par Solange SOURY-LAVERGNE
« Joie, joie, joie, pleure de joie », écrivait Blaise Pascal en 1654, au jour de sa conversion.
Aujourd’hui, 15 août 2020 c’est un grand jour de joie, il est béni quatre fois :
- Jour de joie de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie,
- Jour de joie de l’accueil par le baptême au sein de notre communauté chrétienne d’un petit enfant, Alexandre,
- Jour de joie de la cérémonie commémorative de Reconnaissance à la Vierge Marie, sur le parvis de l’église, face à la statue qui surplombe la vallée,
- Jour de joie de la bénédiction de notre icône de la Protection de la Mère de Dieu.
Tout au long de ces mois de peinture et d’écriture, mon icône, que suivant la Tradition je ne signerai pas, est devenue avec tous ceux qui m’ont aidée, conseillée, inspirée, suivie dans la lecture des petits textes, notre icône de La Protection de la Mère de Dieu. Dans quelques jours je la nourrirai avec du jaune d’œuf puis je la vernirai.
Enfin, le 15 aout, jour de la fête de l’Assomption de Marie, qui est appelée Dormition dans la Tradition Orientale, elle sera bénie. Elle commencera alors d’accompagner toute notre paroisse, placée ainsi sous le voile de la protection de Marie, pour une longue vie d’accueil et de prières.
Depuis quelques jours je pense avoir terminé la peinture de notre icône, mais est-elle vraiment terminée ? Le regard de Marie n’est-il pas trop sombre ? Y a-t-il assez de blanc ? Le voile n’est-il pas trop transparent ? Dois-je rajouter un élément de décor ? Ai-je négligé un lieu de prière particulièrement important pour certains paroissiens ?
Je sollicite les impressions et les conseils de mes amis. Chacun exprime avec tact son ressenti et suivant son tempérament opte pour la sobriété ou pour plus d’exubérance. Certains intrigués me posent des questions :
- Pourquoi as-tu choisi des bâtiments qui ne sont pas les églises de nos relais ?
- Comment as-tu sélectionné les plantes représentées ?
- Pourquoi ce texte ?
Bon, pour le choix du texte j’en ai déjà longuement parlé mais pour les plantes et les bâtiments je vous dois quelques explications.
J’ai attendu que tout ce qui est important soit en place pour m’occuper des plantes qui ont plutôt un rôle de décoration. Dans la Tradition celles-ci laissent place à beaucoup d’imagination et sont inspirées du texte biblique, mais j’ai opté pour une représentation locale.
Ainsi, j’ai voulu que soit peint un cèdre pour rappeler les magnifiques spécimens qui poussent sur notre paroisse, un noyer pour faire un clin d’œil aux noix de Grenoble, de la vigne si présente autrefois sur la paroisse et même le poirier qui trône sur la place du Sappey.
Quant aux bâtiments, pour lesquels j’ai pris quelques libertés, j’ai peint nos clochers mais aussi quelques lieux qui me sont chers comme le petit oratoire du chemin Saint Bruno, le château de Bouquéron que je croise chaque fois que je descends dans la vallée, la chapelle Sainte-Épine du Rondeau que beaucoup de nos enfants connaissent bien, le Centre Théologique de Meylan, un espace dédié à l’enseignement chrétien, au dialogue et au débat, et aussi la Tour des Chiens qui n’a rien de chrétien et qui suivant la légende abritait des bandits. C’est ma façon de demander à Marie d’étendre son voile protecteur sur tous, sans exception.
Me voici plongée dans un problème de logistique comme on dit maintenant pour paraître savant et qui plus simplement s’appelle transport de l’icône. Elle n’est pas trop lourde mais avec son presque « un mètre de hauteur » bien difficile à porter solennellement jusqu’à l’autel, puis jusqu’au pied de la statue de la Vierge et c’est un domaine où je n’y connais rien.
Heureusement Jean-Baptiste, notre curé, « le pro. » de la question sort son téléphone et me fait défiler les nombreuses photos de processions orthodoxes avec la multitude de possibilités de transport utilisant tous les moyens du bord, du beau brancard richement fleuri aux supports pittoresques et bringuebalants en passant par le cheval ou la bicyclette.
Alain échafaude des plans, dessine des croquis, fouille sa réserve de planches puis masqué, brave le coronavirus dans les magasins de bricolage à la recherche de la vis adéquate ou du crochet idoine. J’émets quelques réserves sur la hauteur des pieds, la stabilité de l’ensemble… alors Alain reprend crayon et carnet et le voici découpant et vissant pour construire le brancard qui aura l’honneur de transporter notre icône lors de sa bénédiction le 15 aout prochain.
Bon, voici un problème résolu, mais aussitôt en voilà un nouveau qui se profile : l’icône est fragile et la manutention sans grandes précautions risque d’avoir des conséquences fâcheuses…
Je vous pose une devinette : Qu’est-ce qu’il y a de commun entre un disque 78 tours d’avant le disque vinyle, un dentier d’autrefois, un violon, des pommes : Vous donnez votre langue au chat ?
C’est la gomme-laque que je vais utiliser comme vernis pour protéger le bord de l’icône.
À vous maintenant de me poser la question : qu’est-ce que la gomme-laque ? Il a longtemps que notre atelier l’emploie pour vernir le cadre des icônes mais je viens tout juste de m’y intéresser. C’est le résultat de la transformation de la sève d’arbres par une cochenille. On l’a utilisée pour fabriquer des disques, des dentiers, des vernis en lutherie et même pour donner du brillant sur nos pommes !
Et hop, un p’tit coup de blanc… Ne vous inquiétez pas, je ne me suis pas mise à boire en cachette… J’ai tout simplement pris mon pinceau de poils de martre le plus fin et avec du blanc de titane j’ai repris le filet tout autour du cadre de l’icône, une infime séparation entre la sphère terrestre et la sphère céleste, puis j’ai rajouté quelques éclats de lumière sur le visage et les mains de Marie avant de m’occuper des plis de sa robe.
Maintenant je plonge dans l’Isère pour accompagner les reflets de l’eau puis je grimpe sur les montagnes afin de les coiffer d’un peu de clarté mais je retourne avec délice, en cette période caniculaire, sur l’écume des vagues avant de repartir dans la fraicheur de la Chartreuse.
Je reprends mon ouvrage, patiemment et à plusieurs reprises, car le blanc de titane s’enfonce dans les couches de pigments précédentes. Au passage je donne un petit coup de lumière supplémentaire aux églises Saint Ferjus, puis Saint-Michel et pendant que je suis là-haut je fais un petit tour du coté de Saint-Barthélemy.
Sous le Saint-Eynard il ne faut pas oublier de rajeunir Saint-Victor et Saint-Pierre- Saint-Paul avant d’aller voir comment se comportent nos trois jeunesses de la vallée : Notre-Dame-de-Plaine-Fleurie, Sainte-Thérèse et Notre-Dame-du-Rosaire. Même nos témoins du passé, le cèdre et le cep de vigne terminés hier, ont droit à quelques légers traits de pinceau.
