèce de méchanceté et nous permet d’être plein de générosité et de tendresse, de pratiquer le pardon mutuel, de vivre dans l’amour, la paix et la joie. Donc, il dépend de nous que notre prochain mange à sa faim et garde l’espoir.

Demandons au Seigneur de donner à notre monde la faim des réalités de la vie divine : la vérité, la vraie liberté, l’unité, la justice, la paix. Et prions-le pour que l’humanité découvre chaque jour l’unique Sauveur, Jésus, le pain descendu du ciel. Que nos temps de prières, nos eucharisties soient des lieux de communion et de ressourcement dont les effets se prolongent dans toutes nos rencontres. Amen.

Père Sébastien

18ème dimanche du Temps Ordinaire —Exode 16,2-4.12-15 ; Psaume 77 (78) ; Éphésiens 4,17.20-24 ; Jean 6,24-35

HOMELIE

Tiraillés par la faim au désert, les Hébreux se mettent à regretter les marmites de l’Égypte. Ils en veulent à Moïse. Dieu écoute leurs récriminations et leur donne une nourriture inespérée : la manne. Notre foi tient-elle lorsque l’épreuve survient ? Est-ce que, dans nos prières, nous ne cherchons pas d’abord un Dieu qui satisfait nos requêtes ? Nous risquons nous aussi d’être tentés de suivre Jésus pour de mauvaises raisons comme les gens à qui Jésus dit : « Vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ce pain et que vous avez été rassasiés ».

Évidemment, Jésus ne méprise pas la nourriture. Sinon, il n’aurait pas nourri la foule en multipliant les pains et les poissons. Et le Dieu de l’Exode n’aurait pas donné la manne à Israël. Dans le Pater, Jésus nous apprend à demander notre pain quotidien. Il sait que, lorsque Israël crie sa faim au désert, Dieu entend et il agit. Oui, Dieu sait que nous avons besoin de manger, et il y veille. Mais en même temps il nous rappelle que nous avons, nous aussi, à nous soucier du pain des autres ; c’est un immense malheur que dans ce monde si riche et la nourriture est parfois gaspillée, des hommes, des femmes et des enfants n’ont pas encore ce pain nécessaire à la vie. Je crois que Dieu en souffre, et nous ne devrions pas être indifférents.

Mais si la nourriture peut faire vivre le corps, nous savons que l’homme n’est pas seulement un amas d’os et de chair. Oui, il a un corps, mais aussi une âme, une intelligence, des sentiments, des relations, des projets, des engagements, etc. Et tout cela doit être nourri de manière constante et équilibrée, pour assurer une vie pleine. Pour Jésus, cela ne peut être assuré que par le vrai pain descendu du ciel, qui peut nourrir toute la personne, dans son être à la fois physique, moral et spirituel.

Quand les Juifs entendent Jésus parler de pain descendu du ciel, ils pensent à la manne. Or, il faut noter que, lorsque leurs ancêtres découvrent cette nourriture mystérieuse tombée du ciel, ils ne l’appellent pas « pain ». Ils se demandent plutôt ce que c’est, en hébreu Man hou ; d’où le terme français « manne ». Man hou, c’est l’expression d’un émerveillement, d’une interrogation, d’un questionnement. « Qu’est-ce que c’est ? », simple nourriture ou signe d’un plus grand don que Dieu prépare ?

En tout cas, Jésus tente de montrer que la manne, tout comme le pain qu’il a multiplié pour la foule, sont des signes. Le pain que Jésus a donné est un signe qui doit conduire ses auditeurs à se demander, eux aussi comme leurs ancêtres, ce que signifie ce pain. Au-delà du signe, il y a le vrai pain, c’est Quelqu’un, qui est Vivant et qui fait vivre éternellement. Et Jésus d’expliquer que la manne qui intriguait tant les Hébreux n’est pas le vrai pain du ciel ; c’est lui Jésus que le Père donne aux hommes comme pain véritable.

Pour être sauvé, pour travailler aux œuvres de Dieu, il faut croire en Jésus. La première lecture souligne déjà que la manne était destinée à creuser une faim d’un autre ordre : le désir de Dieu et la confiance en lui. Lorsque Jésus nous accueille à la table de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, il se donne comme le pain de la vie. Sa présence dans nos vies, son amour et sa parole sont une vraie nourriture pour la vie du chrétien, de l’Église et du monde.

A nous est lancée cette invitation du psaume 33 : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ». Oui, qui connaît Jésus, qui le rencontre personnellement, reste fasciné, attiré par tant de bonté, tant de vérité, tant de beauté. Et tout cela, dans une grande humilité et simplicité. Si tu le reçois, tu es nourri, tu es transformé, tu es rené. Débarrassé du vieil homme assoiffé de prodiges et de merveilleux, tu trouves en Jésus ce qui donne un sens, ce qui donne une saveur, ce qui donne la lumière à tout, également aux difficultés, également aux souffrance, mais aussi à la mort.

Jésus-Christ est le pain de la vie. Il nous comble au-delà de nos espérances. Laissons-nous nourrir de sa parole et de sa vie. Que cette « nourriture pour la vie éternelle » façonne notre vie ! Qu’elle oriente toutes nos activités et nous procure la sérénité et la force dans l’âme. Amen.

Père Sébastien

(17ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B : 2 Rois 4,42-44 ; Éphésiens 4,1-6 ; Jean 6,1-15)

HOMELIE

Jésus continue de manifester sa bienveillance et de nous apprendre à y participer. Dimanche dernier, on l’a vu recevoir ses disciples revenus de mission. Il leur offrait un temps de repos à l’écart avec lui. Mais la foule n’a cessé de les suivre ; il en eu pitié parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. On l’a donc vu s’entretenir longuement avec elle. Puis, finalement il remarque que cette foule est affamée et qu’il lui faut la nourrir.

A cet effet, le Christ interpelle ses disciples : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Philippe répond d’une manière pleine de bon sens : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain ». Et André ajoute : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tout le monde ! La suite va nous apprendre que notre logique et notre bon sens ont besoin de s’ouvrir à l’amour du Fils de Dieu.

Oui, les les cinq pains et deux poissons, c’est tout ce qu’un jeune garçon possède. C’est peut-être même son seul repas de la journée, qu’il accepte de remettre à Jésus afin qu’il le distribue à la foule qui le suit.  Un merveilleux exemple de partage ! Un geste fabuleux de la part de celui qui n’a presque rien ! La générosité du jeune garçon et le miracle de Jésus qui s’ensuit invitent à voir le miracle quotidien de ceux qui sont au service des autres. Miracle fait de solidarité et don de soi : avec le cœur ouvert à la détresse d’autrui, avec de petits gestes et un grand amour, des merveilles se produisent.

Et si tout le monde apportait son « petit casse-croûte » ! N’est-ce pas la force des associations, des ONG, le secret des repas partagés ? N’est-ce pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières ? Même si nous croyons avoir peu de choses à donner, Dieu peut en tirer une bénédiction pour des milliers de gens qui n’ont rien. Dieu a besoin de notre concours, de nos gestes de partage pour réaliser des prodiges. Avec nous, il veut calmer la faim dans monde, la faim de nourriture, mais aussi toutes les autres faims qu’un être humain peut éprouver : faim d’être écouté, d’amour, faim de joie, faim de respect, de dignité, etc.

La générosité du jeune homme nous enseigne que lorsque le Seigneur veut se servir de nous, l'insuffisance de nos ressources ne doit jamais être un prétexte. Il sait, lui, comment les utiliser. Et c’est notamment en nous nourrissant de son corps, en nous rassemblant en lui, afin que nous puissions vivre « par lui, avec lui et en lui ». Saint Paul nous rappelle que le grand projet de Dieu c’est de rassembler toute l’humanité dans le Christ. Ainsi, le miracle de Jésus de l’évangile de ce dimanche annonce de l’Eucharistie, comme pour nous dire que nous qui mangeons son corps, nous sommes invités à entrer dans sa logique, celle de l’amour et du don.

Que donner alors ? Il suffit de bien scruter son propre cœur. Chacun de nous a dans « sa sacoche personnelle » peut-être un peu de poisson et de pain ! Mais aussi tout ce que Jésus dépose discrètement en nous, lorsqu’il nous nourrit : l’humilité, la douceur, la bienveillance, la patience qui supporte tout par amour, la recherche de l’unité dans le lien de la paix (Ep 4, 1-6). Le résultat qui en découle est toujours positif et surabondant !

Il nous faut reconnaître tous les dons de Dieu et les recueillir avec attention dans nos cœurs, comme on le ferait dans un panier. Aucun don de Dieu n’est négligeable ou inutile. Aucun don ne doit être caché ou gaspillé. Tout don de Dieu doit servir à glorifier Dieu et à servir son peuple. Demandons au Seigneur la grâce de coopérer à son œuvre et d’entrer dans la contemplation du cœur bienveillant de Jésus.

Père Sébastien

16ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B :- Jérémie 23,1-6 ; Éphésiens 2,13-18 ; Marc 6, 30-34

HOMELIE

Quelle sollicitude de la part de Jésus ! Sollicitude pour la foule dont il reste très proche, mais aussi pour ses disciples qu’il invite au repos et au ressourcement près de lui !

Oui, dimanche dernier nous avons assisté à l'envoi en mission des Douze pour la première fois (Marc 6,7-13) ; et Marc décrivait rapidement la façon dont ils s'en étaient acquittés : « Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient. ». Ils ont donc fait très exactement ce qu’ils voyaient Jésus faire depuis le début de leur rencontre : guérir les malades, chasser les démons, enseigner ; Marc veut certainement faire entendre à ses lecteurs que la mission des chrétiens est dans la parfaite continuité de celle de Jésus.

Pour son Église et pour le monde, Dieu nous a appelés pour être les bergers les uns des autres en tant que consacrés, laïcs, époux, parents, enfants, travailleurs, patrons, etc. Nous sommes aussi ces disciples de Jésus qui revenons vers lui, lors de notre prière, pour lui parler de nos vies et nos missions respectives. Comme bergers les uns des autres, il y a certainement de bonnes choses qui ont été réalisées pour l’humanité : des paroles ou des gestes plein de foi, d’attention et d’affection. Nous devons apprendre à les voir, en regardant davantage le verre à moitié plein, afin de dire merci à Dieu pour cette bienveillance semée dans la vie du monde.

Mais nous pouvons aussi avoir un bilan pauvre, comme les bergers du temps de Jérémie. Ces bergers dénoncés par lui sont les rois, les prophètes, les prêtres et les chefs des institutions de la société. Le prophète les trouve irresponsables, car ils ne pensent qu’à eux-mêmes, ils divisent et dispersent le peuple de Dieu. Les critiques de Jérémie peuvent nous concerner. Oui , il faut être humble et le reconnaître : il est possible que notre conduite porte atteinte au peuple de Dieu, à son unité, à sa vie, à son honneur ! Il est possible que nous ayons connu des échecs, que nous ayons des fatigues, voire des découragements ! Alors que nous dit Jésus ? « Venez à l’écart. Et reposez vous un peu ».

Pour Jérémie déjà, l’espoir ne pouvait reposer que sur le futur descendant de David qui sera le Messie. C’est lui le bon pasteur qui, d’après saint Paul, établit la paix des hommes avec Dieu et entre eux. Au cœur de la mission qu’il nous a confiée, il nous invite à l’écart pour un temps de repos, parce qu’il connaît nos fatigues, nos échecs, et notre besoin de ressourcement.

L’invitation de Jésus nous enseigne la nécessité du repos. Oui, la mission est fatigante. Pour voyager bien et loin, il faut ménager sa monture. Le repos permet de mener la mission à long terme ; nous avons tous besoin de repos, de sommeil, de vacances, et Jésus lui-même nous y encourage. Au cœur de l’été, essayons de refaire nos forces. Mais s’il nous invite au repos, c’est aussi pour nous dire que c’est finalement Dieu qui est le principal acteur d’une mission dont nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne. C’est un appel à l’humilité, à la confiance et à nous reposer en Dieu. Et c’est pourquoi Jésus nous appelle d’aller en repos près de lui, dans un endroit désert et donc propice au silence et à la contemplation, où il nous montre davantage combien il est le visage de la miséricorde du Père.

Seigneur, sois mon guide en tout. Sois le berger de ma vie. Le bon pasteur que tu es, apprends-moi à le contempler, à l’admirer et à l’imiter. Envoie-moi vers ceux et celles qui ne te connaissent pas, qui te cherchent, et qui sont en quête du sens de la vie.

Père Sébastien

 

(15ème dimanche du Temps Ordinaire, année B : Amos 7,12-15 ; Éphésiens 1,3-14 ; Marc 6,7-13)

HOMELIE

Lorsque nous prions Dieu, nous espérons qu’il écoute et qu’il nous exauce . Mais c’est aussi le lieu de l’écouter et de nous sentir appelés et envoyés par lui. Dans le psaume d’aujourd’hui, par exemple, le psalmiste porte à Dieu notre prière : « Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut » (Ps 84,8). Puis, il poursuit : « J’écoute : que dira le Seigneur ». Dans le silence de sa prière, il entend au fond de lui-même Dieu lui dire qu’il veut la paix pour son peuple et ses fidèles, qu’amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. Voilà le beau projet de Dieu que le croyant découvre dans la prière et l’écoute de la parole de Dieu. Beau projet qu’il ne peut taire, qu’il est même appelé à dévoiler et pour lequel il doit travailler. Les textes bibliques de ce dimanche nous présentent donc des hommes qui ont été appelés et envoyés par le Seigneur : Amos, les douze, Saint Paul, puis chacun de nous.

En effet, l’appel de Dieu n’est pas réservé à des personnes spéciales ; il est pour tous. Amos est un simple agriculteur qui n’avait aucun lien avec les fils des prophètes. Mais il entend l’appel de Dieu et doit aller vers les voisins du Nord, précisément à Béthel, pour y être prophète de Dieu et dénoncer les injustices qui s’y répandent. Il dérange et il est même chassé de là ; mais il sent qu’il est de sa mission de veiller à ce que Béthel soit réellement, comme signifie son nom, la « maison de Dieu ». Aujourd’hui, c’est nous la demeure de Dieu (Eph 2,22 ; 1 Co 3,16) ; mais le sommes-nous vraiment ? Les injustices, l’exclusion, l’indifférence, l’incrédulité sont toujours bien présentes ! Et c’est pourquoi Dieu continue d’appeler et d’envoyer.

Saint Paul, l’ancien persécuteur des chrétiens, se dit « saisi » par le Seigneur pour annoncer l’Évangile. Et il rend grâce pour le chemin parcouru. Le projet de Dieu est en train de se réaliser : des communautés chrétiennes sont nées et se sont développées malgré les persécutions. Puis Paul bénit Dieu parce qu’il nous a tous choisis avant même la fondation du monde, nous destinant à être ses enfants. En Jésus, nous sommes devenus « le domaine particulier de Dieu » ; témoins de sa sainteté, c’est-à-dire de son amour tout autre. Il nous a bénis et comblés des bénédictions. En lui Jésus, nous avons reçu la marque de l’Esprit Saint.

Dans l’évangile, l’on est frappé par la puissance des dons que le Seigneur fait à ses disciples : ils proclament la parole de la conversion, ils combattent le mal, veillent sur les malades, etc. Allusion est faite aux dons de l’Esprit-Saint, charismes qui sont toujours destinés à l’annonce de l’évangile et au service. Par eux, Jésus donne à ses disciples la puissance de faire comme lui. Chacun doit se demander : quel don ai-je reçu ? Don de sagesse ? De réconcilier les personnes ? D’attention aux malades ? De communiquer facilement ? D’animer un groupe ? D’accueillir ? Dans quelle situation puis-je en faire usage ? Au service de qui ?

Pour assumer cette mission, nous devons compter sur l’aide du Seigneur, mais aussi sur le soutien mutuel et fraternel. Jésus envoie ses disciples deux par deux, parce que nous devons porter au monde un message d’amour et en donner le témoignage par notre amour fraternel. C’est là le premier moyen d’apostolat, et c’est le plus efficace : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35). La mission a besoin du témoignage de foyers unis, de voisinage solidaire et compréhensif, et de chrétiens vivant en frères entre eux, des équipes qui ont la joie d’être et de travailler ensemble.

Dieu nous a choisis, nous lui appartenons et il traverse nos vies. Demandons-lui la grâce de reconnaître sa présence, son amour, ses dons et ses appels à témoigner de sa Bonne Nouvelle. Et prions pour tous ceux qui annoncent et transmettent cet évangile dans le monde.

Père Sébastien

 

11è dimanche eu Temps Ordinaire, Ézéchiel 17,22-24 ; 2 Corinthiens 5,6-10 ; Marc 4,26-34

HOMELIE

Les trois textes de ce dimanche vont dans le même sens. Ce sont de vrais témoignages de foi, écrits dans des contextes difficiles, et qui nous invitent à la confiance, à l’espérance et au courage.

Ézéchiel a été témoin de la chute totale de son pays. Après la défaite militaire face aux Babyloniens, la ruine de Jérusalem et du temple, le prophète a accompagné les déportés en exil, loin de chez eux, où ils sont complètement désemparés. Mais Ézéchiel leur annonce que rien n’est perdu. Il trouve les mots justes pour redonner courage et espérance à son peuple. D’après lui, le reste d’Israël, minuscule certes, va être pour Dieu une bouture qu’il va planter, qui va germer et devenir un grand arbre, solide, avec de nombreuses branches servant d’abri et donnant l’ombre nécessaire. Ceux qui sont totalement brisés, Dieu les fera vivre merveilleusement. Donc, la haine, la violence et le mal ne peuvent avoir le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera.

C’est aussi de cette espérance que Paul nous parle dans la 2ème lettre aux Corinthiens. Les premières années du christianisme ont été marquées par des persécutions. Dans ce contexte, l’apôtre Paul rencontre de nombreuses difficultés dans son ministère. Il a l’impression de descendre à la mort. Mais il a la ferme certitude qu’à travers tout cela, c’est la vraie vie qui est en train de germer.

L’Évangile de saint Marc s’adresse aussi à des chrétiens désemparés. Leurs questions sont de tous les temps et demeurent actuelles : dans ce monde marqué par beaucoup de maux, que sont devenues les promesses du Christ ? Où est-il quand on se fait la guerre dans de nombreux pays, quand on commet des violences contre les plus faibles, quand les plus pauvres sont jetés à la rue ? Où est-il quand on fait face à ces maladies qui font de nombreuses victimes ? Saint Marc vient alors rappeler les paroles de Jésus. Il parle du règne de Dieu comme d’une semence qui germe, grandit toute seule et qui donnera la récolte en son temps. Mais entre les semailles et la moisson, il faut de la patience et de l’espérance dans une attente active.

N’est-ce pas que nous sommes parfois trop pessimistes et râleurs ? À travers ces trois lectures, c’est le Seigneur qui nous parle ; il nous donne une sacrée leçon de foi, d’optimisme, d’espérance et de courage. La bonne nouvelle qui nous est rappelée aujourd’hui est que rien ne doit ébranler notre foi au Dieu sauveur. Le Royaume de Dieu est en gestation. Notre Dieu peut paraître absent, mais son action est discrète et efficace.

Le règne de Dieu, c’est comme « la plus petite des semences de la terre ». C’est la logique même de Dieu. Jésus lui-même s’est fait le plus petit et le plus pauvre ; il a été enterré au tombeau. Mais sa résurrection a été le point de départ de la naissance de l’Église. Celle-ci a commencé avec un groupe d’hommes insignifiant. Aujourd’hui nous pouvons être tristes devant les statistiques qui disent que les chrétiens pratiquants deviennent une minorité, ou devant le constat que nous sommes devenus le petit reste de pratiquants dans la famille, ou que nos enfants à qui nous avons donné une bonne éducation chrétienne n’en font pas autant pour les leurs, etc. Pourtant, il faut croire que la graine du règne de Dieu a été déposée dans le cœur et la vie de nos enfants, qu’elle germe à sa manière, mais que nous devons continuer à l’arroser de nos prières et de notre chaleureuse proximité. L’Esprit Saint peut faire pousser cette petite graine.

En tout cas, que nous dormions ou que nous nous levions, la semence germe. Dieu agit quand le respect et la solidarité sont entretenus. Il agit quand les ennemis enfin se parlent, quand des hommes, des femmes et des enfants sortent du cercle infernal de la rancune et de la violence pour faire des gestes de paix et de réconciliation. Dieu agit quand des savants inventent des moyens pour combattre les maladies. Il est présent quand des équipes s’organisent pour visiter des malades ou des prisonniers. C’est ainsi que les signes de la présence de Dieu sont nombreux. Mais il faut ouvrir le bon œil pour les voir.