Je sais que dans quelques jours je reprendrai cette étape à chaque endroit qui aura perdu son éclat. Quand s’arrêter ? C’est une question que je me suis souvent posée. Il faut y aller tout doucement, touche après touche. Mais il faut à coup sûr s’arrêter juste avant la couche de trop qui donnerait un drôle d’aspect de masque sur le visage de Marie.
C’est une phase qui m’angoisse un peu et me fait perdre la sérénité nécessaire à la peinture d’icône.
Peut-être qu’avec les années et plus d’expérience trouverai-je un peu de sagesse ?
Tout autour de l’icône, afin de réveiller les couleurs je trace un liseré rouge puis, à l’intérieur, un autre blanc pour donner un peu plus de lumière, terminant ainsi le cadre qui entoure symboliquement le monde terrestre, notre humanité.
Il reste à écrire maintenant le nom de la Vierge ainsi qu’un texte que j’ai bien du mal à choisir. Pour nommer Marie pas de problème, c’est « La Mère de Dieu », selon la tradition byzantine, écrit en en grec ΜΡ ΘΥ avec au-dessus un petit trait sinueux pour nous indiquer que les mots sont abrégés, mais pour le choix du texte j’ai plus de difficultés car il doit être court et bien en relation avec l’icône qu’il illustre. J’aurais bien aimé mettre une strophe comme celle du Psaume 90(91) :
Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur: «Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr!»
ou bien un extrait de la prière que nous disons le 15 aout devant la statue de la Vierge de Corenc :
Vierge immaculée, Mère de Dieu et notre Mère,
Aujourd’hui, nous vous demandons humblement, continuez de veiller sur vos enfants
mais sur l’icône, selon la tradition, on écrit une parole du personnage représenté ou bien une prière de la liturgie orthodoxe de la fête du sujet de l’icône, ici La Protection de la Mère de Dieu de Pokrov qui a lieu le 1er octobre. C’est du tropaire de la fête que j’ai extrait:
En ce jour nous célébrons ta lumineuse fête, ô Mère de Dieu.
Couvre nous de ta sainte protection.
Par contre j’ai une certaine liberté dans le choix de l’écriture, du style, de la disposition, de la couleur.
Il arrive que l’iconographe n’ait plus beaucoup de place alors il enlace les lettres ou déplace les mots ce qui demande parfois un effort pour déchiffrer le texte mais l’équilibre de l’ensemble doit rester beau pour nous aider à entrer dans la prière.
Il faut représenter maintenant le voile protecteur de la Vierge. Je suis aidée dans mes recherches par plusieurs enfants qui se plongent dans mes livres de reproduction d’icônes pendant que les plus grands pianotent sur l’ordinateur.
Je vous ai déjà plusieurs fois parlé de la vision de Saint André et de son disciple Épiphane qui est à l’origine des icônes de la Protection de la Mère de Dieu et dont je m’inspire pour peindre la nôtre. Les deux voyants racontent qu’ils virent la Vierge déployer son voile étincelant pour l’étendre sur la foule et la protéger.
Cette vision est à l’origine de la fête que les Orthodoxes célèbrent le 1er octobre, la fête du Pokrov, ce qui veut dire voile et reprend l’idée de protection, de l’abri, de « Cether » du Premier Testament, le voile en hébreux.Relisez le Psaume 91 :
Celui qui demeure sous l'abri du Très Haut
Repose à l'ombre du Puissant.
Nos recherches nous font découvrir entre autres une icône qui fait l’unanimité. Marie enveloppe sous son grand manteau de nombreux personnages réunis, hommes et femmes, vieillards et enfants, pauvres et riches, hommes d’église et mécréants, malades et bien-portants. Inconsciemment mes jeunes chercheurs se sentent-ils comme dans les bras de leur maman ?
Une petite voix dit : « C’est comme en classe verte, au poulailler, la poule qui couve ses poussins en écartant tout grand ses ailes ». Dans sa spontanéité la petite voix parle comme le Psaume 91 :
Il te couvrira de ses plumes
Et tu trouveras un refuge sous ses ailes
Nous continuons de feuilleter et découvrons que le plus souvent le voile est tenu par Marie ou par deux anges.
Une autre petite voix : « Elle tient un torchon de cuisine comme celui de ma mamie » C’est vrai que le voile est décoré de belles rayures !
« Là c’est une soucoupe volante », « une corde à sauter »…
Les enfants sont sans pitié mais leurs réflexions orientent mon choix pour un voile léger, tenu par la Vierge, largement étendu au dessus de sa tête et enveloppant toute notre paroisse de sa protection.
J’écoute attentivement Hélène, mon coach, m’expliquer la bonne méthode de la pose de l’or sur les icônes. Je retiens qu’il faut pour cette opération à haut risque, d’abord se lever tôt afin d’être « à la fraiche » en cette période de grosses chaleurs où la météo annonce 34° pour Grenoble, ensuite s’armer de patience, d’une loupe et d’un bon minuteur !
En premier lieu Hélène, tel Sherlock Holmes avec sa loupe (mais sans la pipe), observe attentivement la place de l’auréole pour traquer la moindre petite irrégularité de la surface du levkas qui doit devenir lisse comme du marbre. Je l’ai heureusement déjà longuement poncée, ça je sais faire, je suis même allée jusqu’à la lustrer en la massant avec un mouchoir en papier. L’inspecteur donne le feu vert pour la pose du bol d’Arménie, un composé rouge, un peu mystérieux, à base d’argile, de sanguine, d’huile… Puis attendre, puis re-masser, puis re-attendre, puis… Je vous épargne quelques étapes pour arriver au moment crucial où, tenue délicatement entre deux doigts, une fine feuille d’or reposant sur un papier de soie est appliquée à l’auréole. Il faut maintenant tapoter sur le papier avant de l’enlever doucement.
Oh surprise, l’or est collé et il ne reste plus qu’armé de l’appuyeux, oui, un pinceau au nom bizarre que vous pouvez voir sur la photo, à tapoter délicatement pour dégager Marie des petits copeaux d’or en excès.
Et miracle, voilà notre Vierge, tout auréolée !
Depuis que j’ai commencé les esquisses de l’icône, les uns et les autres me font des remarques, souvent éclairées. J’aime bien cette réflexion collective qui me donne des idées lorsque je suis perplexe, m’accompagne dans ma prière de l’icône et évite que je fasse trop de bêtises !
À plusieurs, on s’est demandé comment représenter sur la planche les paroissiens, mais aussi plus largement tous les habitants de notre paroisse. J’ai, comme chaque fois, fait un retour aux sources en consultant mes amis iconographes chevronnés, mes nombreux livres, sans oublier internet. Sur de nombreuses icônes de la Vierge d’intercession on voit toute une kyrielle de saints, d’apôtres, d’anges, d’évêques… Sur l’icône de la Vierge de Miséricorde, une icône très proche de la nôtre, que je trouve particulièrement touchante, on voit Marie Protectrice qui enveloppe dans son grand manteau de nombreux et humbles personnages, femmes, enfants et même un bourreau ! C’est ainsi que nous avons opté pour la représentation de nos églises et de quelques lieux remarquables de notre paroisse pour nous intégrer symboliquement dans l’icône.
C’est donc avec énormément de plaisir qu’en ce moment je peins chacun de nos clochers et je suis sûre que comme moi certain d’entre vous auront envie d’aller voir de plus près pour découvrir la chapelle du Churut dans le Parc Naturel Régional de Chartreuse. Comme notre statue de la Vierge de Corenc, cette jolie chapelle tout en bois est un témoignage de reconnaissance des habitants du Sappey pour la protection du village pendant la dernière guerre.
Je vous invite à enfiler vos chaussures de randonnée pour mettre vos pas dans ceux de Saint Bruno et de ses six compagnons qui, sous la conduite de Saint Hugues évêque de Grenoble, ont suivit des sentiers de notre paroisse pour rejoindre en 1084 leur futur ermitage et à faire un détour pour découvrir, enfoncée dans la pente, la chapelle de la Vierge-Noire
Les plus anciens d’entre nous se souviennent, peut-être, qu’avant le concile Vatican II, le prologue de l’Évangile de St Jean était lu à la fin de chaque messe. Enfant il me fascinait déjà.
1 1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. 2 Il était au commencement auprès de Dieu. 3Tout a été fait par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. 4 En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes, 5 et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue.
C’est ainsi qu’il y a quelques années peindre La Création s’est imposé à moi, et c’est grâce à un petit miracle, alors que je ne trouvais pas de modèle pour représenter le Premier Jour de la Création, que j’ai découvert dans une revue scientifique une image de la lumière émise par l’univers après le Big-Bang. Le commentaire dit : On « voit » les empreintes laissées par la matière noire et les neutrinos primordiaux. Le Créateur a sans doute voulu faire un clin d’oeil à la scientifique que je suis !
Ne soyez pas admiratifs, je ne parle pas hébreux… Je fais confiance à André Wénin dans son livre « D’Adam à Abraham , » pour la traduction de la Génèse !
Quelle est cette lumière? Le soleil ne sera créé qu’au 4ème jour bien après les plantes, de quoi bien faire rire les scientifiques.
Il ne faut surtout pas oublier que si la science permet de mieux comprendre le monde, la Bible nous dit ce que Dieu veut pour nous. Ce sont des domaines bien différents et complémentaires.
La parole, la vie, la lumière... entrent en résonnance avec la Création mais aussi avec notre icône de la Mère de Dieu dont les ténèbres peu à peu ont été pénétrées et que maintenant la lumière a envahie
Je vous ai déjà confié combien je suis mal à l’aise avec la pose de l’or. Il faut que je vous raconte combien mes débuts d’apprentissages furent « rock’n roll » lors d’un stage d’enluminures, à Saint Hugues de Biviers.
Ah, ce stage comme je l'attendais ! J'avais téléphoné au moins 2 ou 3 fois pour être sûre que j’étais bien inscrite...
La découverte commence par une belle démonstration de notre professeur : avec un pinceau il se gratte élégamment le crâne pour le charger d'électricité statique (là c'est mon côté scientifique qui ressort) afin attraper délicatement une fine et légère feuille d’or, puis toujours armé dudit pinceau dans une main, une grosse paille dans l’autre, il souffle pour envoyer un peu de vapeur d’eau à l’emplacement prévu et prestement applique la feuille d'or juste au bon endroit.
J’ai l'impression d'un tour de prestidigitation, mais quand le prestidigitateur nous dit avec son bel accent du sud : « Eh bien, à vous maintenant», il y a un vent de panique dans le groupe. Heureusement les plus hardis s'y mettent, et les autres, dont je fais partie, se lancent pour ne pas paraître plus bêtes que les copains.
Je ne répèterais pas les expressions spontanées (...) qui nous échappent lorsque la feuille d'or prend des fantaisies et décide de se coller partout mais sûrement pas là où nous avons l'intention de la poser. Certains sont un peu découragés, mais à force de patience tout le monde y arrive et ne regrette pas cette magnifique expérience. Heureusement les planches d’icônes sont rigides, contrairement aux peaux utilisées en enluminure, aussi peut-on plus facilement utiliser d’autres techniques plus sûres, bien qu’il nous arrive parfois aussi quelques aventures.
Pour notre icône, les petits détails, comme la ceinture, les manchettes, les décorations, les étoiles sont faites avec l’or à la coquille, une préparation d’or dans la gomme arabique qu’on passe tout simplement au pinceau.
Avez-vous remarqué que le fond de l’icône est en ocre jaune très léger et que l’auréole est encore sans pigment ? Les puristes vont me blâmer, ils vont me dire avec raison que déjà avant le premier jour de la création la lumière divine, la lumière incréée, est déjà présente… Il faut donc la représenter sur l’icône avant tout le reste.
La lumière incréée du fond et de l’auréole est représentée par l’or ou plus modestement l’ocre jaune. Elle est aussi présente dans le proplasme qui est préparé à base l’ocre jaune et passé au tout début de la peinture de l’icône, afin de marquer la présence divine dans tout ce qui a été créé.
Bon, pour le fond, pas de problème, j’ai bien respecté les règles, mais pour l’auréole… J’aurais dû prendre mon courage à deux mains dès le début et me lancer dans la pose de l’or … Mais c’est une opération pleine d’aléas qui m’angoisse, alors j’ai reculé la confrontation avec la difficulté et je me suis dit que j’allais demander du secours à un ami iconographe pour être auprès de moi pendant cette délicate opération. À deux on se sent plus solide. . . Et puis il y a eu le confinement ! Bonne ou mauvaise excuse?…
Je ne résiste pas à vous partager un souvenir de lumière incréée :
C’était il y a quelques années, Ève, ma petite fille de cinq ans désirait peindre une icône. J’ai hésité mais devant sa détermination, nous nous y sommes mises, pour peindre à quatre mains, une petite partie d’icône : le chien qui apporte du pain à Saint Roch.
Quelle expérience : l’ocre jaune du fond déborde largement, la lumière est pleine de fantaisie, mais n'est-ce pas normal que la Lumière Divine déborde et envahisse tout? Je canalise, répare…
Ma petite Ève s'applique et, même si elle ne comprend pas tout, dit en trempant son pinceau dans l’ocre jaune: « Il en faut beaucoup, c'est la Lumière de Dieu. »
Casque vissé sur les oreilles, (et oui, comme mes petits-enfants !) j’écoute les informations sur RCF tout en faisant, comme presque tous les matins, le tour du jardin. C’est un moment privilégié ce retour à la terre d’une fille de paysans.
Je coupe la salade du repas, grappille quelques fraises des bois, en profite pour enlever les herbes qui ne sont pas invitées dans le coin du basilic ou du persil. Au passage, je vérifie que les feuilles de rosiers ne cachent pas une colonie de pucerons gloutons et indésirables, arrose un jeune plant assoiffé, coupe les fleurs fanées et me réjouis d’observer quelques pousses nouvelles qui sont l’espoir de futures floraisons.