Ainsi, pour reconnaître l’action de Dieu, il faut un regard de foi. C’est en lui que toute notre vie chrétienne retrouve son sens. En lui nous découvrons, comme les disciples d’Emmaüs, que même dans les pires épreuves, Dieu ne nous a jamais abandonnés. C’est ce regard de foi et d’espérance qui nous maintiendra dans une attente active : il nous aidera à être, comme Ézéchiel, Paul et Marc, porteurs d’une parole et en même temps acteurs de gestes qui redonnent la confiance et la vie. Il ne s’agira de rechercher des gestes particulièrement grandioses et retentissants, mais de s’appliquer avec beaucoup de foi et d’amour à tous ces petits gestes quotidiens, qui deviennent alors les « petits grains » que Jésus sème dans la vie du monde. Et nous savons que, « les petits ruisseaux font les grandes rivières ».

Remercions le Seigneur qui continue de semer dans nos vies et à travers le monde entier. Et demandons-lui d’augmenter en nous la foi, l’espérance et la charité.

Père Sébastien

Exode 24, 3-8 ; Hébreux 9, 11-15 ; Marc 14, 12-16.22-26

HOMELIE

Dimanche dernier l’évangile se terminait par une promesse de Jésus : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Effectivement, il a tenu à ce que cette présence soit réelle, au cours de l’histoire de l’Église, à travers le signe de son corps et de son sang, à travers l’Eucharistie. Voilà ce que nous fêtons en ce dimanche. Et c’est une fête qui, cette année, prend encore plus de relief suite à plus d’un an de la crise sanitaire qui ne nous a pas permis de célébrer l’Eucharistie normalement et avec sérénité. Nous osons donc rendre grâce à Dieu qui nous donne maintenant de nous rassembler de nouveau, de célébrer l’Eucharistie ; mais aussi nous le remercions puisquà chaque Eucharistie le Christ nous invite à sa table. Et nous en avons besoin : notre vie et celle du monde en dépendent.

D’abord parce que nous sommes le peuple de Dieu et, comme l’ancien Israël, un peuple de pèlerins, en marche vers la sainteté et le bonheur. Nous cherchons à sortir de la terre d’esclavage, la terre de tout ce qui ce qui nous enferme, ce qui nous emprisonne dans la maladie, la peur, la tristesse, le découragement, les séparations, les divisions, etc. Un monde nouveau et meilleur est toujours espéré, qui serait comme la terre de liberté et de paix. Et pour y aller, on passe par des lieux et des moments de désert. Il y a du chemin à parcourir et des avancées à effectuer tous les jours. Il faut continuellement des forces pour la route et nous alimenter pour avancer.

A cet effet, aux anciens Dieu a donné l’agneau pascal, la manne, les tables de la Loi, et un leader : Moïse. Des réalités auxquels les Juifs s’accrochaient ! Nous sommes peut-être tentés de nous cramponner nous aussi à des habitudes, des traditions, diverses philosophies et croyances, qui ont peut-être fait leurs preuves ! Mais c’est là que Jésus nous dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14,1) ; alors venez, ma table est prête : voici mon corps ; prenez et mangez, dit-il.

L’évangile de ce jour montre que le repas auquel le Christ invite les disciples, c’est lui qui l’organise et il comporte les quatre étapes de la messe : le rassemblement autour de lui, le temps de la parole qu’il partage, la consécration et le don du pain et du vin, puis l’envoi. Jésus est la nourriture mais aussi le Prêtre le médiateur de l’Alliance nouvelle. Il se fait don ; il s’offre comme un cadeau merveilleux, à manger, c’est-à-dire à consommer pour le mettre au-dedans de nous. Il veut demeurer en nous. Par son corps et son sang, c’est la vie divine qui nous est donnée avec son amour infini.

Quand nous communions, en répondant Amen, nous disons «c’est vrai », nous ouvrons à ce don immense du corps du Christ, don de sa présence, don de sa parole qui nous éclaire, don de son Esprit d’amour, force pour la route. Il vient nourrir la relation que nous avons avec Dieu ; il vient nous appeler à accueillir son bonheur. D’où ces paroles avant la communion : « Heureux les invités au repas du Seigneur ».

Il reste à savoir qu’en accueillant ce cadeau de Jésus qui se donnenous nous livrons nous-mêmes à l’amour.  En nous nourrissant de son corps, nous devenons ce que nous recevons : le corps du Christ. Donc, que Jésus nous nourrisse à la même table et au même pain, c’est pour nous inviter à l’unité comme dans une famille, où chacun reste solidaire aux autres, où chacun est une présence du Christ qui se donne, qui sert, qui partage. Nous formons un seul corps, et nous devons être le pain aujourd’hui partagé pour un monde nouveau. Alors, remercions le Seigneur pour ce sacrement de l’unité et de l’amour qui, par la communion au Christ, nous permet de constituer une famille autour de lui.

Mais ce n’est jamais définitivement gagné. Il nous faut toujours nous interroger : Christ me nourrit de son corps, est-ce que je vis réellement en communion avec lui ? Comment et auprès de qui j’actualise sa présence, lui qui se fait un cadeau, qui nourrit et donne la vie ?

Que son corps et son sang nous rassasient d’amour, de joie et de force, pour que nous allions partager la joie de l’évangile partout où nous sommes appelés à vivre. Amen.

Père Sébastien

Deutéronome 4, 32-34.39-40 ; Romains 8, 14-17 ; Matthieu 28, 16-20

HOMELIE

Chers frères et sœurs, par la fête de la Sainte Trinité, nous redisons notre foi en un Dieu unique qui est à la fois Père, Fils et Saint-Esprit. C’est le cœur de notre foi chrétienne.

Célébrer la Trinité, c’est proclamer ce qui nous rapproche des autres religions monothéistes : le fait de croire en un seul Dieu. Mais alors, quelle est notre vigilance sur la place que viennent prendre, dans nos vies et dans nos milieux, des dieux qui n’en sont pas ? Faisons attention, car la tentation existe toujours. La foi en un Dieu unique doit aussi nous interpeler devant les conflits et les discriminations dus à la religion, et qui parfois vont jusqu’à des actes de violence au nom du même Dieu. C’est un scandale !

Mais cette fête souligne en même temps l’originalité de la foi chrétienne :

1) Nous chrétiens, nous croyons qu’il y a un seul Dieu qui est une communion de trois personnes distinctes et égales. Jésus nous apprend en effet qu’il est le Fils unique de ce Dieu révélé dans l’Ancien Testament. Il précise en outre que le Père et le Fils ne sont qu’un, et qu’ils sont un seul Dieu avec l’Esprit-Saint descendu sur les Apôtres à la Pentecôte et répandu sur toute l’humanité.

2) Pour la Bible, Dieu est une communion dans son être mais aussi dans son œuvre. C’est de cette façon qu’il se révèle dès le commencement du monde. Selon le chapitre un de la Genèse, l’univers est créé par Dieu, au moyen de sa parole et avec la présence de l’Esprit. Saint Jean nous dira que Jésus-Christ est cette Parole par laquelle Dieu a créé toute chose ; il est la Parole faite chair (Jean 1,1-18). La création est donc l’œuvre de Dieu, Père, Fils et Esprit. Et la Genèse va ajouter que l’œuvre créatrice réalisée par cette communion divine est merveilleuse ; l’auteur le souligne en répétant : « Et Dieu vit que cela était bon » (lire Gn 1). Dans la suite, Dieu se révèle proche de son peuple et plein de tendresse : avec ce peuple il conclut une alliance, puis il considère les membres de ce peuple comme ses propres enfants adoptifs par Jésus. Celui-ci est venu manifester le visage miséricordieux du Père et s’offrir à l’homme comme la porte et le chemin qui le conduit vers le Père. Enfin l’Esprit-Saint est envoyé ; il accompagne les disciples et fait d’eux des témoins joyeux du ressuscité. Bref, depuis l’aube du monde, Dieu veille sur nous à chaque instant.

3) Cette fête affirme aussi que être chrétien, c’est être baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Il ne s’agit pas seulement du rite baptismal, mais surtout ce qu’il signifie, à savoir le fait d’être réellement immergé dans la communion trinitaire. Plongés dans la communion divine, nous menons une vie nouvelle, et nous sommes capables de vivre des relations interpersonnelles où se réalisent, peu à peu, une belle unité des diversités, la joie de s’accepter les uns les autres, le dialogue, le respect mutuel, la solidarité et la saine collaboration dans les actions.

Tout justement, pour nous aider à rester immergés dans la vie de Dieu trinitaire, l’Église nous donne des moyens, parmi lesquels le plus simple et le plus couramment employé est le signe de la croix. Avec ce geste que nous posons sur notre corps, nous disons des paroles qui proclament la communion trinitaire et nous prions pour que celle-ci habite nos vies. Car, faire le signe de Croix est, d’après le Père Jean Debruynne (1925-2006) une façon de dire : « Au nom du Père, la main sur le front, je voudrais écrire Dieu sur tous mes rêves. Je voudrais marquer Dieu sur toutes mes idées. Je voudrais que la main de Dieu soit sur toutes mes pensées. Au nom du Fils, la main sur le cœur, je voudrais dire Dieu. Je voudrais chanter Dieu avec tous les mots de mon amour. Je voudrais planter Dieu dans tous les jardins de ma tendresse. Au nom du Saint Esprit, la main qui fait la traversée et le voyage depuis l’épaule jusqu’à l’autre épaule, je voudrais écrire Dieu sur tout moi-même. Je voudrais m’habiller de Dieu de haut en bas et d’une épaule à l’autre. Je voudrais que le grand vent de l’esprit souffle d’une épaule à l’autre, d’un bout du monde à l’autre jusqu’aux extrémités de la terre. Amen » Prenons toujours le temps d’habiter notre signe de la croix, pour appeler sur nous ce qu’il signifie.

En cette fête de la Sainte Trinité, remercions Dieu qui nous façonne par sa communion trinitaire. Et laissons-le nous immerger en elle, pour qu’Il vive en nous et que nous soyons des témoins vivants de son Amour.

Père Sébastien

 

Actes 2, 1-11 ; Galates 5,16-25 ; Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15

HOMELIE

Dans son discours d’adieu, Jésus avait promis à ses Apôtres qu’il n’allait pas les laisser orphelins, qu’il serait avec eux tous les jours, en particulier par l’Esprit-Saint qui leur serait envoyé (Jean 14,18ss). A l’Ascension, il a rappelé sa promesse en ces termes : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,8).

Le don du Saint-Esprit fut répandu à la Pentecôte. Le cinquantième jour après Pâques était la fête juive commémorant le don de la Loi à Moïse. Des Juifs venus de partout étaient en pèlerinage à Jérusalem. Alors que la ville était en fête, les Apôtres, Marie et quelques proches étaient réunis loin du bruit, au cénacle, en prière. C’est en ce moment-là que se produisit l’effusion de l’Esprit de Dieu. Manifestement, quelque chose s’est passé : ils doivent avoir reçu la force promise par Jésus, parce qu’on les a vu sortir de leur peur et de leur maison, et aller proclamer les merveilles de Dieu à toute la foule rassemblée. La Pentecôte ouvre les temps nouveaux.

En effet, l’Esprit est un souffle (c’est le même mot dans la langue hébraïque). Il demeure invisible et se dépose dans le cœur de l’homme comme une brise légère (lire 1 Rois 19,8-13) ; mais c’est aussi une force, semblable à celle d’un vent violent, capable de secouer les lourdeurs et les torpeurs de nos modes de vie, en vue d’établir un ordre nouveau des choses, celui qui est habité par le souffle de Dieu, le souffle de vie et d’amour.

L’Esprit-Saint se partage et se pose comme des langues de feu. Le feu de l’amour de Dieu qui réaffirme pour chacun l’amour incommensurable dont il est aimé. Il rassure donc, apaise et chasse la peur. Il guérit. Et si les Apôtres ont osé sortir et prendre publiquement la parole, c’est la preuve que la peur les a quittés, mais c’est aussi parce que l’Esprit est un feu qui illumine ; il est la lumière qui conduit les disciples dans la vérité tout entière, la vérité de ce que Dieu est. Au don de la Loi succède celui de l’Esprit-Saint qui donne la connaissance de Dieu, l’intelligence des Écritures et le discernement nécessaire. Si bien que les disciples de Jésus prennent la parole avec assurance, et ils émerveillent.

La merveille de la Pentecôte est que les disciples de Jésus s’expriment en toutes les langues ou simplement dans un langage que toutes les personnes comprennent. C’est le langage des paroles inspirées par l’Esprit, mais c’est aussi le langage que tout être humain comprend et apprécie, celui qui s’exprime par les fruits de l’Esprit-Saint : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Galates 5,22). L’Esprit-Saint conduit les disciples de Jésus vers la mission ; il leur permet d’aller à la rencontre des personnes dont ils avaient peur : les ennemis d’hier peuvent faire route ensemble et devenir des témoins joyeux de l’amour de Dieu. C’est de cette manière que l’Esprit-Saint a guidé les Apôtres, il a conduit l’Église à travers l’histoire, et il continue son œuvre dans la vie des croyants et de tous les hommes de bonne volonté.

En remerciant le Seigneur pour l’œuvre de l’Esprit-Saint dans la vie des hommes, accueillons donc avec joie l’exhortation de Saint Paul qui nous demande de marcher sous la conduite de l’Esprit-Saint. Engageons-nous à souvent demander à Dieu le don de l’Esprit-Saint, avec les paroles du Psalmiste (Ps 103/104) : « Ô Seigneur, envoie ton Esprit, qui renouvelle la face de la terre ».

Père Sébastien

 

Ac 1, 15-17.20a.20c-26 ; 1 Jn 4, 11-16) ; Jn 17, 11b-19)

HOMELIE

 

La particularité de ce dimanche c’est d’être situé entre l’Ascension et la Pentecôte. Pour les apôtres et

les autres disciples qui étaient avec eux, c’est le temps d’attente de l’Esprit promis par Jésus, et de sa joie. Leur manière de vivre l’attente de l’Esprit-Saint doit nous instruire, nous qui sommes à l’attente de la Pentecôte. Que retenir de leur exemple ? Trois attitudes.

 

- La première attitude à retenir, c’est la prière. Entre l’Ascension et la Pentecôte, la pensée des amis de Jésus est évidemment marquée, voire habitée par Jésus qui vient d’être enlevé à peine de leurs regards de chair. Ils pensent à son œuvre dont ils ont été des témoins oculaires, à sa parole qu’ils intériorisent et méditent, et à ses façons d’être et de vivre, à sa prière. Jésus occupe le centre de leurs pensées et de leur vie. Cette pensée forte à Jésus les met forcément en dialogue intérieur avec lui, en prière donc. Et c’est la prière qui permet la communion avec Jésus et aide à accueillir l’Esprit Saint. Rappelons ici la neuvaine de préparation à la Pentecôte, 9 jours de prière à l’Esprit-Saint, depuis vendredi. Ne ratons pas cette neuvaine de prière pour demander le renouvellement du don de l’Esprit que nous avons reçu au baptême et à la confirmation.

 

- La 2ème attitude de ceux qui veulent accueillir l’Esprit-Saint, c’est la vie fraternelle en Jésus-Christ. Entre l’Ascension et la Pentecôte, c’est un moment de grande solidarité. Les amis de Jésus se serrent les coudes, se rappelant d’ailleurs que, dans sa dernière prière, avant le grand passage, le Christ a prié pour l’unité de ses disciples et pour leur sainteté. Leur union à Jésus leur permet d’être sa demeure parmi les hommes. Elle leur permet de vivre de la sève d’amour qui circule en Dieu, elle leur permet donc de recevoir la vie de Dieu, son Esprit Saint et sa joie. Car « là où est la charité et l’amour, là est Dieu », comme le dit bien ce beau refrain latin que nous chantons : « Ubi caritas et amor, Deus ibi est ».

 

La solidarité entre les amis de Jésus les conduit jusqu’à penser à Judas qui s’est perdu. On voit sa place vide, et on pense à combler le vide, en y mettant une autre personne qui, avec eux, sera témoin du Christ ressuscité. Tout cela se passe dans un discernement éclairé par la prière. L’ouverture à l’Esprit-Saint aide à élargir le cercle de la fraternité et à poursuivre la mission du Christ dans le monde.

 

- Ainsi la 3ème attitude de ceux qui attendent la Pentecôte : entre l’Ascension et la Pentecôte, les amis de Jésus pensent à leur la mission qu’ils viennent de recevoir, celle d’aller dans le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création. La prière et l’accueil de l’évangile permettent d’enter dans le projet de Dieu et d’être consacré à la vérité et à la sainteté. Et c’est ce qui permettra d’être dans le monde sans être du monde, d’être dans le monde les signes de la présence du Christ. Et si nous sommes disponibles de poursuivre sa mission, l’Esprit du Christ vient à nous et à notre secours. Jésus donne son Esprit-Saint à ceux qui le désirent, et qui veulent être des témoins de la vie nouvelle signifiée par sa résurrection, témoins de la victoire de l’amour sur la haine, de l’unité sur la division, de la vie sur tout ce qui peut amener la mort.

 

Prions donc Dieu pour qu’il nous rende ouverts au don de son Esprit-Saint. Vivons avec ferveur cette neuvaine de préparation à la Pentecôte pour que l’Esprit Saint touche aussi tous les responsables de la société, afin qu’ils travaillent à l’unité, à la justice, à la fraternité et à la paix dans le monde.

Père Sébastien

Ac 10, 25-26.34-35.44-48 ; 1 Jn 4, 7-10 ; Jn 15, 9-17

HOMELIE

C’est au dernier repas avec ses apôtres, après avoir institué l’Eucharistie, que Jésus prononce les paroles de cet évangile où reviennent plusieurs fois les mots amour, aimer, ami. Clairement, il veut nous dire que l’Eucharistie est sacrement de l’amour divin qui est à recevoir et à donner. Le Christ se donne à nous parce qu’il veut demeurer en nous et qu’il nous aime. En même temps, il veut nous dire que participer au repas eucharistique ou à la messe, et ne pas vivre d’amour, c’est nettement un contre-témoignage. Pour celui qui communie au Christ par l’Eucharistie et tous les autres sacrements, vivre de l’amour n’est pas une option ; c’est une exigence de vérité et d’authenticité, voire un commandement.

Mais quel type d’amour ? Jésus indique alors la spécificité l’amour que doivent vivre ses disciples. Il ne dit pas seulement : « Aimez-vous les uns les autres » ; cela peut se vivre entre copains qui s’aiment et se soutiennent dans une bande de malfaiteurs, ou dans un parti politique en guerre contre un autre ; ou même dans l’Église, voire dans une paroisse où peuvent se trouver des groupes ou des mouvements dont les membres s’aiment bien entre eux, tout en étant comme des clubs fermés, opposés à d’autres.

Jésus dit plutôt : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il se donne comme la référence permanente et le moteur de l’amour du chrétien, Dieu étant la source puisque « Dieu est amour ». Jésus est « le chemin » sur lequel nous devons continuellement nous ajuster. Les textes nous indiquent quelques balises : comment le Christ a-t-il aimé ?

- Il n’a aimé que de l’amour du Père : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ». Par conséquent, ce qu’il donne, il le reçoit du Père. L’amour du Fils est nourri par la prière et par la volonté de son Père. « Père, non pas comme je veux, mais comme tu veux ». Il nous apprendra à prier en disant : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite... ».

- Jésus a aimé ses disciples jusqu’à en faire ses amis. « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis », leur dit-il. Le Christ nous appelle à un amour où sont cultivés l’amitié et le partage au quotidien. L’amitié favorisera les liens fraternels.

- Pour lui, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Il s’agit de donner sa vie, son temps, ses moyens, son intelligence, ses talents, pour servir comme Jésus, en accordant la priorité aux petits et aux faibles.

- Lui a aimé d’un amour universel, sans frontières. Au grand étonnement des chrétiens d’origine juive, « Dieu accueille » largement et répand son Esprit Saint sur les nations païennes.

- Et tout cela a pour finalité de faire de nous des bien-aimés de Dieu, vivant de la joie du Christ, une joie parfaite parce que vécue en communion avec Dieu, le seul parfait.

Oui, nous le savons, connaître, devenir ami, aimer sont toujours en devenir et exigent un engagement à renouveler chaque jour. Cela est difficile, mais Jésus affirme que c’est lui qui, le premier, choisit ses amis. L’amour et le choix partent de Dieu ; il est à l’œuvre. C’est lui la source de l’amour. Pour qu’il soit fécond dans nos vies, l’amour reçu de Dieu doit retourner à lui, le mouvement de retour nous donnant d’accueillir encore et toujours l’amour qui vient de Lui.

En ce dimanche, nous avons à nous émerveiller de l’initiative gratuite de Dieu qui nous a créés, nous a aimés, nous a choisis par son Fils Jésus. Si le Fils nous demande de nous aimer comme il nous a aimés, c’est pour, dit-il nous donner sa joie. Que nos cœurs s’ouvrent à l’amour de Dieu pour que nos familles, nos communautés et notre monde jouissent de la paix et la joie du Seigneur.

Père Sébastien

Ac 9, 26-31 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8

HOMELIE

Nous sommes le soir où Jésus mange le dernier repas avec ses disciples. Il a lavé les pieds de ses disciples, puis il leur a annoncé son départ imminent et l'envoi de l’Esprit. Les évangélistes retiennent qu’en ce moment-là, Jésus a parlé de la vigne en disant : « Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Mt 26,29). Ainsi Jean, qui ne raconte pas l’institution de l’Eucharistie, rapporte une véritable méditation eucharistique proposée par Jésus lui-même. A ceux qui boivent le fruit de la vigne devenu son sang, à nous qui sommes nourris par les sacrements d’Église, Jésus partage un souci qui concerne la fécondité de notre vie de disciples. Il se compare à une vraie vigne et considère ses disciples comme des sarments, son Père étant le vigneron. L’enjeu c’est que les sarments vivent et portent du fruit, voire beaucoup de fruits, pour la gloire du Père. De sa parabole, nous pouvons retenir trois orientations pour notre vie :

1) Tout d’abord, il nous rappelle qu’un sarment ne peut pas vivre s’il n’est pas irrigué par la sève, qui vient du pied de la vigne. C’est pareil pour nous : sans la sève du Christ, nous ne pouvons plus être chrétien que de nom. Pour être chrétien, il ne suffit pas d’être baptisé, il nous faut veiller au lien vital avec le Christ. C’est comme la sève pour le bois, sans laquelle il dessèche. C’est comme le sang qui coule dans nos veines, sans lequel nos membres meurent. Ceux qui restent reliés à lui bénéficient du ressourcement permanent assuré par sa sève. Il s’agit de lui permettre de demeurer en nous et nous de demeurer en lui. Nous porterons du fruit en écoutant Dieu, en ayant foi en Jésus, en étant serviteurs, en priant, en recevant les sacrements, en accueillant l’Esprit Saint. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire », dit Jésus.

2) Et puis, à quoi servirait un sarment qui ne produit rien ? Le vignoble aura tendance à le couper, n’est-ce pas ? Il nous faut donc produire des fruits, ceux de la vraie vigne qu’est Jésus-Christ. Jésus parle de la « vraie » vigne parce que, dans toute la Bible, l’image de la vigne représentait « le peuple d’Israël ». Le Christ se permet de prendre la place de tout le peuple et il ose même dire que c’est lui la vraie vigne ; comme si l’autre n’était qu’une sorte d’ébauche, de préparation, de figure. L’alliance avec Israël devenue caduque, Jésus a inauguré la Nouvelle Alliance ; c’est désormais lui la vraie vigne. Ses fruits sont merveilleux, ils sont une « Bonne Nouvelle » faite de proximité, compréhension, bienveillance, guérison, vie nouvelle, etc. Tels sont les fruits que Dieu attend de nous ; ceux que nous donne la sève du Christ ; il s’agit d’aimer non par des paroles et des discours, mais en actes et en vérité, comme Jésus l’a fait.

3) Enfin le Christ nous prévient : « Tout sarment qui donne du fruit, mon Père le nettoie, pour qu’il en donne davantage ». Il nous faut donc accepter d’être taillé par le vigneron : il enlèvera ce qui est inutile pour lui, ce qui est devenu improductif, mais aussi ce qui déborde et qui risque de gêner la croissance des plantes qui sont à côté. L’espace de vie est à partager dans le respect de l’autre et dans la paix. Une vigne qui n’est plus taillée ne donne que des feuilles. Nous devons nous-mêmes coopérer avec Dieu, et aller vers lui lui pour exposer, comme nous le faisons devant notre médecin traitant, ce qui en nous ne correspond plus à sa volonté. Certes, nous séparer de ce que le Seigneur nous enlève peut être une épreuve pour nous ; mais, rappelons-nous que lorsqu’on taille la vigne, elle « pleure » disent les vignerons ; elle souffre, mais c’est pour qu’elle se porte bien et produise mieux ! 

Ainsi, la première lecture nous montre que, avant de devenir le grand apôtre saint Paul, Saul se laisse émonder. Il était un bon pratiquant, un connaisseur de la Loi, mais en même temps et par ignorance, un persécuteur des chrétiens et du Christ lui-même. Nous avons aussi ces deux faces, n’est-ce pas ? Bons pratiquants, mais avec nos péchés ! Paul a rencontré Jésus sur le chemin de Damas ; sa conversion est un vrai processus qui le taille : il abandonne sa fausse conception de Dieu dur et violent, il abandonne son orgueil, il se laisse accueillir, il accepte de se laisser conduire, etc. Ici, notons le rôle joué par Barnabé. Alors que Paul est tenu à distance par les chrétiens, Barnabé le prend par la main, il l’introduit dans la communauté, il explique à ses frères le changement intervenu dans la vie de leur ancien persécuteur, il l’accompagne dans ses premiers pas d’apôtre de Jésus, etc. Quel accueil donnons-nous aux « nouveaux sarments » du Christ ?

Frères et sœurs, la sève du Christ nous est donnée par sa Parole et les sacrements, afin que toute notre vie soit menée « par lui, avec lui et en lui ». Quelle belle grâce ! Remercions Dieu pour tout ce qui se produit de beau dans la vie des disciples du Christ. Ressourçons-nous tous les jours et laissons-nous soigner par Dieu afin de porter davantage de fruits, selon sa volonté, pour sa plus grande gloire et pour le salut du monde.

Père Sébastien

Ac 4, 8-12 ; 1 Jn 3, 1-2 ; Jn 10, 11-18

HOMELIE

 

« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger ». Quand Jésus parle ainsi, il rappelle les prophètes d’Israël qui se plaignent du fait que les chefs du peuple, les bergers d’Israël, sont insatisfaisants, voire médiocres. Ceux-ci se soucient bien souvent d’eux-mêmes et non du peuple, les brebis qui leur sont confiées. C’est dans ce contexte que Dieu va annoncer : « Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles » (lire Ez 34 ; ici, v. 11). Lui seul est le vrai berger vers lequel le psalmiste crie sa confiance : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer. Sur des près d’herbe fraîche, il me fait reposer » (Ps 22). Le berger procure l’eau, la nourriture, il donne la joie, il conduit sur le chemin, il rassure, il rassemble, et protège jusqu’au don de sa vie s’il le faut.

Cela Jésus le réalise en sa personne. Il ajoute qu’il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. Nous savons ce qu’a été l’engagement de Jésus pour ses disciples, les malades, les personnes en deuil, les pécheurs, les pauvres, les femmes, les enfants. L’évangile nous raconte tout ça pour nous montrer Jésus toujours proche, qui prend soin de chacun de nous individuellement. Ce qu’il attend de nous : c’est la confiance. Vous avez entendu Saint Jean dire : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Nous devrions pouvoir dire encore et toujours : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ». Car il nous a dit qu’il est avec nous tous les jours… Il nous a dit de ne pas avoir peur, même devant les épreuves. Mais pour arriver à ce niveau de confiance et d’abandon à lui, il nous demande de l’écouter, afin de mieux le connaître et de nous rendre aptes de faire du bien, à notre tour, par lui, avec lui et en lui.

Et donc, ce qu’il attend de nous, c’est aussi de poursuivre sa mission de berger, au nom de Dieu. Lui le Fils est venu rendre concrète la présence de Dieu Bon Pasteur de son peuple. Nous aussi nous sommes les enfants de Dieu. Saint Jean vient de nous le rappeler: « Voyez de quel grand amour Dieu nous a aimés ; nous sommes les enfants de Dieu ». Comme pour dire que nous sommes les enfants du Pasteur. L’enfant du fermier grandit au contact de la terre et des animaux, et au fur et à mesure qu’il grandit, il peut aider aux travaux de la ferme. Ainsi, nous les enfants bien-aimés du Bon Pasteur, devons voir et apprendre par l’exemple du Fils unique comment Dieu le Père soigne ses brebis. Nous devons nous exercer chaque jour aux tâches et gestes de la bienveillance du bon berger. Jésus reste notre modèle et notre appui, la pierre angulaire, celui sur qui doit reposer la foi, notre témoignage de foi, à l’instar de Saint Pierre qui proclame le Christ ressuscité et opère des signes merveilleux en son nom.

Face aux bergers mercenaires, Dieu avait dit au peuple par le prophète Jérémie : « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jérémie 3,5). En contemplant la figure du Christ Bon Pasteur, nous sommes invités à prier plus que jamais pour les vocations, tout particulièrement les vocations sacerdotales et religieuses, dont notre Église et notre monde ont tant besoin. J’ouvre ici une parenthèse en ce qui nous concerne nous prêtres : comme chacun de vous, Dieu aidant, nous efforçons de donner le meilleur de nous même, de nous réformer, de nous relever quand nous trébuchons. En un mot, nous essayons comme vous, d’être chaque jour davantage configurés au Christ. Mais l’ordination ne nous a pas rendu parfaits et invulnérables. Priez donc pour vos prêtres et vos diacres. Tous, nous sommes des pécheurs pardonnés, et mais « enfants de Dieu, nous le sommes », dit Saint Jean. Chaque chrétien, bien que pécheur, reste la demeure de l’Esprit de Dieu qui le rend capable de conversion et de bien.

Ce dimanche est l’occasion de se réjouir de la diversité des appels dans l’Église et qui rayonnent dans notre monde. Mais « la moisson est grande, mais les ouvriers peu nombreux... », note Jésus (Luc 10,2). Prions donc pour les jeunes qui s’interrogent sur leur vocation à la suite du Christ. Aidons-les par nos prières et nos conseils à discerner l’appel de Dieu. Prions aussi pour tous les responsables de la société et pour tous les chrétiens, puisque Dieu nous appelle tous à veiller les uns sur les autres, surtout en ce temps où la covid-19 rend la vie particulièrement difficile. Que l’Esprit Saint nous donne la joie de nous savoir des enfants bien aimés de Dieu ; qu’il nous comble d’attention bienveillante les uns envers les autres à la lumière du Christ bon Pasteur. Amen

 

Père Sébastien

Ac Ac 3, 13-15.17-19 ; 1 Jn 2, 1-5a ; Lc 24, 35-48

HOMELIE

La résurrection de Jésus bouscule la foi des apôtres. Leur intelligence n’arrive pas à se l’expliquer. Dans cette « confusion », Jésus vient les rassurer en leur donnant, avant tout, la paix. Puis il leur confie la mission d’être les témoins de cette résurrection à laquelle ils croient désormais.

Oui, les apôtres ont du mal à croire que Jésus est réellement ressuscité. Des femmes leur ont appris qu’elles ont trouvé le tombeau vide. Les deux disciples d’Emmaüs ont raconté à l’instant la rencontre qu’ils ont eue avec Jésus ressuscité. A présent il est devant eux, mais cela ne leur suffit pas. Nous pouvons les comprendre, car le tombeau vide ne suffit pas. Sans les apparitions de Jésus ressuscité, on pourrait croire au vol du corps du Seigneur. L’évangile souligne d’ailleurs que des ennemis du Christ ont colporté cette idée dans les premiers temps.

Face à ses disciples incrédules, dans l’évangile de ce dimanche, Jésus a une façon très concrète de les rassurer et de leur annoncer qu’il est ressuscité. Le fait qu’il vienne en chair et en os devant eux, qu’il leur parle, qu’il montre ses mains et ses pieds, et qu’il mange devant eux, c’est la preuve que la résurrection n’est pas une fable, mais qu’elle est bien réelle. Ensuite Jésus va un peu plus loin : tout ce qui lui arrive est cohérent avec l’Écriture, d’après lui. Connaissant la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes, les disciples avaient déjà tous les moyens de croire en la résurrection. Celles et ceux qui sont parvenus à croire que Jésus est ressuscité, devront être ses témoins partout dans le monde. Pour témoigner de lui, de l’évangile nous retenons un moyen, à savoir : le partage. Il s’agit de partager l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité, de la foi et de la vie fraternelle.

En effet, c’est pendant que les disciples d’Emmaüs sont encore en train de raconter ce qui s’est passé que Jésus est présent au milieu d’eux. Là où les disciples se rencontrent et font mémoire de lui, il est présent. Et si cela pouvait aussi être ainsi pour nous, c’est-à-dire si Jésus venait prendre place au milieu de nos paroles échangées ! Le tout c’est de faire un petit examen de conscience : de quoi parlons-nous quand on se voit ? L’évangile nous recommande de partager une parole pleine de tendresse, qui rassure, qui remet debout, une parole de paix et d’espérance.

D’où l’importance à donner au partage de la parole de Dieu, ainsi que ce qu’elle réalise dans la vie de l’Église et notre propre vie. « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ » (Saint Jérôme). Elles nous éclairent sur toute la vie de Jésus. Faut-il encore bien comprendre ces Écritures, et y découvrir comment, à la suite de Jésus, nous pouvons faire de notre vie le lieu de l’accomplissement de cette Parole ! Nous devons donc demander au Christ de nous donner, à nous aussi, l’intelligence des Écritures. Mais, quelle place leur donnons-nous dans notre foi et dans notre vie ? Est-ce que nous les partageons ? Comprenons-nous l’importance des fraternités locales, ces lieux de partage de la parole et de vie fraternelle ? Nos fraternités sont-elles missionnaires, ouvertes ?

Les apparitions du ressuscité appellent aussi au partage d’une présence, celle du corps du Christ, dont nous sommes les membres. Le Ressuscité vient, il est proche, il est présent « en chair et en os ». Puis il se donne : « Touchez-moi », dit-il. En même temps, il appelle à donner : « Avez-vous quelque chose à manger ? » Dans la présence conviviale se manifeste non seulement que Jésus est ressuscité et vivant, mais aussi qu’il est pardon et paix. Pardon à ces personnes qui l’ont trahi, renié, abandonné et qui, du coup, savent qu’ils sont des pécheurs pardonnés. Dans le pain eucharistique, Jésus nous redit : touchez-moi, c’est bien moi. En même temps, il nous donne sa paix, tout en nous rappelant tant de frères et sœurs qui ont faim. Faim de pain, faim d’attention bienveillante, faim de pardon et de réconciliation, faim de paix, et de tout ce qui fait vivre ; tant de ces frères pour qui Jésus dit : N’avez-vous pas quelque chose à manger pour eux ?

Le Christ est vraiment ressuscité, il est vivant. Lorsqu’il nous arrive de ne plus apercevoir le bout du tunnel, invoquons-le. Il nous donne sa lumière et sa paix. A nous d’être ses témoins, sûrs de son amour et forts de notre foi, par le partage de nos belles expériences et de la parole de Dieu, et par les sacrements qui font rayonner d’amour, de paix et de joie, notre vie quotidienne.

Père Sébastien

 

« La paix soit avec vous » Ac 4, 32-35 ; Ps 117 (118) ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31

HOMELIE

Le Dimanche de la Divine Miséricorde est  celui qui suit la fête de Pâques. Ainsi en a décidé le pape Jean-Paul II, le 30 avril 2000, le jour de la canonisation de sainte Faustine. Cette religieuse polonaise avait reçu en effet la révélation de nombreux messages sur la Divine Miséricorde, auxquels elle a globalement répondu en disant : « Ô Jésus, j’ai confiance en toi ». Du latin « miserere » (avoir pitié), « cor » (cœur), la Miséricorde signifie l’être de Dieu plein de tendresse et de pitié, Lui dont l’amour créateur et sauveur est éternel (voir le psaume du jour). Cet amour, qui s’étend d’age en âge (Magnificat), atteint son sommet lorsque « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1). Par le mystère pascal, Dieu sauve l’humanité du Mal et de la Mort, à travers ceux qui croient en lui et qui deviennent le ferment de la vie nouvelle et éternelle.

Pour illustrer cela, l’Évangile de ce Dimanche de la Miséricorde est celui de l’apparition du Ressuscité à Thomas et aux autres disciples. Ils sont témoins d’une expérience extraordinaire que Jésus veut faire vivre à nous et particulièrement à nos frères et sœurs qui vont recevoir ici le sacrement des malades.

« La paix soit avec vous ! », voilà les premières paroles du Ressuscité. Nous aurions pu attendre une affirmation de victoire ou encore un appel à la joie ! Non, c’est le don de la paix que Jésus privilégie. Et il a bien vu ; car, il retrouve là des personnes qui ont peur, qui ont désespéré comme en témoigne leurs amis d’Emmaüs ; des personnes qui, dans leur désespoir, se sont enfermées, les portes verrouillées : les portes de la maison mais aussi celles de leurs cœurs. Elles sont malades d’une situation presque sans issue. Le Ressuscité vient alors vers elles pour leur manifester sa sollicitude. Elles le reconnaissent et sont dans la joie !Elles n’ont plus à avoir peur, car le Seigneur est vivant et il est présent.

Notez que le don de la paix, Jésus l’offre à tout le groupe, y compris à Pierre qui l’a renié, aux autres apôtres qui ont fui lors de la Passion, même à Thomas qui doute, et au jumeau de Thomas qui se retrouve en chacun de nous. La miséricorde du Christ est synonyme de compréhension, d’accompagnement et de pardon, à tous, à Thomas, mais aussi à nous que tant de situations difficiles de maladies, d’épreuves, de grand âge, conduisent au scepticisme. Jésus ne cesse de nous dire : « Venez à moi vous qui peinez sous le poids du fardeau, et je vous soulagerai » (Mt 11,28). Il continue de nous dire : « La paix soit avec vous ! »

Au chapitre 5 de la lettre de saint Jacques, il nous est dit aux versets 14-15 : « L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur ». Et saint Jacques ajoute : « La prière faite dans la foi sauvera le malade ». Devant l’épreuve de la maladie, nous aussi comme Thomas, avec nos craintes et nos doutes, nous nous retrouvons fragiles. Nous avons besoin de la présence et de l’aide de notre entourage et des personnes qui nous accompagnent. Nous avons aussi besoin de Dieu qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, notre espérance. « La prière faite dans la foi sauvera le malade », c’est-à-dire qu’elle donnera au malade la communion avec le Christ et la paix au cœur de son épreuve.

Remarquez que le Ressuscité porte encore les stigmates de la Passion : « Vois ma main », la main qui porte la marque des clous. Jésus n’élimine pas la souffrance, mais il vient la marquer de sa présence. Pâques n’efface pas nos blessures, mais elle les transfigure, afin que puisse jaillir la vie de ces lieux les plus morts en nous. Le Ressuscité illumine de sa présence notre épreuve et nos douleurs. C’est ce que vient réaliser lsacrement des malades : il rappelle la dignité de chacun aux yeux de Dieu ; il raffermit la confiance, donne la force de supporter l’épreuve et l’assurance que le Christ est proche. C’est un signe de la tendresse de Dieu pour les malades.

L’accueil de cette tendresse du Christ demande notre foi. Jésus a dit souvent à des malades : « Ta foi t’a sauvé ». Nous allons pouvoir redire avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu », et avec Sainte Faustine : « Ô Jésus, j’ai confiance en toi ». L’accueil de cette tendresse nous appelle aussi au témoignage. Les apôtres sont à la fois invités à contempler les plaies de Jésus, à recevoir sa paix et la joie de la Miséricorde, et aussitôt ils sont envoyés par Jésus à en témoigner. Ainsi, la première communauté chrétienne nous donne un merveilleux exemple de communion fraternelle et de bienveillance concrète.

Et pour que le don de la paix soit plénier, le Seigneur ajoute : « Recevez l’Esprit-Saint ». Jésus souffle sur eux, et par ce geste il rappelle le souffle de vie donné à Adam. Par notre foi en la Résurrection de Jésus, nous sommes ré-créés, le Christ nous donne son souffle. Remplis de l’Esprit-Saint, les apôtres ont pu vivre accueillir et aller partager la paix que le Christ leur avait donné. A notre tour, prions Dieu pour que nous soyons remplis d’Esprit-Saint ; que celui-ci chasse éloigne de nous la peur, le doute, et l’indifférence ; qu’il donne confiance, patience et persévérance dans la foi à tous, et en particulier à nos frères et sœurs malades.