Ce matin les journalistes parlent de deux évènements, qui touchent mon respect et mon amour de la nature et qui, par un heureux hasard, se rejoignent : l’un d’origine laïque, la Convention citoyenne pour le climat dont les 150 participants viennent de remettre leurs propositions, et l’autre religieux, un document pour appliquer l’encyclique Laudato si’, à l’occasion du cinquième anniversaire de sa publication, dans lequel notre pape François dit:
« J’invite toutes les personnes de bonne volonté à y adhérer, à prendre soin de notre maison commune et de nos frères et sœurs les plus fragiles »
De retour sur notre icône, je regarde maintenant d’une façon différente toute cette création que j’essaie de représenter, l’eau de l’Isère que je voudrais plus pure, les montagnes que je souhaiterais plus respectées, les prairies plus naturelles, les arbres mieux protégés.
Comment vais-je transposer sur la planche tout ce que je ressens ?
Enfin, un petit jus.
Vous m’imaginez déjà, grâce au déconfinement, me précipiter à la terrasse d’un bistro afin de déguster un bon café comme beaucoup en rêvent depuis plusieurs mois. Mais non, mon petit jus est d’un tout autre ordre, je vous raconte tout :
Depuis plusieurs semaines je suis dans la phase longue et un peu répétitive de la montée en lumière de notre icône : une couche puis attendre que ça sèche, puis une autre couche et re-sèchage, et ainsi de suite. Quel plaisir de voir se modeler la robe de Marie, s’accentuer les plis de son grand manteau, d’extraire de leur gangue montagnes, rivière et prairies, de participer à leur naissance.
Mais, chaque fois que je passais devant l’icône qui d’ailleurs trône, faute de place, au milieu du salon, j’avais aussi une petite impression d’insatisfaction, tout me paraissait trop violent, les couleurs semblaient m’agresser, m’envahir, me poursuivre.
Était-ce moi qui, trop influencée par le confinement impos commençais à broyer du noir ? Il fallait absolument que je trouve une solution, alors j’ai fait l’inspection de ma collection de pigments et je suis tombée sur le Caput Mortuum que j’avais un peu oublié.
Ce « Caput Mortuum » ou « tête morte » porte un nom peu propice pour me remonter le moral, mais sa couleur brun- rouge violacée semblait bien se marier avec le manteau rouge et la robe bleue de la Vierge. Alors j’ai préparé un « petit jus » en diluant le pigment avec beaucoup d’eau et un peu de liant au jaune d’œuf et je l’ai passé sur tous les vêtements de la Vierge pour chercher à unifier.
Maintenant l’ensemble est plus doux, plus harmonieux alors je peux me remettre au travail un peu apaisée.
Un beau matin, le massif de Belledonne me fait signe, avec ses arêtes abruptes encore saupoudrées de la neige tombée cette nuit, ses crêtes qui se découpent sombres et mystérieuses sur le ciel rougeoyant et moutonneux, pour que je me retourne afin de contempler le Saint Eynard qui s’illumine dans la lumière du soleil naissant. Alors je pense aux montagnes de l’icône.
La première fois que j’ai vu des montagnes sur une icône, j’ai trouvé ça plutôt laid, je me suis demandé ce que pouvaient représenter ces sommets tordus couronnés de tuiles, toutes ces dents et ces replats qui ressemblaient à un escalier géant, ces grottes pénétrant dans les entrailles de la terre. Les moines qui autrefois peignaient les icônes n’avaient-ils jamais vu de montagne ?
Peu à peu j’ai été apprivoisée en particulier grâce au beau livre d’Hélène Bléré, Lumière Joyeuse, où on peut lire :
« Les montagnes ne sont pas traitées à la manière d’un décor imaginé par le peintre, ni comme la reproduction fidèle d’un paysage naturel, si beau soit-il. Sur le plan symbolique et spirituel, la montagne est un lieu à part, c’est le lieu de rencontre de la terre et du ciel, là où l’homme s’élève au-dessus de sa condition terrestre et où Dieu descend de Sa demeure céleste. »
Alors, comment représenter notre Chartreuse?
Vous me connaissez, il n’est pas question que je peigne quelque chose que je n’aime pas, mais il n’est pas question non plus que je m’éloigne trop de la Tradition.
Alors, je regarde la falaise du Saint Eynard qui semble nous appeler vers le ciel, je tends mes mains intérieures vers le Seigneur » comme nous le recommande Elisabeth lorsqu’on est en panne, je pense à Saint Bruno et Saint Hugues qui, en fondant le monastère de la Grande Chartreuse, ont fait se rencontrer le ciel et la terre et je commence à peindre en priant avec le Psaume 120 :
« J’ai levé les yeux vers les montagnes : d’où me viendra le secours ?
Mon secours vient du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. »
Je passe calmement, lentement, de légères couches de pigments, des ocres rouges puis des ocres jaunes de plus en plus clairs. Ces couches se superposent s’entremêlent se pénètrent, parfois semblent résister à la lumière naissante, se repoussent pour enfin accepter de se fondre. Alors, le visage et les mains de Marie sont peu à peu révélés par ces surfaces de plus en plus lumineuses. La lumière vient de l’intérieur comme l’écrit Paul Evdokimov : « L’apparition d’une figure suit une progression qui reproduit la croissance en l’homme de la lumière »..
Pendant cette montée en lumière je me revois petite fille. Pelotonnée sous le gros édredon de plume, je lutte contre le sommeil en ce froid soir de décembre, je ne lâche pas des yeux la fenêtre où de petits lumignons à la lumière vacillante projettent sur les murs de la chambre une lumière tremblotante. C’est le 8 décembre et comme depuis 1852 toute la région lyonnaise rend hommage à la Vierge avec ces petites bougies cannelées placées dans des verres colorés sur le bord des fenêtres.
Les origines de cette vénération remontent au Vœu des Échevins qui pendant la peste de 1643 promirent de rendre hommage à la Vierge tous les ans si l’épidémie s’arrêtait. Comme ils furent exaucés, depuis cette date, chaque année, une procession gravit les pentes de Fourvière depuis la cathédrale Saint Jean.
Puis en 1852 une statue de Notre Dame est installée à Fourvière et inaugurée avec lumignons et feux d’artifice le 8 décembre. Aujourd’hui encore, bien que devenue touristique et commerciale, la fête des lumières rappelle à tous, croyants et incroyants, la protection de la Mère de Dieu.
Avec Saint François je chante " Merci Frère Soleil".
Chaque matin tu m'offres, depuis la fenêtre de ma chambre, le plus beau des spectacles. Chaque jour c'est différent, chaque fois c'est une surprise.
Soleil, ce matin tu as pris ton temps pour te préparer à notre rendez-vous, tu as commencé par te faire une beauté en te baignant longuement dans le sombre et mystérieux massif de Belledonne.
Je ne te voyais pas encore, mais j'observais déjà quelques rayons qui s'immisçaient entre les sommets et faisaient rougeoyer les nuages et agacer les traînées d'avions qui se sont mises à flamboyer. Puis tu as posé délicatement une collerette de dentelle sur le pourtour des montagnes encore enneigées, avant enfin, tout doucement, de te lever.
La vallée était encore endormie dans la pénombre, alors lentement, paisiblement tes rayons les plus hardis ont touché le haut des immeubles meylanais, glissant en caressant les façades comme une main amoureuse.