Père Sébaastien

Actes 10,34a.37-43 ; Colossiens 3,1-4 ; Jean 20,1-9

HOMELIE

Marie Madeleine, c’est de grand matin qu’elle se rend au tombeau. Et l’évangéliste note que « c’était encore les ténèbres ». Quels ténèbres? Celles du temps certes, mais aussi et surtout celles du cœur : la tristesse et le désespoir face au deuil ; puis la peur qui pousse les disciples à se calfeutrer, toutes portes fermées. Et l’incompréhension sur ce qui arrive : la pierre a été roulée mais on ne sait pas par qui. Le corps de Jésus, on l’a enlevé, pense Marie Madeleine. Une douleur supplémentaire, pauvre femme ! Tout le monde court à la recherche d’une lumière. Pierre voit le tombeau vide mais il ne comprend pas. C’est Jean qui vient percer le mystère : « Il vit et il crut ». Puis des témoignages vont venir de la part de ceux à qui le Christ est apparu après sa résurrection d’entre les morts.

Depuis lors, les choses ont changé. Les disciples de Jésus sont aussi sortis de leurs tombeaux et de leurs ténèbres. Au lieu même où tout semblait s'achever, la vie renaît, la nouvelle du Christ sorti vivant du tombeau est comme un soleil lumineux dans leur cœur, leur vie et la nôtre. Oui toute nuit ouvre à un matin. Le Ressuscité vient dissiper les ténèbres des disciples.

Aujourd’hui encore, elles sont nombreuses les ténèbres envahissantes, toujours menaçantes qui s’étalent à la une des journaux. La violence dans le monde, cette pandémie qui frappe l’humanité toute entière, la panique qu’elle crée et la course folle aux solutions, le confinement, ces milliers de malades et de morts, la crise économique, le chômage, la pauvreté, etc. Et en nous, il y a aussi notre propre nuit intérieure. Nous savons combien la trame de nos vies est tissée d’obscurité, et parfois d’épreuves qui semblent insurmontables. La mort d’un parent, la maladie qui frappe en pleine force de l’âge, l’accident stupide, la peur devant l’incertitude sur l’avenir.

Voilà qu’un homme surgit du gouffre du tombeau pour nous tendre la main. Dieu se révèle comme le dieu de la vie et non de la mort. Le propre fils de Dieu vient nous relever de nos nuits. L’obscurité cède la place à la lumière ! L’incroyable espérance se réalise : la souffrance ne gagnera pas, la mort n’aura pas le dernier mot. Un chemin est ouvert même au cœur de la mort. Nos existences, quelles qu'elles soient, peuvent se remettre debout.

Jean voit les signes, et il comprend. Parce que chez lui les paroles de Jésus ne sont pas seulement un objet à savoir, mais une lumière pour la vie. On peut être surpris par la mention de Pierre et Jean qui découvrent le tombeau vide. Pierre ne comprend rien, mais Jean voit et il croit. Ce passage nous rappelle la rencontre du Ressuscité avec les disciples d’Emmaüs quand Jésus leur reproche leur lenteur à croire à ce qui est consigné dans les Écritures. C’est certainement pour nous dire que nous avons toujours à mieux comprendre la Parole de Dieu : la foi n’est pas d’abord une affaire de savoir et de science, mais d’expérience, de rencontre et d’amour. Nous disons bien de la résurrection qu’il est grand le mystère de la foi ! La foi nous permet de voir le Christ ressuscité par les signes qu’il pose.

Et les signes du ressuscité sont nombreux : des personnes qui croient, qui réussissent, qui se convertissent, qui sortent du deuil, qui s’aiment, qui se rassemblent, qui se réconcilient, de nombreux catéchumènes baptisés, de nouvelles formes de solidarité, etc. Le pape François décrit bien cela dans son Exhortation apostolique La Joie de l’Évangile : « La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ». Ressusciter ne signifie pas forcément acquérir un autre mode de vie, mais faire ressortir les valeurs qui sommeillent en toi, les secouer et les stimuler.

Que la Bonne Nouvelle de la Résurrection dissipe nos peurs et nos angoisses, qu’elle transforme nos vies afin que nous puissions être plus que jamais les témoins authentiques de l’espérance et de la joie de Pâques. Je vous souhaite donc, chers frères et sœurs, une joie profonde dans le Christ mort et ressuscité qui est à nos côtés tous les jours de notre vie. Portez la joie du Christ ressuscité autour de vous, et avancez avec confiance.

 

Père Sébastien

Genèse 1,1-2,2 ; Exode 14,15-15,1a ; Romains 6,3b-11 ; Marc 16,1-7

HOMELIE

Après la procession du cierge pascal dont la lumière a été partagée à toute l’assemblée, nous avons entendu le chant de l’Exultet. L’Église y invite tous ses fils et filles à exulter de joie, à chanter à pleine voix et de tout cœur la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ : « Qu’éclate dans le ciel la joie des anges ! Qu’éclate de partout la joie du monde ! Qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu ! ». Le Christ est ressuscité, Alléluia ! Nous fêtons la victoire de la vie sur la mort, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

Oui, toute la liturgie de la veillée pascale révèle l’amour de Dieu et son projet de vie pour l’homme depuis le commencement : du chaos originel, dans son amour, Dieu crée le monde, uniquement par la puissance de sa Parole. Tout ce qu’il fait est bon ; il crée un monde organisé, où l’homme peut exister et s’épanouir. Et lorsque pour ce dernier la liberté et la vie son menacées par le péché, Dieu se révèle aux fils d’Israël comme l’unique dieu plein de bienveillance, le dieu libérateur qui déclare : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens ».

Dieu ne reste pas un spectateur ; il s’implique jusqu’à envoyer son Fils, venu être la lumière dans la nuit des hommes. Les œuvres de Jésus vont témoigner de la bonté et de la miséricorde du Dieu créateur et sauveur. Ses œuvres vont, hélas, lui attirer la jalousie et la haine ; il est mis à mort. Et quand le désespoir gagne ses amis, alors que tous les apôtres sont calfeutrés, toutes portes fermées par peur des Juifs, quelques femmes du groupe de Jésus vont faire une découverte incroyable à son tombeau : la pierre a été roulée, laissant le tombeau ouvert et vide. Dans un premier temps, c'est le mutisme et la peur, mais un jeune homme vêtu de blanc leur parle : « N'ayez pas peur ». Il ajoute l’incroyable nouvelle : « Le crucifié est ressuscité ! ». Au lieu même où tout semblait s'achever, la vie renaît, la nouvelle est comme un soleil lumineux dans leur cœur, leur vie, mais aussi la nôtre. Oui toute nuit ouvre à un matin.

Elles sont nombreuses les ténèbres envahissantes, toujours menaçantes qui s’étalent à la une des journaux. La violence dans le monde, cette pandémie qui frappe l’humanité toute entière, la panique qu’elle crée et la course folle aux solutions, le confinement, ces milliers de malades et de morts, la crise économique, le chômage, la pauvreté, etc. Et en nous, il y a aussi notre propre nuit intérieure. Nous savons combien la trame de nos vies est tissée d’obscurité, et parfois d’épreuves qui semblent insurmontables. La mort d’un parent ou d’un enfant, la maladie qui frappe en pleine force de l’âge, l’accident stupide, la peur devant l’incertitude sur l’avenir.

Dans tout cela, Dieu se révèle comme le Dieu de la vie et non de la mort. Voici donc qu’un homme surgit du gouffre du tombeau pour nous tendre la main. Le propre fils de Dieu vient nous relever de nos nuits. L’obscurité cède la place à la lumière ! L’incroyable espérance se réalise : la souffrance ne gagnera pas, la mort n’aura pas le dernier mot. Un chemin est ouvert même au cœur de la mort. Nos existences, quelles qu'elles soient, peuvent se remettre debout.

Mais pour participer à la Pâque de Jésus-Christ et sa résurrection, il nous faut communier avec lui, plonger notre vie dans la sienne, comme nous dit Paul : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous pensons que nous vivrons aussi avec lui ». C’est pourquoi, nous avons la joie de voir en cette nuit le baptême des catéchumènes, et pour nous baptisés de renouveler notre Profession de foi baptismale. Fanny, Ton baptême nous rappelle ce que nous sommes réellement : nous sommes re-nés dans le Christ. Merci de nous le rappeler toujours par ta vie rayonnante de foi et d’amour.  Sois accueillie et prend désormais toute ta place dans la communauté paroissiale.

En cette nuit très sainte et toutes les nuits intérieures de notre vie, nous voilà donc rejoints, comme les femmes de l’évangile, par le Ressuscité au bord du tombeau de nos peurs, de nos angoisses, de nos soucis. Ne nous replions pas sur nous-mêmes, mais réjouissons-nous, car nous sommes « vivants pour Dieu en Jésus Christ ». Le Christ nous recrée, mais c’est à la manière de Dieu qui crée en plusieurs jours : la vie revient progressivement, chaque jour ajoutant quelque chose de bon. Ce qui nous demande de garder la foi et l’espérance dans la persévérance.

Joyeuses fêtes pascales à tous.

 Père Sébastien

Isaïe 52,13-53,12 ; hébreux 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jean 18,1 - 19,42

HOMELIE

 

De ce long récit de la Passion de Jésus, soulignons deux faits :

 

1) La réalité et l’atrocité des souffrances endurées par Jésus.

Jésus a réellement souffert. Trahi par Judas, arrêté comme un voleur, traîné devant Pilate, Hérode, les grands prêtres, puis condamné à mort à l’issue d’une parodie de procès. Il sera aussi giflé, fouetté, dénudé, torturé. Il connaîtra l’humiliation de porter une croix dans les rues de Jérusalem. Il sera hué par une foule déchaînée et manipulée. Aucune partie de son corps ne sera épargnée par les blessures.

A la souffrance physique s’ajoute la souffrance morale. Étendu sur la croix, Jésus crie vers son père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Sa souffrance lui est infligée par les hommes qu’il est venu sauver, qu’il aime et dont il s’est fait proche. De leur part, il ne reçoit que contestation, mensonges,  accusations, insultes, trahison, reniement, moqueries.

La Passion de Jésus nous fait penser à toutes ces personnes dont le cœur saigne au quotidien d’une blessure douloureuse de la vie : l’échec, la maladie, la mort d’un être cher, la trahison, la division, les calamités de tout genre, l’oppression, la guerre, etc. Mais le Christ, comme un ami fidèle, se tient près d’eux ; il prend en chacun d’eux la figure du Serviteur souffrant en s’offrant à son Père du sommet de la croix. En même temps, il compte sur les Simon de Cyrène que nous devons être.

C’est pourquoi, devant la croix présente dans le monde, nous avons parfois notre part de responsabilité ou notre indifférence. Le regard vers la croix est donc aussi un appel à abandonner le mal qui blesse, les préjugés, les jugements, l’égoïsme, etc. Regarder la croix nous appelle à demander pardon et à nous convertir. Si nous reconnaissons notre péché, Jésus nous pardonne. Car il dit bien qu’il verse son sang pour la multitude en rémission des péchés.

 

2) Jésus ne recule pas

Il accepte tout ce qui va lui arriver sans chercher à fuir. Mais fallait-il en arriver à la croix ?  Oui et c'est lui-même qui explique le sens de sa vie et de sa mort  : «  Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15,13). Ce qui nous sauve, ce sont pas ses souffrances, mais cet amour qui va jusqu’au bout.

Mais il est à souligner que le Christ s’avance vers sa Passion avec une force intérieure extraordinaire : « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne », dit-il (Jean 10,18) . Où puise-t-il cette force sinon dans le silence où il prie son Père. L’épître aux Hébreux nous révèle que Jésus « offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect » (He 5,7). Désormais, toute souffrance humaine, associée dans la prière à la Passion de Jésus sur la croix devient offrande au Père pour le salut du monde.

Nous qui sommes parfois un peu fléchissants, nous demandant parfois s’il faut continuer à suivre Jésus ou pas, appuyons-nous comme lui sur la prière et sur son amour. Pour certains de nos frères et sœurs, la souffrance est tellement atroce qu’ils perdent l’espérance. Nous allons les porter dans notre humble prière. Nous allons vénérer la croix de Jésus, pour lui signifier notre reconnaissance, notre admiration, et mais aussi notre espérance parce nous croyons que cette croix est le signe de la puissance de l’amour de Dieu. Par notre vénération de la sainte croix, nous venons aussi reconnaître devant le Christ nos manques d’amour et lui demander de nous donner un cœur nouveau, nourri et habité par lui.

Père Sébastien

Exode 12, 1-8. 11-14 ; Corinthiens 11, 23-26 ; Jean 13,1-15

HOMELIE

Jeudi Saint, nous fêtons l’institution de l’Eucharistie et du sacerdoce par Jésus. Parlant de l’Eucharistie, Saint Paul précise qu’il nous transmet ce qu’il a reçu. Quoi précisément ?

Paul a reçu des témoins du Christ ce que celui-ci a vécu avec ses disciples au soir du repas pascal, la veille de sa Passion : les gestes posés par le Christ et les paroles prononcées par lui, que le prêtre reprend à chaque Eucharistie pour la consécration du pain et du vin : Jésus prend le pain, il rend grâce, le bénit, le rompt et le donne aux disciples en disant : « Prenez et mangez-en tous. Ceci est mon corps livré pour vous ». Il prend la coupe de vin, la bénit et la donne aux disciples en leur disant : « Prenez et buvez-en tous, ceci est la coupe de mon sang versé pour vous et pour la multitude... ». Paroles mystérieuses et efficaces, par lesquelles Jésus se donne entièrement, annonçant sa Passion par fidélité à son Père et pour sauver les hommes.

Jésus partage ce repas le soir de la Pâque juive, au moment où les Juifs mangent l’agneau pascal. Il s’approprie cette fête, pour lui donner un sens nouveau. C’est désormais lui l’Agneau de Dieu qui est immolé pour que l’humanité ait la vie. C’est lui la nourriture indispensable pour la route, pour la nouvelle traversée de la Mer rouge et du désert en chemin vers la Terre promise.

Déjà aux enfants d’Israël, Dieu avait dit : « Vous ferez ceci en mémorial ». C’est pour cela que, depuis la sortie d’Égypte, la Pâque est célébrée chaque année. A la Cène, Jésus dira aussi : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Faire mémoire ne veut pas dire que nous faisons simplement un souvenir du passé. En mangeant la Pâque avec l’agneau immolé, les membres du peuple hébreu avaient parfaitement conscience que le Seigneur était présent avec eux, réellement présent. Ils savaient que Dieu est les libérait, comme il continue à nous libérer, non plus de l’Égypte, mais de ce que symbolise l’Égypte, c’est-à-dire le mal que nous nous faisons les uns aux autres, le mal que nous nous faisons-nous-mêmes, le péché. Bref, le mémorial c’est vraiment la présence du Seigneur qui libère.

C’est ainsi que chaque fois nous célébrons l’Eucharistie, le Christ ressuscité est réellement présent dans son attitude d’offrande, de sacrifice par amour et pour notre salut. C’est Paul qui le dit : « Chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne ». Nous proclamons son amour éternel, car l’Eucharistie est « le sacrement de l’amour » (Pape Benoît XVI). En effet, pour introduire le récit de la Cène, saint Jean écrit : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout ». L’amour à l’extrême. Cet amour est offrande de soi, parce que pour le Christ, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Le corps donné, le sang versé, c’est tout son amour. Voilà une merveille à toujours proclamer: il nous aimés, il m’a aimé jusqu’au bout. Jamais il ne peut nous lâcher.

Ce sacrifice de Jésus est présent pour chacun, et pour chaque famille. La première lecture dit bien qu’il y a un agneau par famille. Nous participons à la messe pour l’intérêt non seulement de nous-mêmes, mais aussi pour nos familles. Car le Christ, qui se donne jusqu’à verser son sang, veut venir dans votre maison, dans votre famille. Il veut y venir sous la forme de l’Agneau, celui qui livre sa vie et son corps, et qui verse son sang. Chaque famille doit être un sanctuaire d’amour, le lieu où l’on essaie de s’aimer fidèlement, où l’amour donne la vie et la fait grandir, où l’on sait vivre le pardon, et le don de soi pour l’autre. Tout ça n’est pas facile. C’est pourquoi, Jésus se donne et nous nourrit. Il nous nourrit pour que nous devenions ce que nous recevons. Don de soi, amour jusqu’au bout !

Pour le souligner, Jean ne décrit pas le repas mais le geste du lavement des pieds que Jésus y effectue. Le Maître s’abaisse comme le dernier des serviteurs pour leur laver les pieds. Signe d’hospitalité, signe du pardon et du service… Par le geste du lavement des pieds, on voit que aimer jusqu’au bout, c’est accepter de s’abaisser, de se mettre à genoux par amour de Dieu et de l’autre.

« C’est un exemple que je vous ai donné », dit Jésus. Accepter que le Christ est Maître et Seigneur, c’est entrer dans ce dynamisme de l’amour extrême. En plus, le lavement des pieds à la Cène veut nous apprendre que la vie cultuelle et la célébration de l’Eucharistie ne se suffisent pas à elles-mêmes. Sous peine de devenir des illusions, elles ne trouvent leur sens que dans l’amour effectif et concret, par lequel nous savons laver en famille le linge sale, nous savons remettre debout la personne blessée, etc. Le Christ présent dans l’Eucharistie, nous l’adorons et il nous nourrit. Il nous nourrit pour que nous devenions ce que nous recevons : le corps du Christ donné pour la vie du monde.

Prions pour qu’en participant à l’Eucharistie, notre vie soit habitée par le Christ. Qu’en lui nous trouvions notre force et notre salut. Et que, par l’Eucharistie célébrée partout dans le monde, l’Église soit le lieu par lequel l’humanité est nourrie et renouvelée par l’amour de Jésus.

 

Père Sébastien

(Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur : Marc 11, 1-10 ; Isaïe 50, 4-7 ; Philippiens 2, 6-11 ; Marc 14,1 – 15,47)

 

HOMELIE

L’entrée à Jérusalem est dominée par un cri de louange : « Hosanna ». Il signifie : « De grâce, sauve » ou « sauve donc ! ». Sur la montée de Jésus, ce cri de louange est chanté, des manteaux sont jetés sur son passage, des feuillages coupés pour manifester la joie. Tout cela révèle que Jésus est reconnu comme Messie, comme Sauveur, comme Roi, comme celui qui vient au nom du Seigneur, pour le salut de tous. Et cette reconnaissance lui vient de celles et ceux qui, par lui, ont vécu les merveilles de l’amour de Dieu. Est-ce que, à mon tour, je sais reconnaître Jésus comme mon sauveur ? Suis-je dans la louange ?

Mais cette fête souligne aussi la nouveauté de la royauté du Christ : il est serviteur. Il est acclamé roi, mais il n’a pour monture qu’un âne, signe d’une royauté dans l’humilité, le service, la douceur et la paix. Paul résume si bien la royauté exceptionnelle de Jésus : de condition divine, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu ; s’étant fait homme, il s’est abaissé ; devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. Pour introduire le récit de la Cène, Saint Jean écrira : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1). L’amour jusqu’au bout ! Le but de la montée à Jérusalem est l’offrande que Jésus va faire de sa vie, parce que, dit-il, « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Cette montée annonce donc une autre montée, à savoir l’élévation sur la croix.

Effectivement, Jésus dérange, par les gestes qu’il pose et surtout pas son message. Il déclenche une hostilité allant jusqu’à gagner ceux qui l’ont acclamé. Incompris, Jésus est rejeté, trahi, humilié, objet de moqueries. Oui, le monde est parfois ingrat, mais cela n’a pas empêché Jésus de nous sauver ; Pierre l’a renié, et Jésus l’a choisi pour être le chef de son église. Es-tu prêt, es-tu prête, à témoigner de cette gratuité du Christ, à pardonner ? A continuer à faire du bien sans compter ce que tu reçois en retour ? Sur ce chemin, la bonne Nouvelle est que, comme pour Jésus, Dieu nous accompagne : par la bouche du prophète Isaïe, on entend le serviteur de Dieu dire que, quelles que soient les difficultés, il persévère parce que Dieu est avec lui. Puis, Paul proclame que Jésus le serviteur, Dieu l’a élevé au-dessus de tout.

Nous vivons dans un monde qui juge sur les apparences, où Jésus est remis en question par toutes sortes de puissance et de philosophies qui le nient le méprisent :

- Dans ce monde qui exalte la puissance, qui accuse, qui dénonce, qui condamne, qui méprise, qui trahit, nous qui tenons nos rameaux pour acclamer Jésus, est-ce que nous pouvons être comme le centurion romain et les gardes qui donnent leur confiance à Jésus et disent : « Vraiment cet homme est le fils de Dieu » ?