Plus tu t'élevais, plus tes rayons plongeaient dans la vallée. Ta lumière courait chassant l'obscurité jusqu'à m'éblouir.
De mon observatoire je ne savais plus si c'était toi qui montait vers moi ou si c'était moi qui tombais sur toi.
Aujourd’hui, j’ai un autre rendez-vous lumineux, je commence la montée en lumière de la Vierge. Je sais, comme avec le soleil, que je dois être patiente, mais je sais aussi la joie qui m’attend.
C’est aussi comme pour un enfantement, neuf mois d’obscurité, d’attente, de questions, de doutes, d’inquiétude puis l’éblouissement de la naissance. Je me projette déjà, à l’avance, dans ce moment de bonheur.
Vous comprenez pourquoi je suis tiraillée entre l’envie d’aller vite et la sagesse qui me conseille de prendre le temps de chaque étape, pour ne pas risquer un enfant prématuré !
Au pied de la Chartreuse, bordant notre paroisse, la rivière Isère nous arrive encore empreinte des neiges éternelles de son glacier savoyard matriciel, tout près de l’Italie. Elle coule à nos pieds et semble assagie avant de rejoindre l’impétueux fleuve Rhône puis les douceurs de la Méditerranée.
Tout en dessinant, depuis ma terrasse je plonge mon regard au loin pour la voir pénétrer dans notre agglomération grenobloise, semblant contourner parcs, jardins et immeubles. Elle scintille au milieu de la large vallée du Grésivaudan, véritable lien entre des pays, des régions, des villes, des quartiers et des habitants bien différents, aussi je tiens beaucoup à sa présence sur notre icône.
Comment évoquer, sur l’icône, son coté mystérieux des origines glacières puis le torrent capricieux avant le calme de la fin de son voyage ?
Alors je me replonge dans mes livres pour m’imprégner des modèles de mer déchainée, de tempête apaisée, de pêche miraculeuse, Jonas recraché par la baleine, Jésus marchant sur les eaux ou baptisé par Jean dans le Jourdain, sans oublier les icônes de la Création.
Guidée par tous ces maitres, moi, petite iconographe, je vais essayer d’évoquer sur la planche la rivière lorsqu’elle est calme grâce au dessin d’une ondulation régulière mais ne pas oublier les origines impétueuses représentées par quelques vagues indisciplinées.
Il faudra aussi choisir la couleur. Vous avez surement vu comme moi combien l’Isère peut prendre des couleurs différentes en fonction de la fonte des neiges, ou des terres arrachées et charriées lors d’orages. Au moment des crues, l’Isère a la couleur du proplasme, ce mélange glaiseux qu’on pose lors des premières couches de peinture.
Sur l’icône, comme après la boue de la crue de la rivière, nous irons vers la lumière avec des bleus outremer, turquoise, ou lavande
Certains lieux un peu magiques me font rêver. Fille de paysan, attachée à la terre, j’aime la prendre à pleines mains, la triturer, la caresser. Je jardine sans gant pour mieux être à son contact, en prise directe et je dépéris vite dans la ville bétonnée.
L’avez-vous entendue craquer sous vos pieds le long du sentier de randonnée ? Avez-vous été tout imprégné de son odeur forte auprès un orage ? Avez-vous été, comme moi, envoutée en découvrant les paysages aux multiples couleurs : les noirs miroitants des lauzes sur la route du col du Lautaret, les blancs des falaises crayeuses, les ocres rouges qui se transmutent en ocres dorés de l’Estérel ?
Certains rapportent des photos de leurs voyages, et bien moi j’ai gratté le sol pour rapporter de petits sacs de sables multicolores du désert de Libye, des pigments de la Vallée de la Mort, des terres colorées du Cambodge, d’Afrique du Sud, de Chine… J’ai même appris à les broyer en poudre très fine que je peux utiliser pour peindre. Mais pour notre icône de la Vierge, rassurez-vous, ce ne sont pas ceux-là que j’utilise car je n’ai pas assez confiance dans la finesse de ma production !
Vous avez peut-être remarqué le manteau sombre de Marie ? Il est pourpre comme le manteau impérial du monde antique, symbole de la royauté et du Temple, la demeure de Dieu.
Dans l’antiquité, le précieux colorant pourpre était extrait avec difficulté, lors d’un processus compliqué, d’un coquillage, le murex, alors que je n’ai eu que l’embarra du choix parmi mes petits pots de pigments aux noms qui font rêver, Turquoise, Azurite, Corail, Nacre, Topaze, Améthyste, Émeraude, Saphir, Jade pour trouver le bleu et le rouge que j’ai mélangés afin de symboliser l’humanité de notre sœur la Vierge Marie dans sa destinée divine.
Je vous imagine regardant ce visage de la Vierge et je parie que vous vous faites du souci pour l’icône. Vous pensez : « C’est bien trop sombre et laid, elle a tout raté. »
Lorsque j’ai peint ma première icône, une Sainte Face, j’ai, comme vous aujourd’hui, j'ai été très décontenancée par ce visage sombre d’autant plus que j’avais, dans un esprit de « bien faire » additionné généreusement de noir le mélange de pigments et de jaune d’œuf et scrupuleusement exécuté les neuf couches réglementaires de proplasme.
- Stop ! Tu vas trop vite, explique-nous ce qu’est le proplasme.
- C’est un mélange d’ocre jaune, de noir de vigne et de terre verte que je pose tout au début de l’icône sur tout ce qui a été créé, tout ce qui n’est pas fabriqué : les visages, les mains, les pieds, les animaux, les arbres, l’eau, les montagnes.
Avec le proplasme, nous signifions que nous sommes liés à la nature, que nous faisons parti de la nature. Dans l’Encyclique Laudato Si’, le Pape François nous rappelle :
Aucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres.
Encore toute imprégnée des icônes des Sept Jours de La Création que j’ai terminées depuis peu, je me mets à penser à ces fonds sombres qui me rappellent la glaise du début de la Genèse à laquelle Dieu va apporter son souffle, sa lumière divine.
Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. (Gn 2-7)
Peindre une icône serait-ce se couler dans le modèle des sept jours de la création, une longue période sombre, glaiseuse qui peu à peu reçoit le souffle de son Créateur, sa lumière.
Avec cette étape, notre icône a un aspect qui est un peu déroutant, informe, sombre, terreux. Elle aspire à une naissance lumineuse, aussi ai-je peu à peu appris à aimer ce moment où tout est devenir et espoir.
Sur le câble électrique juste en face de la maison, de petits écureuils bruns jouent aux funambules. Comme ils sont drôles défiant les lois de la pesanteur, courant à toute vitesse puis s’arrêtant brutalement pour regarder à droite et à gauche. Ont-ils entendu un bruit suspect, ou cabotinent-ils comme tout artiste en mal d’applaudissements ?
Alors je me sens mal à l’aise d’avoir entre le pouce et l’index mon « petit gris », un pinceau fabriqué à partir de poils de fourrure de l’écureuil « petit gris ». Et là, je vois les végans me faire les gros yeux.