- Pour que cela soit possible, il nous faut garder un regard de foi sur la croix du Christ ; elle nous rappelle que Jésus est finalement ressuscité et que sa résurrection signe la victoire définitive de l’amour sur le mal, du pardon sur la vengeance, de l’humilité sur l’orgueil.

- Enfin, nous qui tenons nos rameaux pour acclamer Jésus, demandons la grâce d’être un peu des Simon de Cyrène. Il a porté la croix de Jésus. Aujourd’hui encore, beaucoup de nos frères et sœurs sont en difficulté (maladie, chômage, solitude, grand âge, etc.). Soyons les Simon de Cyrène qui, d’un geste, d’un sourire, d’un coup de main, apportent un peu de paix et de lumière à Jésus présent dans celles et ceux qui souffrent.

Cette semaine, prenons du temps pour accompagner Jésus, pour rester avec lui et connaître jusqu’où va son amour pour nous, afin que nous puissions en rayonner. Car nous sommes ce « peuples de rois » avec le Christ, par lui et en lui.

 

Père Sébastien

Jr 31, 31-34 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33

 

HOMELIE

La parabole du grain de blé tombé en terre se situe dans l’horizon de la longue attente du salut, où se situe aussi l’annonce d’une Nouvelle Alliance par le prophète Jérémie.

Face aux catastrophes dont Jérémie est témoin en son temps, le prophète annonce la restauration d’Israël, non plus sur les anciennes institutions, mais sur des bases renouvelées. Il nous fait entendre l’heure décisive : Dieu va inaugurer une nouvelle alliance après avoir pardonné à sa façon souveraine la rupture de l’ancienne : « Je pardonne leur crime, leur faute, je n’en parle plus ». Puis, la Nouvelle Alliance sera gravée « au fond des cœurs » à tel point que chacun, sans être instruit, connaîtra et accomplira la volonté du Seigneur . Tout cela viendra, dit Jérémie, « en ces jours-là ».

Avec l’épître aux hébreux, nous découvrons que ces fameux jours sont ceux de Jésus, et que la Nouvelle Alliance est scellée par Jésus qui verse son sang. En effet, en instituant l’Eucharistie, Jésus citera Jérémie en disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang versé pour vous » (Luc 22,20). Saint Jean vient préciser : ces fameux jours sont récapitulés dans ce que l’évangéliste appelle « l’heure de Jésus ».

Et c’est lorsque sonne cette heure que Jésus parle du grain de blé. Si vous lisez attentivement l'Évangile de Jean, vous remarquerez que Jésus parle souvent de son « heure ». Elle « n'est pas encore venue », disait-il à sa mère à Cana, mais c'est l'inverse qu'il annonce à la veille de sa passion. Ainsi, pour introduire le récit du dernier repas, saint Jean écrit : « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». « L’heure est venue », déclare Jésus dans l’évangile de ce jour.

L’heure du Fils de Dieu, c’est l’heure du grain de blé tombé en terre ; c’est l’heure de sa passion et de sa mort entièrement vécues par amour, et qui va donc porter beaucoup de fruit ; c’est l’heure de sa glorification. C’est à cette heure, selon l’auteur de l’épître aux Hébreux, que Jésus s’offre, avec un grand cri et dans les larmes. Il ne recule pas devant cette échéance, il s’y soumet par amour, raison pour laquelle, comme l’explique cet épître, Jésus va être cause du salut éternel.

Les fruits du grain de blé, c’est l’alliance nouvelle réalisée, la bienveillance manifestée à l’égard de tous, le pardon accordé aux pécheurs, son corps et son sang donnés en nourriture, son amour déposé dans nos cœurs par les sacrements qu’il institue lui-même et que nous recevons dans la foi de l’Église. Le fruit du grain de blé c’est finalement la vie donnée en abondance (Jn 10,10).

Aux Grecs qui veulent voir Jésus, c’est-à-dire à toute l’humanité en quête du sauveur, Jésus nous dit que le Messie à découvrir en sa personne est comme un grain de blé tombé en terre. Le Messie qu’il est, celui qui est cause du salut éternel selon l’épître aux Hébreux, c’est lui Jésus qui sait donner sa vie et s’en détacher en ce monde pour la vie éternelle. Il signifie, par le don de lui-même, qu’il n’y pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15,13), et que c’est cela la voie du salut individuel et communautaire, jusque dans les grandes catastrophes de la vie.

Dès lors, être disciple prend une nouvelle tournure. Il ne s’agit plus seulement de suivre des enseignements de Jésus mais de l’imiter en donnant sa vie comme lui. Face au monde et à nos proches qui vont chercher à voir Jésus, le disciple devra rendre compte de sa foi, il devra rendre présent le Christ qui se donne. Pour le suivre dans la vie éternelle, pour être sauvé, pour devenir témoin de sa présence, il faut accepter de se tourner vers le Père et de recevoir de lui la vie éternelle ; mais il faut accepter aussi de descendre vers les petits, de se donner, de mourir à soi-même et de servir.

« Qui aime sa vie la perd ». Jésus propose un chemin exigeant mais réaliste, car si tu ne penses qu'à toi, si tu ne vis que pour toi, tu finiras seul et malheureux ; la vie n’est d’ailleurs pas possible si chacun ne privilégie que sa personne et ses facilités. La voie indiqué est difficile ? Oui. Le Christ a connu l’angoisse de l’échec et de la mort. Mais il s’en est remis à Dieu, en toute confiance. Et il nous invite, nous aussi, à aller jusqu’au bout de l’amour, avec la même confiance, en nous abandonnant toujours entre les mains de Dieu. Pensez à ce beau chant :

Mon Père, mon Père, je m'abandonne à toi,
Fais de moi ce qu'il te plaira.
Quoi que tu fasses, je te remercie.
Je suis prêt à tout, j'accepte tout.

 

Car tu es mon Père, je m'abandonne à toi,

Car tu es mon Père, je me confie en toi.

 

Par l’Eucharistie, c’est l’heure de Jésus qui se poursuit. Prions-le pour qu’il nous entraîne dans son amour; cet amour qui va jusqu’au bout.

 

Père Sébastien

 

Textes : 2 Chroniques 36, 14-16.19-23 ; Éphésiens 2, 4-10 ; Jean 3, 14-21

HOMELIE

Sur notre chemin vers la lumière de Pâques, nous célébrons le dimanche de la joie. Le motif de cette joie est de savoir que Dieu est riche en miséricorde, jusque dans les situations où nous pourrions nous croire perdus. Il a donné son Fils unique pour que quiconque croit en lui obtienne la vie éternelle.

Saint Paul, qui affirme que « Dieu est riche en miséricorde », sait de quoi il parle.

- Il revoit toute l’histoire de son peuple, notamment celle évoquée dans la première lecture de ce jour, où l’auteur aide son peuple à faire une relecture du passé. Ce peuple a connu des époques difficiles, et Dieu l’a béni ; mais il reste ingrat et infidèle. Malgré cela, Dieu « a pitié de ce peuple » ; c’est pourquoi il ne cesse de lui envoyer des messagers de son amour qui, hélas, seront souvent rejetés. Un peuple qui, dans la suite, pour ses erreurs, est déportée à Babylone (587 av. J.-C.) ; là encore Dieu lui suscite un libérateur : Cyrus roi des Perses qui leur permet de retourner chez eux (539 av. J.C.). Finalement ce Dieu apparaît à Israël comme un père qui corrige pour éduquer, mais finit par pardonner. Et il faut noter que le peuple pardonné revient vers Jérusalem et s’emploie pour rebâtir le temple : pardonné, il se met au service !

- Paul voit dans sa propre histoire la marque puissante de la miséricorde divine : lui l’ancien persécuteur de chrétiens, il a été pardonné par le Christ, jusqu’à être choisi pour devenir apôtre des nations. Paul n’en revient pas (lire 1 Co 15, 8-9). Pardonné, il devient témoin de la Bonne Nouvelle !

- Saint Paul montre alors comment se déploie la richesse de cette miséricorde de Dieu. « Il nous a aimés… il nous a fait revivre, il nous a ressuscités… il nous a fait régner aux cieux dans le Christ Jésus. C’est par grâce que nous vivons et que nous sommes sauvés, insiste-t-il.

Saint Jean va renchérir les propos de Paul : "Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé". Dieu regarde ton cœur, parce qu’il t’aime et non pour te juger. Le chant nous enseigne : « N’aie pas peur, laisse-toi regarder pas le Christ car il t’aime ». Le souci du Christ est que personne ne se perde.

Sauf que le salut de s’impose pas ! Et c’est pourquoi, ayant dit que « Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique », Jean ajoute : « Ainsi tout homme qui croit en lui obtiendra la vie éternelle ». Il faut donc croire pour être sauvé et recevoir la vie éternelle.

- Et selon les propos de Jésus à Nicodème, en ce dimanche, croire au Fils de Dieu c’est avoir notre regard spirituel tourné vers la croix où ce Jésus sera élevé. En effet, en contemplant la croix, nous revoyons toute l’histoire de l’engagement de Dieu par son Fils Jésus-Christ. Nous revoyons comment le Christ s’est fait proche, comment il a aimé jusqu’au bout (Jean 13,1) ; nous revoyons nos responsabilités face à la souffrance infligée injustement aux pauvres et aux faibles d’aujourd’hui, mais en même temps nous sommes consolés et remis debout par le pardon que le crucifié nous obtient, ce pardon qui fait naître l’espérance de notre résurrection.

- Croire au Fils de Dieu, c’est s’ouvrir à sa lumière, particulièrement en accueillant sa Parole, comme Nicodème le fait. Ce pharisien connaît bien la Loi, mais il vient vers Jésus. Il vient nuitamment parce qu’il a peur d’être vu, mais aussi parce qu’il a besoin de se laisser éclairer dans les zones obscures et sombres de sa foi. Ces zones sombres, tout le monde en a dans sa vie, et devrait faire comme Nicodème : aller vers Jésus. Mais Jean fait un constat triste : « La lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière… »

Le chrétien est certes un homme comme les autres. Il n'échappe ni aux soucis, ni aux maladies du corps et du cœur, ni au trépas. Il n'est pas nécessairement meilleur que les autres, ni plus généreux, ni plus courageux. Mais il regarde le Christ en croix et, par-delà le crucifié, il voit le ressuscité qui a vaincu la mort et le mal par l’amour. La croix nous permet de voir que l’amour du Christ est allé jusqu’à assumer nos péchés et nos souffrances, afin de nous faire sortir de la peur et du doute.

Et comme fait l’auteur de la première lecture pour ses contemporains, il nous est important de faire une relecture de notre passé, pour voir comment Dieu a été présent dans notre histoire, pour voir les rendez-vous réussis et les ratés par rapport à l’amour auquel il nous appelle. Oui il y a des ratés, comme pour Israël. Pourquoi ne pas les reconnaître et aller vers le sacrement du pardon ? Des choix de tous les jours, s’ils sont mal faits, nous conduisent au péché et même vers des conséquences parfois lourdes. De mauvais choix ? Oui, tels que : un bon conseil donné et non accueilli, un petit verre ou un mot de trop, une colère inutile, de la précipitation à prendre la parole, un refus de dialogue, une jalousie, de l’orgueil, etc.

Comme la Vierge Marie, dans son Cantique (le Magnificat), la relecture de notre vie nous permettra de reconnaître que la miséricorde de Dieu est pour toujours : il veille sur nous, il nous pardonne et nous faire revivre. Le but de cette reconnaissance est de nous faire vivre dans l’action de grâce envers Dieu et dans la joie d’être aimés et pardonnés. Ensuite, elle nourrit notre espérance ; et enfin elle nous rend nous-mêmes des témoins de la consolation de Dieu (lire 2 Cor 1,3-4). Car Dieu a un plan d'amour pour le monde et, en nous appelant au Baptême, il nous a confié une mission. Saint Jean écrit : "Le disciple de Jésus vient à la lumière pour que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu". Il nous appartient d'être parmi nos frères un signe.

Que Dieu nous montre sa miséricorde et que celle-ci nous donne la confiance, la paix et la joie.

Père Sébastien

 

Ex 20, 1-17 ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25

HOMELIE

Pour évaluer où nous en sommes pour notre conversion de Carême, voilà en ce dimanche des lectures centrées sur la justesse dans les relations avec Dieu et avec nos semblables en humanité, et sur l’harmonie qui doit être vécue et gardée avec Dieu et avec autrui.

La première lecture présente le cœur de la Loi israélite connu sous le nom de « Décalogue » en grec, ou simplement sous celui des « Dix commandements ».  Après avoir délivré son peuple de l’esclavage en Égypte, le Seigneur lui donne cette Loi comme une « constitution » destinée à le guider, à l’orienter et à lui garantir la liberté, la justice et la paix. Les 3 premiers commandements définissent les aspects essentiels de la relation entre Dieu et son peuple et peuvent être considérés comme la dimension « verticale » de l’alliance (un seul Dieu, pas d’idoles, honorer le seul Dieu...). Tandis que les sept préceptes suivants définissent les relations entre les membres du peuple et constituent la dimension « horizontale » (respect des parent et amour familial, respect de toute vie et refus de toute violence, refus de toute convoitise, et donc respect des biens d’autrui et des relations des autres). En observant ces commandements dans leur vie quotidienne, les personnes étaient censées rendre hommage à Dieu et bien vivre en société et dans leurs communautés. On voit que la fidélité à Dieu et l’hommage à lui rendre ne peuvent être séparés de l’amour du prochain. En même temps, il n’y a pas d’amour authentique s’il n’est pas nourri par une vraie relation d’alliance avec Dieu.

Or, à son époque, Jésus remarque que cette relation d’alliance n’est plus que de façade. Regardant ce qui se passe au Temple de Jérusalem, il voit avec grande consternation que ce lieu est devenu une place de marché, une ruche d’activités commerciales destinées à soutenir le culte formel et ritualiste que les prophètes ont souvent dénoncé. Il s’emploie donc à une véritable purification du Temple : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic », dit-il. Il chasse les marchands, renverse leurs tables, la monnaie, etc. Sa réaction violente pour purger le Temple de toutes les activités commerciales manifeste son grand zèle pour la restauration d’une relation juste et vraie entre Dieu et son peuple, une relation qui ne soit ni pervertie par des pratiques superficielles ni affectée par la cupidité, les calculs ou les intérêts égoïstes.

Oui, quand s’instaure le primat de l’économique, on glisse petit à petit vers le dieu « or et argent », avec son cortège d’injustices et de misères, et un contexte où l’échange est devenu mercantile, tout s’achète, se vend, même le corps de l’être humain... entraînant la dépréciation de toute relation. On va jusqu’à marchander la foi et l’accueil de l’évangile… avec une sorte de transaction avec Dieu : « Je te donne des prières, des sacrifices et des offrandes, tu m’assures en retour santé et bien-être, pour moi et pour les miens ». Ou « je te donne, si toi tu me donnes », « Comme je n’obtiens pas ce que je demande, j’abandonne ». Dieu se trouve instrumentalisé ; ce que le Pape François a toujours exprimé avec tristesse, notamment lorsqu’on assassine au nom de Dieu dans de nombreux endroits du monde. Jésus vient sans cesse renverser nos comptoirs d’évaluation, de  calculs et d’échange!  

Et il va plus loin. Pour lui, l’heure a sonné pour la fin de ce régime sacrificiel, la fin du Temple. Il l’annonce : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai ». L’évangéliste ajoute : le temple dont Jésus parlait était son propre corps. Jésus annonçait donc sa mort et sa résurrection après 3 jours. D’après cette annonce, c’est le corps du Christ qui est le nouveau Temple parce que Jésus lui-même s’offre en sacrifice pour nous sauver. Le don de Jésus vaut tous les sacrifices, il n’a pas de prix et c’est inouï : avec Jésus, ce n’est plus à nous d’offrir des sacrifices, et par ce don c’est Dieu lui-même qui nous comble.

Le nouveau Temple c’est lui, mais c’est aussi tout le corps du Christ qu’est l’Église ; c’est aussi chaque membre de ce corps. Paul dira bien que nous sommes des temples de l’Esprit saint. Temples sur lequel nous devons toujours être vigilants pour qu’ils ne deviennent pas lieu de trafic. Temples à toujours laisser purifier par Jésus, le seul qui peut relever nos communautés des ruines causées par la haine.

C’est ce que fait Saint Paul. Pour tenter de réconcilier la communauté de Corinthe très divisée, l’Apôtre en appelle à l’exemple du Christ crucifié, au « scandale » et à la « folie » que constitue la croix. Son message veut dire que si ces chrétiens querelleurs arrivaient à voir la croix du Christ comme la preuve de l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun d’eux, on pouvait espérer qu’ils mettraient de côté leurs distinctions inconséquentes et artificielles et s’uniraient autour d’elle. Ils comprendraient qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Enfin la folie du Christ invite à avoir le courage de regarder sa colère. Oui, nous sommes parfois gênés de voir le Christ en colère, avec des termes qui l’illustrent bien : fouet, chasser, jeter par terre, renverser. Comment comprendre cela sans nous scandaliser ? Pour y répondre, disons que si Jésus est sans péché, alors sa colère n’est pas une mauvaise colère. Il y a donc des colères qui ne sont pas mauvaises ; des saintes colères comme on dit parfois. Le fouet est mentionné, mais Jésus n’a frappé personne. Son fouet est juste un symbole de la purification messianique du Temple. Jésus veut restaurer la relation brisée entre Dieu et son peuple. Sa colère est une colère d’amour, l’expression d’une indignation, un mouvement contre l’injustice qui installe des marchands et des changeurs dans la maison de son Père. On, peut se souvenir de la colère de beaucoup de manifestants pour des causes nobles. C’est une colère par amour, non par orgueil, ou par vengeance. L’évangile de ce jour nous invite à nous interroger : lorsque je suis en colère, est-ce une colère juste, une colère d’amour, ou est-ce un mouvement centré sur moi-même, un acte d’orgueil ? L’évangile nous permet les saintes indignations devant ce qui révolte notre conscience chrétienne !

Demandons à Jésus de nous partager son attention particulière pour la maison du Père ; et à sa suite, ne nous habituons jamais au mal qui nous entoure. Ouvrons-lui les portes de notre Temple intérieur et disons-lui : viens Seigneur Jésus renverser tout ce qui n’est pas de ton Père, ni de ton amour pour Lui et pour les hommes.

Père Sébastien

Genèse 22, 1-2.9-13.15-18 ;  Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10

HOMELIE

Dans notre montée vers Pâques, la Parole de Dieu veut nous redire l’amour du Père et nous révéler la lumière du Christ. Tout cela est si important pour faire grandir notre espérance, comme on le voit pour des hommes de foi tels que Abraham et les Apôtres de Jésus.

La première lecture nous parle d’Abraham, homme très croyant, notre père dans la foi, et qui est d’une grande obéissance vis-à-vis de Dieu. Il a tout quitté pour suivre l’appel de Dieu. Une descendance nombreuse lui a été promise, mais en fin de compte il n’a eu qu’un fils, et seulement dans sa vieillesse. Voilà qu’intervient une chose incompréhensible : Dieu demande qu’Abraham lui sacrifie son fils unique Isaac. L’épreuve est très terrible, mais Abraham obéit.

Par là, il n’y a pas de doute qu’Abraham nous apprend le détachement et la purification des relations humaines, à travers la foi en Dieu. C’est ce qu’a retenu par exemple Saint Thomas More (+1535), père de famille, saint et martyr. Face à cette expérience d’Abraham, il écrivait : « Apprenons à aimer en tout temps, comme nous devrions aimer : Dieu par-dessus toute chose, et toutes les autres à cause de lui. Car tout amour qui ne se rapporte pas à cette fin, c’est-à-dire à la volonté de Dieu , est un amour vain et stérile… Dans l’amour que vous portez à vos enfants, que votre tendresse ne vous empêche jamais, au cas où Dieu vous le commanderait, à être prêt à les donner à Dieu… offrez vos enfants au service de Dieu… »

Mais, autre chose, ce récit du sacrifice d’Isaac vise à dénoncer les sacrifices humains que pratiquaient les peuples cananéens et phéniciens voisins des Hébreux. C’est cette pratique que Dieu vient condamner. En effet, au bout du récit, on voit que Dieu tient à sauver la vie de l’enfant : « Ne porte pas la main sur le garçon. Ne lui fais aucun mal... ». A la place de l’enfant à sacrifier, Dieu donne à Abraham un bélier. Oui Dieu est un Dieu de la vie. La vie humaine est à défendre coûte que coûte. Car « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant », disait Saint Irénée de Lyon.

De son côté, Origène, père de l’Église du 2è-3è siècles, explique l’obéissance d’Abraham par sa grande foi qui nous est toujours donnée en exemple et qui lui permet d’entrer dans le mystère de ce récit. Pour Origène, « Abraham a cru que même si son fils devait mourir pour chasser le mal des sacrifices humains, Dieu pourrait le ressusciter, car il ne veut pas la mort du pécheur. Il l’a dit après le déluge ». Voilà donc amorcée dans ce récit d’Isaac l’idée qui trouvera sa réalisation plus tard, celle de la résurrection possible du Fils unique. Et c’est la question visée par l’évangile de la transfiguration.

Pierre vient de reconnaître que Jésus est le Messie, mais celui-ci annonce aux apôtres qu’il va être humilié, qu’il va souffrir et mourir, avant de ressusciter. Or, ce n’est nullement la résurrection qui importe pour eux, puisqu’ils ne comprennent même pas ce que cela signifie. C’est leur ami Jésus qu’ils veulent voir vivant et devenir un Messie tout puissant. Ils sont donc très déçus. Alors, Jésus veut faire revivre ces hommes abattus, leur donner en quelque sorte un avant-goût à l’expérience de la résurrection. Il prend trois d’entre eux pour les emmener avec lui à l’écart. Là, sur la montagne, il est transfiguré : les cieux s’ouvrent, et le Christ apparaît resplendissant tel qu’il est depuis l’éternité. Avec lui apparaissent Moïse et Élie, les deux plus grands témoins de la Parole de Dieu et de la foi dans l’Ancien Testament. Leur apparition indique qu’ils sont vivants près de Dieu et que la mort n’est pas la fin de la vie des croyants. Les apôtres sont devant une sublime beauté, ils sont émerveillés. On dirait qu’ils sont aussi transfigurés, car ils sont rayonnants d’une grande joie et d’une paix qu’ils veulent pérenniser : « Construisons trois tentes ici ».

Je crois que sous des formes diverses, Jésus se transfigure devant chacun de nous à un moment ou à un autre de notre existence. Et cela peut même arriver souvent, particulièrement lorsque nous acceptons d’être avec lui à l’écart et sur la montagne où il parle à notre cœur et nous comble de lumière ; ou lors des rencontres fraternelles où nous devenons des rayons de lumière les uns pour les autres.

La transfiguration nous fait voir en Jésus le fils bien-aimé de Dieu, la source de toute vie. La transfiguration dévoile le sens de la mission de Jésus : nous donner sa lumière, nous relever de nos épreuves, nous emmener de la mort à la joie de croire à la résurrection et au Dieu des vivants ; nous emmener à comprendre que la résurrection annoncée interviendra parce que Jésus est le fils du Dieu des vivants. En dévoilant sa gloire, Jésus nous montre aussi ce que sera celle à laquelle il nous destine avec lui. Mais c’est dès aujourd’hui que nous en faisons le choix, éclairés par sa Parole et son Esprit. Et c’est pourquoi, lorsque Pierre veut rester là à fixer l’événement, la voix du Père vient le rappeler à la vraie priorité : « Celui-ci est mon Fils Bien aimé : écoutez-le ». L’épisode de la transfiguration est donc bienvenu pour ce temps de Carême. Car la conversion et la vie de foi nous situent toujours en relation avec Quelqu’un, avec la personne du Christ. C’est contre ou pour lui que nous avons à nous décider, c’est avec ou sans lui que nous nous engageons, c’est à sa suite ou sur un autre chemin que nous marchons. Et dans ce pèlerinage, tout peut s’agiter, vaciller, s’écrouler autour de nous, mais si nous regardons vers Jésus, nous ne serons pas ébranlés et nous resterons confiants et en paix.

Demandons donc à Dieu la grâce d’écouter avec foi Jésus son Fils ; qu’il nous donne la joie d’accueillir la lumière de sa parole et de son amour dans le quotidien de notre vie. Demandons lui aussi la force de tenir dans les épreuves, sûrs que le Christ est une fois pour toutes vainqueur du péché et de la mort.

Père Sébastien

Genèse 9,8-15 ; Psaume 24 ; 1 Pierre 3,18-22 ; Marc 1,12-15

HOMELIE

Tout de suite après son baptême, Jésus va passer 40 jours au désert où, dans le silence et la prière, il triomphe sur les tentations de Satan. C’est au terme de ce temps de prière et de jeûne qu’il fait retentir sa bonne nouvelle : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ». Pour que le carême nous mène vers ce royaume, nous devons nous convertir et tourner vers Dieu ; et pour y parvenir, le mieux pour nous c’est de faire ce mouvement en nous laissant portée par l’alliance scellée avec Dieu par notre baptême en Jésus-Christ.

Nous sommes appelés à nous convertir à Dieu, car sans lui nous ne sommes rien. Le livre de la Genèse vient illustrer cela. Il raconte que, dès le départ, les hommes se détournent de Dieu, et ils sombrent dans l’égoïsme et la violence. S’ensuit le déluge : le monde est inondé par le mal, il s’écroule et la vie est menacée sur la terre. Le désastre découle donc du péché qui nous est présenté comme une rupture avec Dieu. Mais celui-ci ne désespère pas, et il trouve un homme du nom de Noé qui lui est encore fidèle, et avec qui il conclut une alliance de paix. Noé sauve ceux qui acceptent d’entrer dans l’arche de l’alliance. Par notre foi, nous appartenons à la maison et à la famille de Noé : nous sommes ou devons être cette famille tournée vers Dieu au milieu d’un peuple non croyant, cette famille qui est une promesse de vie et d’avenir pour le monde. Il nous faut entrer dans l’arche de l’alliance, lieu de communion avec Dieu et de vie partagée entre tous les vivants.

A ce sujet, il est à noter dans cet épisode que le pacte est conclu non seulement avec l’homme, mais aussi avec tout être vivant. C’est toute la création que Dieu sauve car, comme le dira saint Paul, « la création a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu'elle l'a voulu, mais à cause de celui qui l'a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d'un enfantement qui dure encore (Rm 8,20s). Quelle place ont les autres créatures dans ma vie chrétienne, dans mes engagements ? En tout cas, le signe de l’alliance scellée avec Noé c’est un arc-en-ciel : lien entre le ciel et la terre, et signe d’une vie riche en couleurs, où tout cohabite et s’accorde merveilleusement.

Bien mieux qu’avec Noé, Dieu vient conclure par son Fils Jésus une alliance nouvelle et éternelle. Le Christ est le nouveau Noé : si la famille de ce dernier est sortie vivante des eaux du déluge, désormais c’est par l’eau du baptême que nous sommes sauvés (2ème lecture). Jésus nous fait entrer non plus dans l’arche, mais dans son Royaume. Le baptême est plus qu’une simple purification, c’est Dieu qui fait alliance avec nous par son fils, afin de nous faire participer à sa victoire sur les forces du Mal et de la mort.

C’est pourquoi, par le baptême, Jésus nous plonge dans sa vie, de même qu’il nous porte avec lui dans l’expérience du désert, où il prie son Père. Or dans le désert, tantôt brûlant et tantôt glacial, tout en étant le grand royaume du silence, il y a cependant dans le désert des voix qui se font entendre. Jésus y est avec « les bêtes sauvages » ? Nous, nous y entendons en premier lieu la voix de notre cœur, avec ses affolements et ses peurs face à tout ce qui nous trouble, des personnes ou des événements, comme la pandémie et les problèmes sanitaires, économiques et sociales qui en découlent. De ce fait, dans ce désert, nous entendons aussi la voix de notre esprit qui nous harcèle de ses doutes ; et la voix du tentateur cherchant à nous gagner au repli sur nous-mêmes, au découragement, à toutes sortes d’idoles ou de spiritualités qui nous font miroiter de la facilité en tout. Oui, le temps du désert est le moment d’un combat spirituel fort.

Mais, d’un autre côté, dans nos déserts, il se lève aussi la voix d’une parole qui apaise et réconforte : c’est celle qui nous rappelle qu’au désert, « Jésus était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient ». Oui, face au tourbillon de la vie, non seulement Dieu ne nous lâche pas, mais il nous promet la paix de l’ère messianique, celle que le prophète Isaïe a décrit par de belles images, comme le loup partageant désormais et sans problème le même espace avec l’agneau (lire Isaïe 11,6-8).

Acceptons d’être de la famille de Noé, cette famille dont l’ouverture à Dieu sauve l’humanité et la terre entière. Notre baptême nous y aide, car il est une alliance par laquelle le Christ a fait des nous « ses alliés » : il nous tend la main sans aucune condition. Et notre conversion consistera d’abord à prendre sa main tendue et à entrer dans une relation où nous accepterons de tout recevoir de lui, parce que nous croyons qu’il nous conduit où il faut. Si notre vie est portée « par lui, avec lui et en lui », alors les déserts de nos sociétés peuvent devenir des lieux où pourra jaillir une vie nouvelle.

Que Dieu bénisse notre marche vers la lumière de Pâques.

Père Sébastien

Lévitique 13,1-2.45-46 ; Psaume 31 ; 1 Corinthiens 10,31 – 11,1 ; Marc 1,40-45

HOMELIE

Quand on est malade, la vie est difficile. Lorsque, dans ce contexte, on est mis à l’écart et exclus, c’est une souffrance supplémentaire. Et si en plus, à cause de cette maladie, on est considéré comme un coupable, la souffrance est encore plus atroce. Ainsi, le lépreux du temps de Jésus, exclus de la communauté des vivants et pris pour un coupable, était comme un mort vivant ; et lui-même, en signe de pénitence, portait son propre deuil (vêtements déchirés, cheveux en désordre).

La lèpre de ce malade nous rappelle aussi tous les malheurs qui s’abattent aujourd’hui sur notre monde, et toutes les dimensions malades de notre vie spirituelle, de nos familles et de nos communautés : les ruptures, les barrières, les exclusions. Nous sommes invités à nous tourner vers Jésus et à nous laisser guérir par Dieu.

Ici, le lépreux de l’évangile nous édifie par sa grande foi. Quand il voit Jésus, il tombe à genoux devant lui ; dans la mentalité biblique, on ne tombe à genoux que devant Dieu. Et cet homme ne doute pas un instant de la puissance de Jésus, à qui il adresse sa prière humble et confiante : « Si tu veux, tu peux me purifier ». Il se sait malade et pécheur. Il n’exige rien, mais il espère. Seulement, sa confiance et son espérance sont d’une ferveur telles qu’il va jusqu’à enfreindre le code en s'approchant de Jésus.

Voilà une figure dont la foi m’invite à la confiance et à la conversion. Oui, Jésus peut changer totalement ma vie ; mais, est-ce que j’ose m’abandonner à lui dans une prière humble, libre et confiante ? Quelle lèpre ronge ma vie, mon âme et mes relations ? Quelle est cette lèpre qui m’éloigne de mon conjoint, de mes parents, de mes enfants, de la famille, des amis, c’est quoi ? Puis-je aujourd’hui dire à Jésus de me délivrer de cela ?

La première chose que Jésus cherche n’est pas de soigner nos corps, mais de transformer nos cœurs. D’où la consigne de silence imposée au lépreux guéri. Il n’a pas à aller faire la propagande d’un Jésus thaumaturge ; il est plutôt envoyé chez le prêtre pour poursuivre son cheminement, pour davantage accueillir la grâce de la transformation. Il comprendra, et nous avec lui, que Jésus cherche la transformation des cœurs. Le carême qui commence dans quelques jours va nous servir à cela : nous laisser transformer et vivre la Pâque. Le Christ vient nous toucher, nous aussi.

Face au lépreux en prière, sa réaction est remarquable : il est ému de compassion". A traduire littéralement : « il est ému au fond de lui, dans ses "entrailles ». Il compatit, c’est-à-dire il souffre-avec. Si dans sa foi le lépreux a enfreint le code en s'approchant de Jésus, Jésus est prêt à le transgresser aussi quand il doit sauver. Le voilà qui touche le lépreux. Il lui parle et lui donne la considération qu’on doit à un être humain. Le lépreux est déjà guéri moralement et la guérison physique va suivre. Jésus l’envoie se présenter au prêtre afin que celui-ci fasse le constat de la guérison et que l’homme guéri réintègre la communauté.

Jésus combat toute exclusion. Il sait qu’en touchant le lépreux, il va être critiqué, il devient aussi rituellement impur. Mais sa miséricorde surmonte toutes les barrières. Il ne vient pas « donner une leçon » sur la douleur, comme l’ont fait abondamment les amis de Job ; il ne vient même pas éliminer du monde la souffrance et la mort ; il se fait tout proche et prend sur lui notre douleur : c’est lui qui accepte de vivre à l’écart, dans des endroits déserts. C’est ce qu’il attend de nous : être ses témoins.

Ainsi, si le lépreux guéri est tellement reconnaissant qu'il ne peut pas s'empêcher d’aller le proclamer haut et fort, n’est-ce pas pour nous dire que nous devons être des témoins vivants des merveilles de Dieu, de sa compassion ? Saint Paul nous appelle à imiter son exemple lui qui ne fait que imiter le Christ : « Je tâche de m’adapter à tout le monde ; sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés ». Tout ce que nous faisons, dit-il, que ce soit pour la gloire de Dieu, en d’autres termes, pour témoigner que Dieu est amour et bienveillance. En ce temps de pandémie, il nous faut plus que jamais discerner tout le bien qui se fait autour de nous, parfois dans la plus grande discrétion. Songeons à ces petits gestes de solidarité dans notre voisinage ou notre famille. Pensons au dévouement du personnel soignant, des enseignants et de ceux et celles qui rendent des services dans la société.

Chers frères et sœurs, avec l’évangile de la guérison du lépreux, comprenons donc que l’amour de Dieu peut guérir les blessures de nos vies et de notre âme. Comme cet homme, tournons-nous vers Jésus, demandons-lui de lui de guérir notre monde, de purifier nos cœurs, et de faire produire à ceux qui croient des témoignages de foi. Et nous retrouvons la joie de vivre.

Père Sébastien

(1 Co 7,32) Dt 18,15-20 ; Ps 94 (95) ; 1 Co 7,32-35 ; Mc 1,21-28

HOMELIE

Nous voir libres, et libres de tout souci, voilà le vœu de saint Paul, un vœu qui nous va droit au cœur. Parce que les soucis, nous en avons souvent. Certains sont peut-être futiles, mais beaucoup concernent tout de même des choses dites essentielles, notamment en rapport avec nos enfants, nos parents, notre santé, notre travail, nos responsabilités, etc. En nous voulant libres de tout souci, Paul ne veut pas dire qu’il faut se tourner les pouces, ou être insouciants ou irresponsables. Il semble plutôt appeler à deux choses. D’abord, ne pas ajouter la pré-occupation aux occupations, dans le même sens que Jésus qui dit : «  Que votre cœur ne soit pas bouleversé » (Jn 14,1). Et ensuite, comme Paul le dit lui-même, nous devons être libres des soucis de ce monde pour plutôt porter « le souci des affaires du Seigneur », seul chemin vers la paix intérieure et la sérénité.

Mais comment ne pas ajouter la pré-occupation aux occupations ? Comment rester serein ? Comment nous rendre libres de tout souci ? Chacun cherche, se tracasse, prend les options qui peuvent marcher pour lui, et peut-être pour ses proches aussi, mais qui ne fonctionnent pas nécessairement pour tous :

- Saint Paul, par exemple, avec des propos qui pourraient nous déconcerter, vante le célibat. C’est sans doute parce que cet état de vie le rendait personnellement plus disponible pour sa vocation missionnaire ! Mais, en soi, le célibat ne vaccine pas contre les soucis, et il ne dispose pas d’office à servir Dieu.

- Jésus a pensé, lui aussi, aux soucis de ses disciples et, à l’occasion, il a proposé une belle voix spirituelle et pratique (lire Mt 6,31-34). Il disait : « Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, votre corps, vos vêtements, votre lendemain… ». Pourquoi ? Parce que, disait-il, « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez (Mt 6,8.32). Puis il a ajouté : priez (Mt 6,9 ; 7,7). Il assure que le Père est à l’œuvre, mais le Fils aussi (Jn 5,17). Ce Christ dont l’épître aux Hébreux dira qu’il « est le même, hier et aujourd’hui et éternellement » (He 13,8) ; à ses disciples, il a bien dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20).

Le voilà à l’œuvre, dans l’évangile de ce dimanche. C’est quelqu’un qui n’hésite pas à venir commencer sa mission à Capharnaüm, ville où se côtoient juifs et païens. C’est quelqu’un qui ne parle pas comme les sages et les scribes de son temps : les foules sont, paraît-il, suspendues à ses lèvres ; et pourquoi ? Parce qu’il parle « en homme qui a autorité ». Donc, non seulement il « connaît » Dieu, mais son enseignement est « ratifiée » par des œuvres visibles et bienfaisantes. Pour illustrer cela, le voilà en train de s’occuper d’une personne tourmentée par un mal. Un mal mystérieux qui met la personne hors d’elle-même ; ce mal résiste même à Jésus, en continuant à faire souffrir le malade, mais il finit par être vaincu par la puissance de la parole du Fils de Dieu. Et dans la synagogue, tout le monde est suspendu à ses lèvres.

Et nous-mêmes alors ? Oui, nous portons de multiples maux et soucis qui nous tracassent, qui nous mettent hors de nous-mêmes. Quels qu’ils soient nos soucis, ne faut-il pas les porter dans la prière et les assumer dans notre communion avec Dieu ? A certains moments, nous aurons l’impression que Dieu n’agit pas, qu’il est lent, ou qu’il nous mène par des voies difficiles. En nous peuvent surgir la déception, la révolte, et même la question : « Jésus, es-tu venu pour nous perdre » ? Le combat de la foi peut être rude, il va exiger toujours plus d’espérance : nous venons à l’Eucharistie pour être tirés vers le haut et non vers le bas, pour nous laisser doucement débarrasser de l’esprit négatif en laissant le champ libre à la parole de Jésus. Avons-nous faim de sa parole ? Est-elle une lumière pour nos pas ?

Il nous arrive nous aussi d’être suspendus aux lèvres de Jésus, parce qu’il a promis de belles choses, n’est-ce pas ? Ses promesses sont pour éveiller notre foi et nourrir notre confiance, mais aussi pour soutenir notre implication active. Tenez, si nous sommes touchés par Jésus, c’est parce que son message est Bonne Nouvelle et repose sur une bienveillance cordiale et active. Ses paroles sont devenues actions dans des sacrements et dans une vie fraternelle ecclésiale où se prolonge son infinie bonté. C’est pourquoi, là où les soucis nous bousculent, le combat va exiger de nous la foi et l’espérance, mais aussi la charité de la communauté agissant au nom de ce Christ compatissant.

C’est dans ce cadre que Dieu promet à son peuple un prophète comme Moïse. Ce prophète, c’est Jésus, mais avec lui tous ceux qui sont nés de Dieu par lui (Jn 1,12-13). Ce sont tous les témoins de la parole et de l’amour de Dieu, témoins de sa présence, qui aident à trouver des solutions et un chemin de paix là où il le faut. Ce sont ces prophètes, qui ont le souci des affaires du Seigneur ; ils ne sont peut-être pas connus et sont peut-être simplement un parent, un enseignant, un prêtre, un ami, une de ces personnes engagées dans la paroisse ; ce sont en tout cas des personnes qui accueillent la parole de Dieu et essaient d’en vivre.

En cette Eucharistie, nous confions à Dieu tout ce qui nous préoccupe, notamment notre monde aujourd’hui malade de la covid. Nous lui demandons de faire grandir notre foi. Nous le remercions et le prions pour ses envoyés qui continuent à manifester sa présence, ses prophètes de notre temps. Et nous le prions pour que, plus libres des soucis de ce monde, nous ayons la joie de nous mettre à le servir à travers l’Église et nos frères.