En recherchant sur Internet j’apprends que les pantoufles « de verre » de Cendrillon sont en fait confectionnées avec la fourrure « de vair », l’autre nom de cet écureuil qui vit en Russie et au Canada et dont la fourrure sert aussi à fabriquer mes pinceaux.
Ouf. Mes petits acrobates corençais ne risquent pas de finir en pinceaux ou en fourrure.
Je reprends mon petit gris et passe avec lenteur et calme de fines couches de pigment qui se superposent et s’intensifient peu à peu, laissant apparaître de grandes masses de couleurs sombres.
J’aime ce moment où l’icône n’est que devenir, espérance de beauté, qui ne demande pas beaucoup de réflexion. Ce n’est pas difficile, il suffit de ne pas dépasser les contours tracés, de simplement s’appliquer comme le petit enfant qui colorie son dessin.
Le geste un peu mécanique du pinceau qui travaille au rythme de la respiration libère l’esprit, le corps se détend, le cerveau s’apaise. Je peux prier ou plus simplement me dépouiller, faire le vide pour tendre vers plus de sérénité.
Mes amis orthodoxes prient avec la prière du cœur, une prière simple, courte et répétitive qui évite ainsi la distraction :
« Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. »
On peut prier, penser à ceux qu’on aime, à ceux qui recevrons cette icône, mais on peut aussi vider son esprit, oublier le temps, et se laisser envahir, s’ouvrir, je n’ose dire s’ouvrir à Dieu ?
Eglantine au téléphone : « Maman, en cherchant du tissu dans ma réserve pour confectionner des masques, je viens de retrouver un vieux drap brodé par Grand-Mamie. » Ce drap me replonge plus de cinquante ans en arrière lorsque maman brodait mon trousseau comme c’était encore l’usage à l’époque. Maintenant ces draps usagés sont les bienvenus en ces temps de covid 19 pour la fabrication de nombreux masques distribués généreusement par Eglantine.
Ils sont aussi bien utiles pour mes icônes.
Vous pensez tout de suite qu’on peut par exemple en faire des chiffons pour nettoyer pinceaux et palettes après leur utilisation, ou bien protéger la planche d’icône de la poussière et même la peinture fraîchement posée… des mouches ! Et oui, j’ai un témoin du crime, une amie iconographe nous raconte :
« Un jour j’ai vu une mouche se poser sur le pigment que je venais de poser sur l’icône. Bien campée sur ses pattes écartées, elle s’est mise à pomper la peinture encore fraiche. C’était une mouche un peu maniaque ou fin gourmet, qui a consciencieusement sélectionné certains pigments et dédaigné les autres. »
J’utilise autrement les vieux draps lors de la préparation des planches d’icône : en vieillissant, le bois, même bien sec, ne reste pas inerte mais travaille. Sur les planches de petites fentes apparaîtraient qui feraient craqueler la peinture qui, elle, est inerte. Alors on interpose entre le bois et la peinture un tissu usé (un vieux drap fait très bien l’affaire ) collé avec de la colle de peau de lapin. C’est le marouflage, une technique très ancienne utilisée déjà par les Égyptiens.
S’il reste un peu du drap d’Églantine lorsqu’on n’aura plus besoin de fabriquer des masques, je l’utiliserai pour le marouflage de mes icônes.
« Sous ta protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu »
C’est le début de la prière à la Vierge que, dans la tempête de la pandémie, François, notre Pape, nous a écrite pour ce mois de Marie.
Notre icône paroissiale n’est-elle pas compétemment en osmose avec cette belle prière ?
Alors en ce mois de mai, je commence l’écriture, comme le disent les puristes, de l’icône, et d’un trait d’ocre rouge de mon pinceau de poils de martre, je dessine la Vierge qui apparaît comme émergeant de l’univers immaculé de la planche.
Certains d’entre vous, qui comme moi habitaient la campagne avant Vatican II, se souviennent peut-être des reposoirs fleuris, des processions en chantant des hymnes à la Vierge et des bénédictions de croix le long des chemins et aux carrefours, à l’occasion de la fête des Rogations. Comme c’était en mai, en pleine période de floraison des roses, les petites filles, dont je faisais partie, jetaient des pétales de roses tout le long de la procession.
Cette fête des Rogations a été introduite en Dauphiné par l’Évêque de Vienne, Saint Mamert, en 474 après un prodige rapporté par Saint Avit :
« À cette époque les Viennois étaient épouvantés par des loups qui erraient dans la ville et ils avaient même subi un tremblement de terre. Lorsque le palais royal pris feu pendant la veillée pascale, ils furent saisis de terreur et abandonnèrent l’église craignant que l’incendie ne détruise la ville. Saint Mamert prostré devant l’autel, supplia la miséricorde de Dieu en pleurant un fleuve de larmes qui éteignit l’incendie. Il instituât alors des cérémonies pour immuniser la campagne contre les puissances infernales et les sujets d’épouvante se dissipèrent. »
Cette histoire me fait penser au miracle de Saint André à Constantinople, miracle qui a inspiré de nombreuses icônes de « La Protection de la Mère de Dieu » et que je vous ai déjà raconté.
À Corenc, nous continuons de fêter les Rogations, en confectionnant de petites croix fleuries qui sont bénies après la messe en même temps que les récoltes et les habitants.
La tradition veut que ces petites croix soient taillées et assemblées sans clou. Elles sont ensuite plantées dans nos jardins.
Pendant ce mois de Marie, ma prière sera la peinture de la Vierge.
En m’inspirant des modèles je commence le dessin.
Elisabeth Lamour écrit à ce sujet sur son blog (iconeslamour)
Une visite de mon atelier :
« Le fait de s’appuyer sur un modèle est une des caractéristiques de la peinture de l’icône. C’est comme si nous entrions dans une grande chaîne humaine de beauté, de création, de couleur et d’énergie. C’est comme si nous nous transmettions non seulement nos modèles et toute leur signification symbolique et spirituelle, mais y déposions aussi nos joies et nos peines, nos doutes, nos prières, nos pensées, la couleur de l’instant. »
Peu à peu le dessin se construit. Chaque partie doit trouver harmonieusement sa taille et sa place tout en respectant la tradition de l’icône ce qui parfois est difficile.
Voici une première esquisse de mon projet. J’avais dessiné au-dessus de la Vierge le Mont Saint Eynard, qui domine notre paroisse et qui lui a même donné une partie de son nom. L’ensemble présentait un bel équilibre mais Alain m’a fait remarquer que la Vierge n’était pas assez mise en évidence, qu’elle ne devait pas être comme englobée dans le paysage mais au contraire le dominer, être au-dessus.
En effet, sur une icône, la taille et la place de chaque personnage, de chaque chose dépendent plus de leur importance symbolique ou spirituelle que de leur aspect physique.
Et puis j’ai découvert Marie-Noëlle Garrigou (Atelier de mosaïque et d'icône de la Protection de la Mère de Dieu - Mosaïciel), qui travaille depuis plus d'un an sur un grand projet très proche de celui-ci, dessine la Mère de Dieu dominant encore plus le Vercors, les pieds posés sur le sommet de la montagne. (Regardez l’esquisse de Marie-Noëlle en cours : La Mère de Dieu, debout sur le Vercors).