Père Sébastien

Isaïe 60,1-6. Psaume 71. Éphésiens 3,2-3a.5-6. Matthieu 2,1-12

HOMELIE

En ce premier dimanche de l’année, nous fêtons l’Épiphanie du Seigneur, c’est-à-dire la manifestation du Christ comme lumière de Dieu et Sauveur de tous les hommes. De cette fête, ce qui est le plus connu et populaire, c’est la traditionnelle galette des rois. Or son origine biblique est l’évangile sur les mages. Nous qui avons l’habitude de partager cette galette avec l’espoir d’avoir la Isaïe 60,1-6. Psaume 71. Éphésiens 3,2-3a.5-6. Matthieu 2,1-12 fève du roi, les mages doivent nous servir de modèle en cette année nouvelle ; leur pèlerinage comporte 3 étapes : se mettre en chemin, guidés par l’étoile ; reconnaître le Fils de Dieu ; et repartir remplis de joie, en prenant un autre chemin.

1ère étape : des chercheurs se mettent en chemin. Les mages sont des savants, des chercheurs de sens, pour le bien de tous. Ils représentent tous ces hommes de bonne volonté, en recherche de sens, en quête du salut. Dieu connaît leur souci. C’est pourquoi, pour qu’ils se mettent en route, une étoile les rejoint, comme pour dire qu’à ceux qui s’ouvrent à lui et qui sont en recherche, Dieu donne sa lumière, car c’est lui-même qui agit dans leur cœur. Cette lumière est manifestée à Bethléem, en Jésus. En effet, l’étoile va s’arrêter là où se trouve l’enfant : celui-ci est donc la lumière dont la mission est de se manifester à l’humanité entière et de la sauver.

2ème étape : à Bethléem. Devant l’enfant, les mages s’agenouillent en signe de respect, et lui offrent de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Adorer cet enfant c’est reconnaître qu’il est le Seigneur. Leurs précieux présents le signifient. Et l’évangile ajoute qu’ils sont remplis d’une grande joie en découvrant l’enfant Jésus.

3ème étape : le retour. Ils vont repartir chez eux par un autre chemin. Plus question de passer par Jérusalem. Certes Jérusalem est un lieu de passage important : c’est dans cette ville où se trouvent le Temple du peuple priant, le roi Hérode et les connaisseurs des Écritures, que les mages ont été renseignés sur le lieu où doit naître le Messie. Mais, il faut noter la réaction de la grande majorité des juifs de l'époque et celle d'Hérode : celui-ci perçoit, à travers l’étoile de Bethléem, l’irruption d’un Roi qui menace son pouvoir politique ; avec lui, les autres sont si confortablement installés dans leurs habitudes de pensée et de pratique, et surtout dans l'illusion de leur supériorité, qu’ils ne s’intéressent pas tellement à ce que ces étrangers leur racontent. A nous aussi de faire attention à ce "réflexe d'installation", comportant le risque d'indifférence à ce qui se passe autour de nous. Ce chemin-là n’est plus à prendre.
Ayant contemplé le Fils de Dieu, et remplis de joie, les mages deviennent les prémices de la nouvelle Jérusalem ; car c’est justement eux, par leur pèlerinage, qui accomplissent la prophétie d’Isaïe : Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi et... par toi sur les nations. C’est aussi ce message que nous trouvons chez saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens : … toutes les nations sont associées au même héritage… Autrefois, Paul pensait que les promesses de Dieu ne concernaient que les fils d’Israël. Maintenant qu’il a compris la possibilité offerte à l’humanité entière d’avoir part au salut, il se lance de toutes ses forces pour que cette bonne nouvelle soit connue partout dans le monde.

Frères et sœurs,

- Pour nous aussi la marche de 2021 a commencé dans la lumière de la Nativité du Christ qui apporte sa joie non seulement à ceux qui sont à Bethléem, mais aussi à ceux qui sont loin. Ainsi, notre mission est clairement indiquée par Isaïe : debout, Jérusalem, resplendis. Nous avons à rester debout et à resplendir, un peu comme des miroirs appelés à se placer correctement pour bien réfléchir la lumière vers les lieux obscurs.

- Se placer correctement, comment ? A travers le récit de ces mages, nous recevons l’appel à devenir des assoiffés de Dieu, de sa joie, et donc aussi à rechercher et accueillir tous les signes dont Dieu parsème le monde actuel et la vie de chacun de nous. N’est-ce pas qu’un chant nous dit si bien que, dans notre histoire, Dieu pose des signes par milliers comme des traces de sa gloire ? Ces mages sont aussi un modèle d'humilité car, reconnaissant leurs limites, ils n’hésitent pas à interroger ceux qui en savent a priori plus qu'eux sur ce "petit roi des juifs" qui vient de naître. Et ils suivent ce que disent les Écritures.

- Enfin retenons que Dieu place des  « étoiles » sur notre route vers lui, pour qu’à notre tour, nous devenions des étoiles pour les autres. A travers la démarche des mages, nous sommes invités à considérer l’aspiration de tout homme à la lumière et à la joie. Qu’ai-je donc de précieux à offrir au Seigneur ? Ni or, ni encens, ni myrrhe ; mais si j’accueille vraiment la lumière de Jésus, pour les membres de son Corps et pour toute autre personne je serai comme une étoile qui leur donnerai envie d’en être autant : je serai une étoile d’amour, une étoile de partage, une étoile de pardon, de paix. Notre priorité doit être comme celle du Christ pour tous ceux qui, chrétiens ou non, sont en recherche de sens, de vie, de joie, de Dieu.

Que le Seigneur bénisse notre pèlerinage de 2021 : qu’Il nous aide à nous mettre en chemin guidés par sa lumière ; qu’Il nous donne de connaître sa joie et de voir les signes de sa lumière et de son amour ; et qu’Il nous donne la grâce d’en rayonner, en vrais témoins. Amen.

Père Sébastien

Genèse 15,1-6 ; 21,1-3. Ps 104. Hébreux 11, 8.11-12.17-19. Luc 2,22-40.

HOMELIE

Au lendemain de la fête de Noël, dans la lumière de la Nativité, nous fêtons la Sainte Famille en priant pour nos familles, afin qu’elles deviennent des lieux d’accueil du Christ, des lieux où se laissent accueillir et partager la vie divine et la joie de l’amour.

Les familles d'aujourd'hui, prises dans bien de turbulences, ont conduit les chrétiens et l’Église à s’interroger sur ce que doit être la famille chrétienne. Ainsi, il y a quelque six ans, le Pape François a convoqué un synode sur la famille, d’où est sorti l’Exhortation apostolique « Amoris laetitia », la joie de l’amour. Beaucoup de débats ont eu lieu sur le modèle familial à adopter. Le modèle traditionnel avec un père, une mère et des enfants est celui que nous enseigne la sainte famille de Jésus, Marie et Joseph. C’est l’exemple proposé par la sainte Famille de Nazareth, ce modèle que connaissent nombre de familles, et pour lesquelles nous rendons grâce à Dieu.

Mais ce modèle reste un idéal, il faut le souligner ; car beaucoup de familles commencent bien, mais connaissent ensuite des chemins difficiles, des déceptions, des séparations, de nouvelles unions. On en arrive à de nouveaux types de familles, sont aussi des chrétiens soucieux de leur foi. N’étant pas une réalité abstraite mais une réalité vivante, la famille peut donc revêtir plusieurs configurations selon les cultures ou selon les époques ; mais toujours elle doit mettre en avant la solidarité des personnes qui se lient ensemble pour croître, grandir, se soutenir, s’entraider, s’aimer et se perpétuer dans le temps et l’espace. La Bible ne définit pas de code familial, mais depuis Adam et Ève, et plus tard Abraham et Sara, et jusqu’à Jésus, on a toute une galerie de portraits de famille, tantôt heureuses et tantôt éprouvées. Et elles sont toutes évaluées selon le degré de leur foi en Dieu et de leur accueil du prochain. Donc toutes ces familles, et les nôtres aussi, quelles qu’elles soient, sont appelées à être la demeure de Dieu.

La liturgie de ce dimanche nous propose en exemple deux familles, celle d’Abraham et de Sara, et celle de Joseph et Marie. Dès le départ on peut observer que ces familles ont leurs problèmes comme les nôtres. La première famille qui nous est proposée en exemple est loin d’être parfaite et sans souci. Sara et Abraham, devenus âgés, c’est un couple en désir d’enfant, prêt à tout pour en avoir, et en proie avec tous les conflits de couple qui en résultent. Pourtant Dieu a promis, mais la réalisation tarde. Il y a parfois des hésitations, des colères, des jalousies, mais aussi des pardons, des réconciliations. Leur foi reste finalement plus forte que tout.

En ce qui concerne Marie et Joseph, leur vie n’est pas plus simple. Comme le dit Syméon à Marie : « ton âme sera transpercé d’un glaive. » Dès le début, le couple est bousculé : Marie est enceinte avant le mariage, Joseph pense la répudier en secret, mais au risque de faire de Marie une femme sans mari et de Jésus un enfant sans père. C’est Dieu qui vient aider Joseph à prendre la décision de garder Marie. Puis dans la suite, ils vont connaître un exil en Égypte et la douleur de voir leur fils disparaître pendant trois jours lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Enfin, Marie et Joseph sont bien souvent déboussolés face aux paroles et aux actes de Jésus (ex. à Cana).

Non, la vie des saintes familles n’est pas un long fleuve tranquille et n’est pas exempte de toutes les difficultés, douleurs et souffrances qui peuvent être présentes dans notre humanité. Ce qui fait la sainteté de ces familles, c’est leur foi : la foi des individus qui composent la famille et les relations que cette foi leur permet d’entretenir. Au final, ce qui nous est proposé ce n’est pas seulement la représentation d’une famille idéale, mais bien plutôt un idéal de relations où la communion avec Dieu et la présence de son amour sont possibles grâce à la foi.

« Grâce à la foi... », cette expression revient comme un refrain dans le chapitre 11 de la lettre aux Hébreux ; et l’auteur va jusqu’à dire que le temps lui manque pour énumérer tous les croyants de l’Ancien Testament, dont la foi a permis au projet de Dieu de s’accomplir.

La sainte famille, celle de l’Ancien Testament comme celle du Nouveau, est une famille ordinaire, mais animée par le souffle de la foi, de l’espérance et de la charité. La foi a aidé Abraham et Sara à persévérer dans leur attente et à obéir à Dieu. Elle les a aidés à surmonter les crises jusqu’à voir un jour l’accomplissement de la promesse. Face à leurs questions et leurs hésitations, Marie et Joseph trouvent la lumière en écoutant l’ange du Seigneur, l’envoyé de Dieu. L’écoute de cette parole est le roc sur lequel est bâti leur couple. Ils s’abandonnent à Dieu et nourrissent leur foi dans la prière personnelle et communautaire. Ainsi les voit-on fréquenter la synagogue et le Temple, avec leur enfant à qui ils transmettent leur foi et leurs valeurs, de sorte qu’il grandit, rempli de sagesse et habité par la grâce de Dieu.

Leur foi est empreinte d’espérance, mais aussi de charité envers le prochain. Abraham et Sara connaissent un grand amour mutuel malgré la terrible épreuve qu’ils vivent. Et ils sont connus pour l’hospitalité qu’ils offrent aux passants (Gn 18). Joseph et Marie donnent de la joie à ces personnes âgées qui attendaient de voir la consolation d’Israël. Marie va visiter et aider sa cousine Élisabeth pendant trois mois. Et elle restera la mère attentive à son fils jusqu’au pied de la croix.

« Ta foi t’a sauvé » a dit Jésus à des personnes guéries par lui. Notre foi connaîtra toujours des moments riches, mais aussi des déserts, mais nous devons y tenir, avec le grâce de Dieu ; car c’est un riche ferment pour la vie de nos familles. Demandons donc au Seigneur le don de la foi ; que celle-ci illumine nos cœurs et donne à de nos familles d’être des lieux où le Verbe se fait chair, où Jésus est accueilli ; des lieux de vie, de joie et d’un amour qui rayonne et émerveille.

Père Sébastien

 

Isaïe 52,7-10. Ps 97. Hébreux 1,1-6. Jean 1,1-18.

HOMELIE

La fête de Noël 2020 est très particulière. Elle nous trouve dans un monde malade, malade à cause du Coronavirus, cette pandémie qui a touché la vie de milliers et de milliers de personnes dans le monde entier, et qui nous a contraints à des confinements lourds de conséquences.

D’où nous viendra le message de consolation ? Hier soir, pour la messe de la nuit de Noël, la liturgie faisait lire le récit bien connu, rédigé par saint Luc, qui nous raconte ce que nous voyons dans la crèche, à savoir la naissance de Jésus à Bethléem au milieu des bergers qui reçoivent la bonne nouvelle de la naissance du sauveur. Mais à la fin de ce récit évangélique de Luc tout plein de la joie de Noël, nous aurions pu dire aussi : « Il est grand ce mystère de la foi ». Comment cet enfant est le Fils de Dieu ? Comment ce bébé tout fragile est le sauveur ? Comment sauve-t-il donc ?

C’est à ce niveau que la liturgie de ce jour de Noël nous donne à lire la prophétie d’Isaïe avec des réflexions théologiques de Saint Jean et de l’auteur anonyme de l’épître aux Hébreux. Pour ce dernier, l’enfant Jésus est le Fils de Dieu, né de Dieu. Il est la révélation dernière et totale de Dieu ; il est le Premier-né dans le monde à venir. Avec lui démarre un nouveau commencement. Saint Jean va dans le même sens. Le Christ, c’est la Parole par laquelle, au commencement du monde, Dieu a créé. Et rien n’a été fait sans le Verbe. Il est Dieu, né de Dieu, lumière né de la lumière. Saint Jean affirme que Jésus-Christ est la parole de Dieu incarnée, qui a dressé sa tente parmi nous. Il est le Fils unique de Dieu, le seul qui a vu Dieu, et qui peut le faire connaître aux hommes. C’est uniquement par lui que nous avons la grâce de Dieu et sa vérité. Beaucoup ont refusé de l’accueillir ; mais ceux qui l’ont accueilli, le Seigneur leur a donné de pouvoir devenir ses enfants, comblés de grâce.

Finalement Saint Jean rappelle en d’autres termes ce que Luc nous a dit hier soir : par Jésus, Dieu s’est fait proche. Dieu, qui est la vraie lumière, vient illuminer nos nuits. Ce Noël 2020 est un appel à entrer dans l’espérance, en écoutant l’évangéliste Jean nous rappeler que :

- le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Ce n'est pas dans le confort d’un palais que naît le Rédempteur. Il naît dans une étable, dans la pauvreté, dans la misère du monde. Il a partagé notre condition humaine, il a pris notre fragilité, et nous reste finalement et définitivement très solidaire.

- en tant que Parole créatrice, ce fils de Dieu vient créer toutes choses nouvelles (Apoc 21,5). Il inaugure un nouveau commencement, comme celui des origines où tout ce qui a été créé était bon.

- Jean-Baptiste n’était pas la lumière, mais témoin de la lumière, afin que le monde croie. Le Verbe fait chair, qui inaugure un nouveau commencement, tient à nous impliquer dans cette œuvre. C’est pourquoi il nous donne de devenir enfants de Dieu. Nous devons être actifs et confiants parce que Dieu nous fait fait confiance et il continue de susciter des témoins, des personnes habitées par sa lumière et qui sont témoins de son amour.

Avec Isaïe nous osons dire avec émerveillement : qu’ils sont beaux les pas de ceux qui portent la bonne nouvelle, qui annoncent le salut et la paix ! Avec eux, et en communion avec la Parole de Dieu faite chair, un nouveau commencement est possible. Accueillons donc cette parole. Qu’elle soit toujours mise au commencement de tout ce que nous entreprenons, qu’elle prenne chair dans ce que nous sommes et ce que nous vivons. Grace à cette parole créatrice qui s’incarne, accueillons le renouveau que Dieu désire pour notre monde.

 

Père Sébastien

Isaïe 9,1-6. Ps 95. Tite 2,11-14. Luc 1-14.

HOMELIE

Cette nuit, nous célébrons le mystère de Bethléem, le mystère de l’incarnation de Dieu que révèle l’annonce ancienne et toujours nouvelle de la nativité de Jésus : « Aujourd’hui un Sauveur nous est né ». Avec cette naissance arrive un nouveau commencement de l'histoire du monde, qui nous permet de vivre dans l’espérance, comme les bergers de Bethléem près de Joseph et Marie.

Pour accueillir l’enfant Jésus, Joseph et Marie s’inscrivent dans une grande histoire marquée par la foi et l’attente d’un peuple qui a espéré depuis longtemps la venue du Messie, cette espérance dont le prophète Isaïe est témoin et qu’il tient à nous partager. Isaïe, huit siècles avant Jésus, annonce la naissance d’un fils qui portera des noms spéciaux : « Dieu-Fort », « Conseiller merveilleux », « Prince-de-la-paix ». Aux dires du prophète, cet enfant doit être signe et instrument de l’amour puissant de Dieu pour l’humanité.

Joseph et Marie vivent cette attente dans la foi ; et grâce à leur foi, ils sont choisis pour accueillir l’enfant de la promesse dans leur foyer. Quel privilège ! Mais aussi quelle lourde responsabilité ! Ils vont accueillir cet enfant dans un foyer dont la vie est marquée par les événements du pays, notamment – cette année-là – le recensement qui les oblige de se déplacer loin de chez eux, de devenir comme des migrants à Bethléem où ils doivent passer la nuit à la belle étoile. Marie donne naissance à son enfant dans la situation la plus humble qui soit. Ils partagent la pauvreté des bergers, ainsi que leur nuit sombre et froide. La venue de cet enfant vient illuminer leur nuit : une lumière céleste les surprend et le cantique des anges retentit : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes qu’il aime ». Ainsi s’accomplit la prophétie d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».

Frères et sœurs dans le Christ, ce peuple illuminé et émerveillé, c’est d’abord les bergers de Bethléem avec Joseph et Marie, puis les mages qui représentent toutes les nations. Ce peuple, c’est aussi nous qui, dans notre monde, connaissons aussi des temps sombres, l’incertitude, la peur, la tristesse. Reconnaissons que la fête de Noël 2020 est particulière : elle nous trouve dans un monde malade, malade à cause du Coronavirus, cette pandémie qui a touché la vie de milliers et de milliers de personnes dans le monde entier, et qui nous a contraints à des confinements lourds de conséquences. Si Noël a toujours été une fête du renouveau, il y a cette année une attente plus grande d'un monde nouveau, d'un monde guéri, libre, épanoui, et plus solidaire.

Soyons comme ces bergers rassemblés autour du nouveau-né. Mettons notre espoir est en lui parce qu’il s’appelle Jésus, ce qui signifie "Dieu sauve" ; on l’appelle aussi « Emmanuel » c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Dieu se fait proche. Le meilleur cadeau de Noël, c’est Dieu qui nous le fait. : il se donne, il nous rejoint là où nous sommes. Fêter ce Noël 2020 est une manière de réentendre l’ange du Seigneur nous dire : « Ne craignez pas… Aujourd’hui, le sauveur est né ». Ce n'est pas dans le confort d’un palais que naît le Rédempteur. Il naît dans une étable, dans notre pauvreté.

Et, en venant parmi nous, il allume dans le monde le feu de l'amour de Dieu (cf. Lc 12,49). Ce feu ne s'éteindra jamais plus. Parce que Dieu se laisse déposer dans une mangeoire ; de là, il ne cesse de nourrir de milliers de personnes qui, on le voit dans le monde et à travers l’histoire, sont habités par son amour et se font proches des autres. Des personnes qui vont jusqu’à prendre des risques afin de sauver la vie. Pensons à ces 3 gendarmes qui ont perdu la vie en voulant sauver une pauvre femme. Pensons au personnel soignant qui continue à prendre des risques en cette crise de la covid, ou ces parents ou grands parents…, comme ces visiteurs de malades, ou ces salariés et bénévoles des associations caritatives ou de différentes structures d’accompagnement, cet accompagnement qui s’effectue au quotidien et dans le silence. Ce sont eux, ou plutôt c’est vous les anges de notre temps qui, par votre engagement, chantez gloire à Dieu, apportez la paix. C’est vous ces anges d’aujourd’hui dont le témoignage de foi ne cesse de redire : « Ne craignez pas… Aujourd’hui, le sauveur est né ».

Il est né le « Prince de la paix ». En nous tous, doit grandir l'espérance de guérison, de consolation, de rencontres fraternelles et joyeuses. Car, nous sommes faits pour le jour et non pour la nuit, pour la paix et non pas la violence ou la guerre, pour la joie et non pas la tristesse, pour l’espérance et non le désespoir. Prions, avec Saint Paul, pour que la naissance du Fis de Dieu dans le monde et en nos cœurs puisse « faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien » (Tite 2,14).

Pére Sébastien

 

1ère lecture : 2 S 7,1-5.8b-12.14a.16. Ps 88 (89). 2ème lecture : Rm 16,25-27. Évangile : Lc 1,26-38.

HOMELIE

Chers frères et sœurs,

Le Seigneur voit notre monde, nos joies, nos peines, nos espoirs, et il veut nous sauver. Mais pour que cela soit possible, il a fallu le « fiat » de Marie, son oui ; et il attend le nôtre.

La promesse d’un Messie Fils de Dieu est faite à David, dans le contexte que nous raconte la 1ère lecture. À son époque, dix siècles avant Jésus, David est en train de bâtir un royaume prospère. L’arche de l’alliance contenant les tables des 10 commandements et qui est le symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple, est gardée sous une tente. David, au sommet de sa gloire, projette de construire pour Dieu une maison grandiose, un Temple. A première vue, son intention est des plus louables ! Curieusement le Seigneur refuse, mais il fait une promesse.

Refus pourquoi ? David ne doit pas se tromper : Dieu seul construit, Dieu seul fait vivre : « Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ?... C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu sois le chef de mon peuple Israël. J’ai été avec toi partout où tu es allé : j’ai abattu devant toi tous tes ennemis ». Autrement dit, c’est David qui est dans la main de Dieu et non l’inverse. David doit donc renoncer à l’idée de Dieu sur qui on peut mettre la main, dont on peut s’approprier, qu’on peut installer et fixer quelque part. Dieu n’attend pas que David lui bâtisse une maison, ni un temple, car nos constructions n’ajoutent rien à sa grandeur. Son projet va beaucoup plus loin qu’un temple de pierres ou des constructions matérielles. Sa volonté, c’est d’établir durablement son peuple ; celui dont Saint Pierre dira qu’il est la construction sainte bâtie avec les pierres vivantes que sont les vrais disciples du Christ (1 Pierre 2,5)

Après son refus, Dieu va faire une promesse à David. Il s’agit même d’un serment (cf. Ps 88). Que lui dit-il ? « C’est moi qui te bâtirai une maison ». Il promet à David, à travers sa descendance, une royauté éternelle. Les chrétiens comprendront que cette belle promesse s’est réalisée en Jésus. Pour l’évangéliste Luc, l’ange Gabriel annonce à Marie un enfant dont il dit ceci : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin ». Pour saint Jean, le Christ atteste qu’il est lui-même le Temple voulu par Dieu : « Détruisez ce Temple, et en trois jours, je le rebâtirai » (Jean 2,19). En Jésus, c’est Dieu qui se rend présent au cœur de l’humanité tout entière : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,13).

Il y a une chose à souligner : la promesse faite à David se réalise grâce à la foi et à l’accueil de Marie, dans la simplicité, la disponibilité et l’humilité. Devant Dieu, cette jeune femme a des dispositions bien différentes par rapport à David. Le grand roi prenait les choses en main ; c’est lui qui commandait, organisait et programmait jusqu’à prétendre être celui qui choisit un emplacement pour Dieu. Marie, elle, est comme l’argile entre les doigts du potier, entre les mains de Dieu. Elle se laisse faire : « Que tout m’advienne selon ta volonté ». Pauvre parmi les pauvres, elle avoue ne pas savoir et elle n’hésite pas de s’interroger et d’interroger : « Comment cela va-t-il se faire ? ». Pourtant elle a une foi bien solide, reconnue même par l’ange. Avoir la foi n’épargne pas des questionnements.

C’est grâce à sa foi que Marie est choisie par Dieu. C’est cette foi qui la met en dialogue avec l’ange du Seigneur, c’est-à-dire avec Dieu lui-même. C’est dans ce dialogue, comme nous dans notre prière, qu’elle se laisse bouleverser, qu’elle laisse bousculer ses propres prévisions. Cette foi lui permettra aussi de recevoir le Saint-Esprit pour que la volonté de Dieu s’accomplisse par elle. Comblée de grâce, le Seigneur est avec elle ; elle est donc habitée par Dieu. Certes, elle ne comprend pas tout, elle est même bouleversée ; mais dans la foi, elle sait entendre de Dieu cette parole de réconfort : « Ne crains pas ». Et dans la foi, elle dit oui, afin que la volonté de Dieu soit faite par elle, et que le salut du monde vienne.

Marie, « la première en chemin », nous montre donc ce qu’est la foi, celle qui nous épanouit et celle qui collabore au projet de Dieu. La foi consiste à se laisser habiter par la grâce divine, sa parole, sa volonté, ses promesses. Elle n’est pas d’abord une somme de connaissances, mais une rencontre intime avec Dieu, un abandon de soi entre ses mains de Dieu et finalement une communion avec lui. La foi est un « oui » à Dieu, envers et contre tout, en dépit de tout ce qui pourrait nous inciter à dire « non » : une situation qui me parait bloquée, sans issue ? Un échec, une situation de solitude, un jugement que je n’accepte pas, une épreuve du deuil, de la santé, de l’âge ? Là où je ne comprends pas, là où je suis bousculé, bouleversé, là où je suis tiraillé par des soucis ou des craintes, j’ai le droit d’avouer mon étonnement, mais je suis toujours appelé à la confiance. Alors, comme Marie, dans la prière et sous l’ombre de l’Esprit Saint, je peux toujours fredonner ce beau chant : « Mon Père, mon père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira… ».

Par son oui, Marie a reçu Jésus en son sein, rendant possible le salut de toute l’humanité. Alors, je prie le Seigneur pour qu’il m’aide à dire et à vivre mon « fiat », afin que par ce oui j’accueille Jésus et je devienne, comme elle, celle ou celui qui porte Jésus au cœur et dans la vie de tous les jours, en allant rendre visite, réconforter, apporter les paroles qui apaisent, les gestes qui soulagent et l'amitié qui réconforte.

Remercions Dieu de nous avoir donné Marie comme modèle et mère. Qu’il nous donne aussi de croire comme elle, et de dire oui à la venue du Christ dans nos cœurs et dans nos vies. Avec Saint Paul, rendons gloire et louange à Dieu, pour avoir révélé son mystère d’amour au monde. Rendons gloire et louange à Dieu pour tant d’hommes, de femmes et de jeunes qui disent oui à Dieu et progressent dans la foi.

Père Sébastien

Isaïe 61,1-2a.10-11 ; Psaume : Magnificat ; 1 Thessaloniciens 5,16-24 ; Jean 1,6-8.19-28

HOMELIE

Le 3ème dimanche de l’Avent est le dimanche de la joie.  Les voix du prophète Isaïe, de la Vierge Marie et Saint de Paul se fondent en un même concert de louange à Dieu pour son œuvre prodigieuse de salut. Elles nous invitent à vivre dans la joie et à être, comme Jean Baptiste, témoin de la lumière du Christ.

L’appel est clair chez Paul : « Frères soyez toujours dans la joie ». Mais, est-il vraiment possible d’être toujours dans la joie ? Non, répondons-nous spontanément. Non, parce que les difficultés de la vie et celles du monde, et tant d’autres choses ne poussent pas à la joie. Sauf qu’une précision doit être ajoutée. Saint Paul la donnera aux Philippiens à qui il dit : « Soyez dans la joie du Seigneur » (Ph 4,4). « La joie du Seigneur » ! La joie à laquelle nous sommes appelés n’est pas un quelconque état de plaisir mondain ou de réjouissance festive, ni une absence totale de difficulté. C’est quelque chose de plus profond. En effet, on entend Isaïe dire : « Mon âme exulte en mon Dieu » ; et Marie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ». Il s’agit donc d’une sérénité intérieure, d’une joie "spirituelle". C’est une joie qui vient de la certitude fondamentale d’être sauvé, parce que je suis enfant de Dieu, je sais qu’il m’aime, qu’il me bénit et me garde. Je sais que le Christ mort et ressuscité est toujours avec moi, et que si je trébuche ou que je tombe sous les diverses croix de la vie, il me relève avec lui. C’est une certitude qui me vient de la foi, si bien que la joie du Seigneur est une joie dans l'Esprit Saint.

La prophétie d’Isaïe (1ère lecture) dont Jésus dira à la synagogue de Nazareth qu’elle s’accomplit totalement en lui (lire Luc 4,16s), donne des motifs de la joie du prophète, et du chrétien qui vit sa vocation prophétique. Le prophète tient sa joie du fait que, habité par l’Esprit du Seigneur, consacré par son onction, il a été choisi et envoyé pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir les cœur blessé, libérer les captifs, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. L’Esprit de Dieu l’engage, et par lui Dieu est à l’œuvre dans ce monde. Marie dira : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge ». C’est face à cela que le prophète exulte de joie, joie d’être choisi, envoyé pour apporter la vie.

A la suite d’Isaïe, à mon niveau de chrétien, j’ai un autre motif de joie : le fait de savoir que l’Église m’offre une foule de modèles d’hier et d’aujourd’hui : des personnes habitées par l’Esprit, consacrées par l’onction, témoins de Dieu. Parmi les pionniers, il y a Marie « la première en chemin », mais aussi Jean Baptiste dont nous parle l’évangile de ce dimanche. Et quand je contemple cette figure austère, je vois que c’est une personne qui étonne, qui suscite des interrogations. Tout le monde veut savoir qui il est. Ils savent qu’il est l’un d’eux, mais on le trouve différent, voire étrange. Nous pouvons l’être même dans nos familles. Jean Baptiste, tout le monde le trouve semblable à de grands hommes de la Bible comme Élie ou « le Prophète annoncé » ; on pense même qu’il est le Messie. D’une humilité extraordinaire, il se présente comme la voix qui prépare la venue du Messie, il leur dit clairement qu’il n’est pas le Christ. L’évangéliste dit ce qu’il est : un témoin, témoin de la lumière, un véritable rayon de soleil. Quelle belle vocation !

Pour accueillir et garder la joie du Seigneur, Paul nous dit le secret : « N’éteignez pas l’Esprit ». Et pour que cela soit possible, il nous faut, dit-il, prier sans relâche. La prière, ce cœur à cœur avec Dieu, nous met en communion avec Lui et nous comble de son Esprit-Saint. Grâce à la lumière de cet Esprit, je deviens apte à voir que, en dépit de tout, Dieu accomplit des merveilles : il donne la vie, des malades sont accompagnés et soignés, des situations difficiles trouvent solutions, des témoins de l’évangile sont là ; et même quand la mort nous éprouve, Dieu nous appelle à l’espérance de la vie éternelle. Nous avons donc raison de faire nôtre le magnificat de Marie. Je peux aussi chanter ma louange : « Je suis dans la joie, une joie immense, je suis dans l’allégresse, car mon Dieu m’a libéré ». Par cet Esprit saint, recommande Saint Paul, « discernez la valeur de toute chose ». Oui, le monde actuel me propose énormément de possibilités, de choix spirituels, moraux, d'actions, d'orientations de vie ; pour garder la joie u Seigneur, il faut choisir, trier, afin de « garder ce qui est bien et s’éloigner de toute espèce de mal ».

Accueillons donc l’Esprit-Saint en nous. Et demandons au Seigneur la grâce de vivre dans cette joie intérieure. Qu’elle nous aide, nous qui sommes souvent sévères dans le jugement des situations et des personnes, râleurs, tristes, à nous ouvrir à l’émerveillement. Que cette joie s’extériorise et soit partagée. Qu’elle nous aide à surmonter les situations difficiles. Et que, par cette joie partagée, je sois ce témoin de la Lumière du Christ, un rayon de soleil dans le milieu où je vis.

Père Sébastien

Isaïe 40,1-5.9-11 ; 1 Pierre 3,8-14 ; Marc 1,1-8

HOMELIE

Lorsqu’il est demandé au prophète Isaïe de consoler son peuple exilé à Babylone, il sait que la mission est quasi impossible; mais il connaît la parole du psalmiste qui affirme : « Le secours me vient du Seigneur qui a fait le ciel et la terre (Ps 121,2). Ainsi, la consolation que Isaïe va donner, c’est de proclamer que, malgré la durée apparemment longue à attendre, Dieu vient. Voilà la bonne nouvelle : Lui le Maître du temps et de l’espace, c’est un Dieu qui vient comme un berger ; il vient libérer, sauver, racheter. Il vient avec puissance, la puissance du pardon et de l’amour, une puissance créatrice qui vient faire toutes choses nouvelles. C’est donc un nouveau commencement qui s’annonce.

Pour l’évangéliste Marc, ce commencement qui est une bonne nouvelle arrive par Jésus le Christ, c’est-à-dire le Messie attendu. Ce n’est pas par hasard que le premier mot de l’évangile selon saint Marc est le même que le premier mot de toute la Bible : « Commencement du ciel et de la terre » d’un côté, « Commencement de la Bonne Nouvelle… », de l’autre. Marc nous suggère ainsi qu’en Jésus, Dieu inaugure un nouveau départ et lance une nouvelle création.

Mais Jean Baptiste rappelle que nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre passivement que Dieu vienne. Lui, pour sa part, il accepte d’être ce prophète annoncé par Isaïe, cette voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ». C’est au désert que tout commence parce que :

- Dans le monde de la Bible, le désert c’est le lieu du silence. Au désert, lieu du dépouillement et du manque, on peut écouter. Dieu vient parler à son peuple et il est venu lui parler « au cœur » (Osée 2,16).

- Mais le désert, « terre aride, altérée et sans eau » comme le dit le psaume 62 (v. 2), c’est aussi le symbole de l’aridité de notre cœur parfois dur, indifférent, rancunier, égoïste, triste, découragé et abattu. C’est ce cœur fermé à la grâce divine, qui fait qu’il y a aussi des déserts d’humanité où la vie de l’homme est bafouée, des déserts de solitude et des déserts d’amour, etc.

Le temps de l’Avent est celui de combler les ravins qui nous séparent de la vie, de Dieu, de l’autre ou de la communauté ; c’est aussi le temps de raser ces montages d’orgueil, de préjugés, de jugements, de prétextes qui nous empêchent de vivre la foi, l’espérance et la charité. Pour que Dieu vienne en nous, nous devons nous tourner vers lui et nous convertir. Dans la 2ème lecture, Saint Pierre nous demande de mettre la main à la pâte pour travailler à l’accomplissement de cette promesse divine concernant l’avènement d’un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. C’est pourquoi, ajoute-t-il, « en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. Le Seigneur lui-même nous donne la force de son Esprit-Saint ».

L’Évangile semble enfin nous dire que nous devons être des Jean Baptiste de notre temps, dans nos familles et nos milieux de vie, préparant le chemin du Seigneur pour qu’il vienne dans le cœur et la vie de ceux qui sont confiés : nos enfants, petits enfants, conjoints, parents, amis et proches, etc. Nous avons à suivre l’exemple de Jean-Baptiste qui, plus que par ses paroles, prêche par sa vie : son dépouillement, la sobriété de sa vie, son amour du désert dont le silence lui permet d’écouter Dieu, sa disponibilité à montrer le chemin de vie, son humilité qui fait qu’il s’efface devant Celui qu’il annonce, etc. Bref, c’est une vie qui parle et qui indique que le Baptiste est habité par Dieu.

Concluons. A nous qui sommes parfois tentés de nous arrêter et de nous décourager, ce temps de l’Avent nous offre une chance de repartir, une occasion de ranimer en nous la flamme de l’espérance. Le Seigneur vient. Il est fidèle à sa promesse inouïe de nous accorder un ciel nouveau et une terre nouvelle. Un commencement nouveau doit intervenir. Cela se prépare d’abord en nous. Cherchons à enlever de nos vies tout ce qui n’est pas de Dieu. Nous en connaissons les moyens : écouter et accueillir la lumière de la parole de Dieu, retrouver le chemin d’une prière plus fréquente et profonde, être plus inventifs dans la charité, et aimer le sacrement de réconciliation ou, au moins, savoir reconnaître devant Dieu la vérité de ce que nous sommes pour oser, en toute humilité, accueillir son pardon et nous convertir. Toujours fidèle et patient, le Seigneur nous accorde le temps nécessaire pour que nos espoirs rejoignent ses attentes.

Père Sébastien

Isaïe 63,16b-17.19b; 64,2b-7 ; Psaume 79 (80) ; 1 Corinthiens 1,3-9 ; Marc 13, 33-37

HOMELIE

Le Seigneur vient. Restez éveillés… Veillez !

Le temps de l’Avent est un temps fort de l’espérance chrétienne. En effet, le Royaume de Dieu est déjà là au milieu de nous, mais pas encore dans sa plénitude. Avec la nouvelle année liturgique qui commence, nous avons la période de l’Avent à vivre comme un temps d’attente, l’attente du Fils de Dieu qui est venu, qui vient et qui viendra. Car avec lui viennent, espérons-nous, le renouveau de nos cœurs, celui de nos communautés, et les temps nouveaux, temps de grâce et de paix.

Mais pour se mettre en attente, ne faut-il pas commencer par raviver notre désir ? Le temps de l’Avent préparant à fêter Noël, est celui du désir spirituel, le désir de faire de notre cœur la crèche où Dieu vient naître. Il nous faut donc revivre la soif et l’attente de ceux qui ont attendu le Messie. Ce peuple dont parle Isaïe dans la 1ère lecture, il est sorti de l’exil de Babylone par la main de Dieu, il a reçu grâce sur grâce, mais il se reconnaît loin du bon chemin : embourbé dans les soucis du monde et divers combats, emporté par quelques joies éphémères de ce monde, découragé par les échecs et les souffrances persistantes, ce peuple aspire très profondément à ce que le Seigneur revienne se manifester et le guérir. Isaïe nous apprend alors que Dieu ne reste pas en spectateur de sa création. Il vient à la rencontre du peuple qui espère et qui, de ce fait, retrouve la vie, puis s’abandonne à Lui en ces termes : Maintenant Seigneur, c’est toi notre Père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes. Nous sommes tous l’ouvrage de tes mains.

Nous sommes appelés au même désir de Dieu, à espérer en lui et à nous abandonner à lui dans la confiance. Si Jésus a promis d’être toujours avec nous, le défi pour nous, c’est de désirer le rencontrer, puis d’être prêts à reconnaître ses multiples venues, afin de vivre la rencontre avec lui, qui nous façonne selon son projet et qui nous sauve. Il faut donc veiller, dit-il, comme des serviteurs qui attendent le retour de leur maître sans savoir à quelle heure il arrivera.

Mais le veilleur est une lumière dans les ténèbres. Une lumière faible et fragile. C’est pourquoi le temps de l’Avent, temps de l’attente, est avant tout celui où, comme les cinq vierges sages de la parabole, je pense à remettre de l’huile dans ma veilleuse : l’huile de la prière, de l’Eucharistie, de la Parole de Dieu, de la relation amicale avec l’autre, du partage et de la charité.

Jésus va jusqu’à nous presser de nous inscrire dans la durée  parce que lattente est longue: il faut rester rester éveillé en tout temps. Cette durée, Jésus nous en donne les étapes : le soir, minuit, le chant du coq et le matin. Quatre temps qui rappellent la nuit de toute vie mais aussi les quatre étapes de la passion : le soir du dernier repas, la nuit de Gethsémani, le chant du coq de la trahison et le matin du tombeau vide. Dans les nuits difficiles de notre pèlerinage, nous avons 4 bonnes semaines où la lumière du Christ est appelée à croître en nous afin de mieux illuminer nos vies.

Et c’est hautement utile car pour veiller il faut ouvrir le bon œil et la bonne oreille. Car le Christ vient à l’improviste non seulement dans la prière et la méditation, mais aussi à travers les événements heureux ou malheureux que je vis, à travers les frères et sœurs en humanité, les parents très pris pour le bien des enfants, ces jeunes en recherche, ces personnes inquiètes pour leur boulot, ces malades et ces personnes âgées dont la solitude risque d’être aggravée par la pandémie en cours, etc. Le veilleur dans l’Écriture est tout sauf passif, il engage toute sa vie comme le Christ au service de ses frères et pour le bien commun, jusqu’à donner sa vie pour eux.

L’Avent, temps d’une attente qui n’est pas sous notre contrôle, sera aussi le temps de grandir dans la patience. La patience est souvent difficile ; c’est tout l’inverse de la logique du monde qui est « maintenant, tout de suite, ce que je veux... ». L’Avent est le temps du dépouillement, le temps je m’abandonne dans la confiance entre les mains de Dieu, comme ces contemporains d’Isaïe qui lui disent : Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes. Nous sommes tous l’ouvrage de tes mains.

La conclusion c’est de redire avec Mgr Guy de Kérimel: « Dans cette marche vers Noël, continuons à grandir dans la Foi, l’espérance et la charité ; et restons unis les uns aux autres en nous portant fraternellement dans la prière » (Communiqué épiscopal du 27 nov 2020).

Père Sébastien