Alors j’ai repris mon travail et abaissé le dessin des premiers contreforts de la Chartreuse afin qu’ils soient plus discrets et que Notre Dame, au centre, domine, majestueuse, les mains levées et tendues, les paumes ouvertes vers l'extérieur, geste traditionnel de prière de l’Orante, pour protéger les habitants représentés par les différents clochers de la paroisse Saint Matthieu du Saint Eynard.
En redescendant vers la ville, combien de promeneurs sont venus se rafraichir dans son bassin, certains allant jusqu’à plonger leurs pieds meurtris par une longue randonnée ?
L’eau de la fontaine coule généreusement du massif de la Chartreuse accueillant aussi bien le chien qui la lape goulument, le cycliste faisant une halte après avoir grimpé le raide chemin Charles Pajon, le troupeau de vaches qui, il n’y a pas encore très longtemps venait s’y désaltérer avant de regagner la ferme voisine ou les Frères Capucins qui habitaient la grande maison sur laquelle est scellé son goulot.
Autrefois, les habitants du petit hameau y venaient chercher l’eau pour la cuisine, la toilette, la lessive et, pendant les vendanges de ce coteau bien ensoleillé et couvert de vignes, cet abreuvoir servait au lavage des cuves et tonneaux. Mais moi j’utilise son eau descendue de la montagne pour préparer le levkas, l’enduit crayeux de mon icône.
Vous vous demandez pourquoi aller chercher cette eau jusqu’au bout du chemin de Malanot alors que celle de la maison est si douce ? Est-ce par fantaisie ? Par superstition ? Par dévotion ? Serait-ce pour avoir une excuse afin de faire une petite promenade en ces temps de confinement ?
Non, rien de tout ça. Il arrivait qu’en utilisant l’eau de la maison pour préparer mon levkas, de petites bulles s’amusaient à éclater en surface ou, bien pire, ce joyeux pétillement attendait parfois perfidement la peinture de la cinquième couche de la tunique de Saint Pierre ou des ailes de l’ange Gabriel pour provoquer lézardes, cratères et décollements. Vous pouvez imaginer ma déconvenue.
Heureusement, mon côté scientifique m’a alors conseillé de renoncer à l’eau douce mais acide du robinet et d’essayer celle de la Fontaine de Bouqueron.
Eh bien, son eau, née dans les calcaires de la Chartreuse, est une bénédiction pour mes icônes.
Parallèlement aux recherches de modèles je continue de préparer ma grande planche.
Ce travail qui demande réflexion, patience, minutie, adresse, parfois force, me relie à tous ces travailleurs manuels, qui sont souvent mal considérés. Alors j’imagine Jésus, enfant, observant Joseph au travail, lui apportant un marteau, tenant la règle ou balayant les copaux puis plus tard, adulte prenant lui-même la scie ou assemblant les charpentes.
On se représente très bien Jésus parlant, enseignant, mais on oublie que son métier a été pendant trente ans celui de charpentier. Jésus était un travailleur manuel.
J’ai beaucoup aimé voir Alain, mon intellectuel de mari, tracer, scier, ajuster la planche. C’est sa façon à lui de participer à cette œuvre collective.
C’est maintenant à mon tour de travailler de mes mains en passant les nombreuses couches de levkas au pinceau puis à la spatule de carrossier, en ponçant longuement la planche jusqu’à ce qu’elle soit lisse comme du marbre. Pendant ce travail, je pense à mon tonton Charlot, menuisier, et aux mains noires de graisse de mon père mécanicien.
Petite iconographe un peu perdue je ne sais plus à quel Saint me vouer comme le disait maman lorsque j’étais petite. Il y a tant de modèles d’icônes pour des demandes d’intercession, de protection à chaque instant de la vie, particulièrement avant de partir en voyage, pendant les guerres, les invasions, les famines, les épidémies qui chaque fois sont l’occasion de peindre des icônes. Alors, dois-je peindre une Vierge d’intercession ou bien une Mère de Dieu protectrice ? Y a-t-il une différence en iconographie ?
Heureusement, quelques âmes bienveillantes et éclairées me surveillent et me conseillent. Alors pour y voir un peu plus clair, je me plonge dans l’histoire de notre procession corençaise du 15 août.
Bernadette me raconte :
« L’origine remonte à la fin de la guerre en 1944. À cette époque des jeunes de la région et en particulier de notre paroisse faisaient de la résistance et s’étaient engagés dans le Maquis du Vercors. Les villageois avaient peur de représailles aussi les paroissiens avec le Père Dumas, leur curé, demandèrent-ils à la Vierge d’intercéder auprès de son fils pour protéger le village et firent le vœu d’ériger une statue de la Vierge au pied de laquelle ils iraient prier chaque 15 août s’ils étaient épargnés. » Le village fut protégé et comme le Père Dumas n’aimait pas que les choses traînent, très vite les habitants ont honoré leur promesse. »
Bernadette se souvient que la statue est restée 10 ans à l’intérieur contre la chaire, sur le mur de droite de la nef, car juste après la guerre les habitants avaient bien peu de moyens financiers.
En 1957, à l’occasion de travaux dans le presbytère lors de l’arrivée du Père Arnaud, le nouveau curé, elle fut déplacée à l’extérieur, et inaugurée par l’évêque, Monseigneur Fougerat.
Depuis, après la messe de l’Assomption, on processionne en chantant jusqu’au pied de la statue toute blanche qui se trouve maintenant, bien en vue, à côté de l’église St Pierre St Paul. De là, elle protège non seulement Corenc, mais la Chartreuse qui est juste au dessus et toute la vallée qui se trouve à ses pieds.
Ne seriez-vous pas d’accord avec moi pour dire que notre Vierge est à la fois une Vierge d’intercession et aussi une Vierge protectrice ?
Depuis plusieurs mois le projet de cette icône de la Vierge protectrice est très présent, comme si je lui avais fait un petit nid dans un coin de ma tête. Je suis étonnée du nombre important de représentations que je trouve dans les livres, sur internet et surtout dans les lieux de prière, mais c’est peut-être parce qu’avant je n’y faisais pas attention ?
Ma première rencontre (j’allais dire « en chair et en os ! »), c’est à Minsk en novembre dernier que je l’ai faite au monastère Sainte Elisabeth qui abrite plusieurs ateliers de peinture et de restauration. Là, baignée dans la spiritualité des nombreuses et très jeunes religieuses, j’ai découvert une Mère de Dieu qui protège le monastère, la ville et la Biélorussie.
Pour ma deuxième rencontre je n’ai pas dû aller très loin puisque c’est à Grenoble qu’elle a eu lieu. Je pense que, comme moi vous ne connaissez pas la petite église de la Résurrection qui se cache derrière l’Estacade, aussi je vais vous raconter ma découverte :
- Tout d’abord, il vous faut un bon trousseau de clés pour ouvrir les accès mystérieux du couloir et de l’escalier sombre, tournicotant et plongeant. Où vais-je me retrouver ? Dans une ancienne soute à charbon ou dans l’antre de quelques démons ? Nouveau tour de clé et la porte s’ouvre sur un minuscule jardin.
- Après l’enfer serait-ce le paradis ? Pas encore, mais je m’accroche à la lumière juste avant que ne s’ouvre l’ultime porte d’une toute minuscule église orthodoxe. J’hésite, je n’ose pas entrer, ne suis-je pas, comme Alice au pays des merveilles, trop grande pour pouvoir pénétrer dans ce tout petit cocon lumineux et pourtant je suis attirée par la sérénité et la beauté de ce lieu de prière. Je regarde les fresques à moins que ce ne soit les fresques qui me regardent et m’appellent, elles m’entourent, me bercent, me parlent. Eh bien c’est là que je me suis retrouvée nez à nez avec une Vierge protectrice peut être apportée de Russie dans les bagages d’un réfugié fuyant la révolution en 1920 à moins qu’elle n’ait été offerte par des migrants ouvriers des usines d’Ugine.
Regardez combien ces deux modèles sont différents, l’un complexe avec de nombreux personnages, riche en couleurs éclatantes sur un fond d’or, l’autre humble sans or, seulement quelques couleurs un peu ternes et un seul personnage, la Vierge.
De quel côté penchera mon cœur ?
Solange Soury-Lavergne
Peindre une grande icône pose des problèmes techniques dès le début du travail, et ceci bien avant de poser la première goutte de pigment.
Le premier problème à résoudre, c’est le choix de la planche. Traditionnellement on utilise des planches de peuplier, de tilleul ou de saule qu’on va creuser, poncer, mais pour une grande icône il faudrait un tronc très gros. J’ai calculé, (rappelez-vous ce que vous avez appris à l’école : D = π x R) que pour mon icône il faudrait trouver un arbre de près de quatre mètres de circonférence ! Je pourrais, à défaut de gros arbre, assembler plusieurs planches comme on le faisait autrefois, mais j’en suis incapable alors je vais suivre les conseils de Jacques Bihin et utiliser deux planches de médium et des tasseaux.
Je vous ai déjà écrit dans le journal de l’icône de mariage combien je me sentais en communion avec la nature et avec ceux qui ont permis, par leur travail, que je puisse peindre mon icône, particulièrement au forestier qui s’est occupé de l’arbre qui deviendra ma planche, au bûcheron, au transporteur qui amena la grume, au scieur de long qui débita le tronc et à bien d’autres que inconnus.
Et bien aujourd’hui, avec cette icône, ma reconnaissance et mes prières iront aux ouvriers qui ont préparé mes planches, aux chercheurs, aux ingénieurs qui ont mis au point et organisé le travail mais aussi au vendeur de Castorama qui m’a conseillée. C’est un autre monde que celui de la forêt, c’est l’usine, l’industrie, le commerce, plus éloigné de la nature mais qui est aussi, j’en suis sure, dans le cœur du Christ.
Alain s’est mis au travail et voilà le résultat, une belle planche prête à recevoir son enduit, un mélange de colle et de craie, le levka.
Solange Soury-Lavergne
En ces temps difficiles, je travaille sur une icône de la Vierge Protectrice.
Ce n’est pas pour nous protéger contre ce nouveau virus, bien que Marie puisse, en ces temps troublés, donner un petit coup de pouce pour encourager tous ceux qui sont dans l’angoisse.
C’est à l’automne dernier, on ne parlait pas encore de covid, que notre paroisse m’a demandé d’étudier ce projet de grande icône pour accompagner notre procession traditionnelle du 15 août. J’ai tout d’abord été surprise de cette demande mais il faut l’avouer un peu flattée qu’on me pense capable de mener à bien une telle entreprise. Et sur le coup j’ai pratiquement accepté.
Rentrée à la maison le doute m’a envahie, serais-je capable de me lancer pour la première fois dans une icône de près d’un mètre de hauteur ? Heureusement Elisabeth, notre professeur de l’atelier, m’a encouragée dans ce projet se disant prête à m’apporter son aide.
Alors allons y...
J’ai, comme chaque fois, commencé par chercher des documents traitant ce sujet et c’est ainsi que j’ai découvert une fête de l’église orthodoxe, d’origine russe, qui commémore une apparition de la Mère de Dieu à Constantinople, au Xème siècle, alors que l’empire byzantin était menacé.
Je vous raconte :
L’office de nuit s’achevait lorsque Saint André, un Fol-en-Christ, leva les yeux et vit la Vierge environnée par un grand cortège de saints, qui, s’avançant vers l’autel, déploya le voile étincelant qui couvrait sa tête et le maintint étendu de ses mains pour en couvrir tout le peuple.
Saint André doutant de la réalité de sa vision demanda à son disciple Épiphane :
- Vois-tu notre Reine qui prie pour le monde entier ?
- Oui, Père, je la vois.
Se sentant protégé, tout le monde repris alors espoir et peu de temps après cette apparition les ennemis furent chassés.
De nombreuses icônes représentent cette vision, il va me falloir choisir dans mes livres et interpréter par la prière le message que la paroisse désire faire passer grâce à mon icône.
Solange Soury-Lavergne
Icône de Novgorod que j’ai pu admirer à la Galerie Trétiakov à Moscou.
Le 15 août 1944, le père Aimé Dumas, curé de Corenc depuis 1927, et quelques paroissiens promettent à la Vierge Marie d’ériger une statue et de perpétuer un pèlerinage annuel si elle protégeait leur village jusqu'à la fin de la guerre, comme elle l'avait fait jusqu'à ce jour.
A cette époque, l'armée ennemie avait déjà ravagé plusieurs villages voisins du Vercors, et une rencontre entre les maquis proches de Chartreuse et les Allemands était à craindre...
… Corenc a été épargné, et le 15 août 1945 avait lieu l’inauguration de la statue et le premier pèlerinage. En juillet 1957 elle fut installée sur la place de l’église.
Depuis 1945,Corenc n'a pas failli à sa promesse. Le père Dumas avait donné une ferveur particulière à ce pèlerinage : procession à travers le village, saynètes religieuses, prédicateur de renom, services de cars pour le transport des pèlerins venus nombreux des villages voisins et de Grenoble.…
Actuellement et depuis plusieurs années la messe du 15 août revêt une importance toute particulière et se termine avec une cérémonie de Reconnaissance, sur le parvis de l’église, face à la Vierge qui surplombe la vallée.
Prière
Vierge immaculée,
Mère de Dieu et notre Mère,
Aujourd’hui, nous vous demandons humblement,
continuez de veiller sur vos enfants,
sur les malades, sur tous ceux qui ne savent plus prier et sur le travail de tous.
Aidez-nous à résister aux tentations quotidiennes.
Apprenez-nous à chercher Jésus
avec la même ardeur que Vous,
à le découvrir dans la joie, comme dans la peine.
Aidez-nous à le trouver dans la prière,
le silence, dans le chant d’un oiseau,
les rencontres de la vie…..
Secourez tous ceux qui vivent la misère,
la famine, la guerre, la persécution
et actuellement la migration.
Vous qui avez dit à Cana :
« Faites tout ce qu’il vous dira »
Donnez-nous assez de courage pour répondre
généreusement à l’amour de votre Fils
et qu’avec Vous, un jour,
nous puissions le louer éternellement.
Amen